Pas de vacances pour les avocats de Qualcomm

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Els Bellens

Ces derniers temps, Qualcomm défraye véritablement la chronique. Plongée dans toute une série de procès anti-trust et d’autres affaires encore, l’entreprise voit ses revenus se réduire comme peau de chagrin.

Qualcomm est le producteur des puces Snapdragon notamment, qui équipent quasiment chaque smartphone haut de gamme. La firme engrange aussi pas mal d’argent avec ses brevets, acquis souvent sur des technologies que l’on retrouve dans ces mêmes smartphones. Mais la manière dont elle commercialise la combinaison de ces deux éléments aux fabricants de smartphones, enfreindrait toutes sortes de règles antitrust, à en juger par les procès dont elle fait l’objet.

Ce combat de longue haleine commence à présent aussi à impacter les revenus de l’entreprise. Cette semaine Qualcomm a ainsi annoncé ses résultats du troisième trimestre. Ceux-ci révèlent un recul de quelque 40 pour cent par rapport à la même période de l’année dernière. Ses revenus nets sont passés d’1,44 milliard à 866 millions de dollars.

Qualcomm face à Apple, clap sixième!

La cause en est en grande partie une lutte incessante opposant Qualcomm et Apple à propos du modèle commercial utilisé par le fondeur de puces. A dire vrai, c’est devenu une véritable saga! Selon Apple, Qualcomm exige trop d’argent pour ses brevets. Elle nouerait des accords liant l’exploitation de quelques brevets à l’utilisation exclusive de ses puces, ce qui constitue une concurrence déloyale. Des régulateurs en Corée du Sud, aux Etats-Unis et en Europe ont entre-temps déjà commencé à examiner de près ces pratiques.

Apple n’est du reste pas la seule à protester. Précédemment déjà, Qualcomm avait dû verser 814,9 millions de dollars à Blackberry, parce que cette dernière aurait payé trop pour des brevets ces dernières années. Le jugement rendu dans cette affaire semble à présent avoir toute grande ouvert la porte des récriminations. C’est ainsi qu’en janvier, Apple accusa Qualcomm de pratiques similaires et réclama un milliard de dollars de réduction. Apple invita ensuite ses fabricants, dont la firme taïwanaise Foxconn par exemple, à ne plus payer de licences à Qualcomm et ce, jusqu’à ce que toute cette affaire soit tirée au clair.

En réaction, Qualcomm intenta en mai un procès à ces fabricants. “Il est manifeste qu’Apple est à l’origine des prises de position et des actions juridiques de ces fabricants”, déclare le président de Qualcomm, Derek Aberle, à ce propos. Quatre de ces fabricants taïwanais ont entre-temps intenté un procès antitrust à l’encontre du fondeur de puces aux Etats-Unis. “Qualcomm a indiqué publiquement que ce procès intenté contre nos clients est destiné à léser Apple et à sanctionner nos clients de collaborer avec Apple”, prétend Theodore J. Boutrous, l’avocat des quatre entreprises.

Tout récemment, Qualcomm a encore accusé Apple d’enfreindre des brevets. Elle exige donc aux Etats-Unis, mais aussi en Allemagne que la vente des iPhone soit interrompue. Le CEO de Qualcomm, Steve Mollenkopf, espère par ailleurs un arrangement à l’amiable, ce qui permettrait de mettre fin d’un seul coup à une douzaine de procès en cours.

Entre-temps en Europe…

Ces problèmes s’ajoutent aux enquêtes précédemment annoncées de la part des régulateurs antitrust. C’est ainsi que Qualcomm risque à Bruxelles de se voir infliger une astreinte journalière de 580.000 euros, parce qu’elle ne fournit pas aux autorités antitrust de l’UE les informations qu’elles demandent. La Commission européenne examine si Qualcomm a utilisé des méthodes anticoncurrentielles dans la rivalité qui l’oppose à l’auteur britannique du logiciel téléphonique Icera. Qualcomm refuse de fournir les documents demandés, parce que la collecte de ces informations exigerait de faire appel à cinquante collaborateurs et seize conseillers, ce qui lui coûterait trois millions d’euros.

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