TSMC demande à des firmes technologiques américaines de gérer conjointement les usines d’Intel 

© Intel Corporation
Pieterjan Van Leemputten

Le fondeur de puces taïwanais TSMC étudie la possibilité de conclure une coentreprise avec Nvidia, Broadcom, AMD et éventuellement Qualcomm pour gérer les usines de puces d’Intel. Un plan inédit que celui-là, qui suscite de nombreuses objections dans la pratique. 

Selon des sources de l’agence Reuters, TSMC aurait proposé aux firmes susmentionnées de créer une coentreprise en vue de manager les Intel foundries (les usines où sont fabriquées les puces). TSMC ne détiendrait pas plus de 50 pour cent des actions de cette collaboration.

Qu’un rival d’Intel, conjointement avec d’autres concurrents de cette même entreprise, envisage cette idée, a de quoi étonner, mais il y a un contexte. Récemment, l’administration Trump aurait fait pression sur TSMC pour qu’elle soutienne Intel avec ses usines de puces. Intel est en effet confrontée à des problèmes depuis un certain temps déjà et a licencié son CEO l’an dernier, comme cela a été assez souvent le cas ces dernières années. 

La relève assurée par un concurrent  

Les discussions n’en sont encore à leurs débuts. L’agence Reuters souligne qu’il n’y a toujours aucune clarté sur ce à quoi ressemblerait une telle collaboration dans la pratique, ni sur son éventuelle mise en œuvre. Mais le fait est étonnant dans la mesure où Intel et TSMC sont des concurrents. 

Pendant de nombreuses années, Intel a fabriqué des puces qu’elle commercialisait également elle-même. De son côté, TSMC est le principal fondeur de puces au monde, mais produit principalement des concepts pour d’autres acteurs. Nvidia, entre autres, y a fait fabriquer ses GPU et ses puces d’IA, mais le rival d’Intel, AMD, est également client de TSMC depuis des années déjà. 

Sous la direction de son ex-CEO Pat Gelsinger, Intel a eu l’idée de produire également des puces pour d’autres sous l’appellation Intel Foundry Services. Cela a nécessité une transformation majeure de son modèle économique et des investissements supplémentaires dans ses usines. Mais ce n’est pas encore un grand succès. En plus d’autres difficultés, cela a conduit Intel à perdre la moitié de sa valeur boursière l’année dernière et à enregistrer sa première perte nette depuis 1986, à 18,8 milliards de dollars

Cela provoque une certaine panique chez Intel, qui est toujours l’une des entreprises technologiques américaines les plus importantes et qui est connue depuis des années comme un modèle d’innovation. Cela aurait incité l’administration Trump à vouloir désormais demander l’aide de TSMC pour gérer correctement les usines d’Intel. Ce projet serait antérieur à celui de TSMC d’investir cent milliards de dollars aux Etats-Unis, en y implantant cinq de usines de puces. 

Complexe et coûteux 

Mais Reuters révèle aussi qu’une telle structure, par laquelle un concurrent et ses partenaires géreraient ou dirigeraient la production d’Intel, est loin d’être évidente. Certains membres du conseil d’administration d’Intel y seraient certes favorables, tandis que d’autres y seraient opposés. Dans le même temps, Trump ne veut pas qu’Intel, ou des parties de celle-ci, tombent entre des mains étrangères. Revendre simplement Foundry Services à TSMC ne semble donc pas être une option. 

Mais les méthodes de travail des deux firmes ne sont pas identiques. Des sources de Reuters avertissent que les deux entreprises ont recours à des processus et à des outils différents pour fabriquer les puces. Même les produits chimiques utilisés sont différents. Cela signifie que l’entrée de TSMC dans la gestion de la production des puces chez Intel serait dans tous les cas une opération coûteuse et complexe. 

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