Pourquoi des femmes organisent-elles de nouveau un Young Potential Boostcamp?

She Goes ICT 2022. © Leyla Hesna
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Kristel Demotte (ICT Woman of the Year 2022), Ingrid Gonnissen (ICT Woman of the Year 2018), Bélise Songa (Young ICT Lady of the Year 2022) et Marijke Schroos (Microsoft) organisent conjointement la quatrième édition du Young Potential Boostcamp.

C’est en 2018 qu’Ingrid Gonnissen – à l’époque désignée ICT Woman of the Year par Data News – lança un projet ouvert aux young potentials, à savoir des jeunes femmes souhaitant s’imposer dans le monde ICT. Après cette première édition réussie, Julie Scherpenseel (Young ICT Lady of the Year 2020) prit le relais et lança une deuxième édition. Rima Farhat (ICT Woman of the Year 2021) et Dorien Van Steenberge (deux fois nominée au titre de Young ICT Lady of the Year) d’Accenture, ainsi que Jelle Jacquet (Deputy Chief People Officer chez Orange) ont l’année dernière aussi mis en oeuvre une troisième édition. Et voici que cette année est prévue une quatrième édition du Young Potential Boostcamp, de nouveau à l’initiative des lauréates de She Goes ICT.

Programme de mentoring gratuit

Le Young Potential Boostcamp est un programme de mentoring gratuit conçu pour venir en aide sur base de conseils aux jeunes femmes talentueuses qui ambitionnent de faire carrière dans le secteur technologique. Des professionnelles expérimentées (‘mentors’) accompagnent les young potentials (‘mentees’) personnellement, afin de donner un boost à leur carrière. Cette année, le Young Potential Boostcamp sera supporté par Cegeka (Kristel Demotte, ICT Woman of the Year), Colruyt (Bélise Songa, Young ICT Lady of the Year) et Microsoft (Marijke Schroos, Senior Director Public Sector). Ingrid Gonnissen (ICT Woman of the Year 2018 et à l’initiative du programme) se chargera cette fois encore de la coordination.

Ingrid Gonnissen, Kristel Demotte, Marijke Schroos et Bélise Songa.
Ingrid Gonnissen, Kristel Demotte, Marijke Schroos et Bélise Songa.© DN

Pourquoi est-ce encore nécessaire?

‘Pour moi, l’innovation, c’est la combinaison de diverses idées et des contributions de plusieurs esprits. Diversité, égalité et équité constituent à mes yeux la ‘sainte trinité’. Et c’est précisément ce que j’ai connu dans les précédents Boostcamps. Durant nos éditions passées, nous avons observé un très haut degré de diversité de souches et d’origines. Contrairement à d’autres initiatives, il s’agit également d’un programme entièrement gratuit, ce qui permet à tout le monde d’y accéder’, affirme Ingrid Gonnissen comme pour souligner sa motivation.

Pour Gonnissen, c’est aussi une manière de continuer de plancher sur un sain équilibre des genres dans l’ICT, mais aussi une arme proverbialement supplémentaire dans la guerre pour le talent. ‘Sur les plus de 16.000 postes vacants dans l’ICT, nous pouvons à coup en pourvoir une partie en attirant davantage de femmes. Parmi l’ensemble des professionnels IT, il n’y a à présent encore et toujours que 17 pour cent de femmes. Je suis convaincue que nous devons continuer d’oeuvrer dans trois domaines: école, lieu de travail et leadership. Appliquer une politique ferme dans les entreprises sur le plan de la diversité et de l’inclusion peut générer un revirement. Les boostcamps internes ou externes comme le nôtre peuvent certainement y contribuer’, prétend Gonnissen.

Coup de pouce

Pour Cegeka, le Young Potential Boostcamp est complémentaire à son projet ‘CEO of Your Own Career’. ‘Il s’agit aussi d’un programme combinant mentors et collaborateurs RH en vue de donner un coup de pouce supplémentaire dans la bonne direction. Cela correspond tout à fait à ce que nous voulons réaliser avec le Young Potential Boostcamp’, explique Kristel Demotte. ‘Ce que je veux à coup sûr apporter aux mentees? L’optimisme! Là où il y a de la volonté, il y a une voie! Si mon père ne m’avait pas donné un coup de pouce à l’époque, je ne serais pas là où je suis maintenant. J’espère que via ce projet, je pourrai à mon tour donner le coup de pouce nécessaire’, ajoute encore Demotte.

Citons encore rapidement quelques chiffres

  • Quelque 25% de tous les nouveaux diplômés en orientations technologiques sont des femmes, et le taux d’échec est de 37%.
  • Le pourcentage de femmes occupant des fonctions techniques sur le lieu de travail a reculé de 35% en 1984 à 32% en 2021.
  • 40,9% des chercheurs dans l’UE sont des femmes. En Belgique, on en est à 44,8 %.
  • 17,2% de l’ensemble des professionnels IT en Belgique sont des femmes.
  • 77% des Chief People Officers dans les entreprises ICT pensent que leur poste de travail rend les femmes plus fortes et qu’elles appliquent une politique ferme en matière d’inclusion. Mais seulement 54% des femmes sont d’accord avec ce constat.
  • 37% des femmes travaillant dans le monde ICT optent en fin de compte pour un autre secteur. Nombre d’entre elles le font même avant d’avoir atteint l’âge de 35 ans.

Sources: Eurostat, Microsoft, Deloitte, Accenture

Aider à ouvrir des portes

Le programme Young ICT Lady of the Year 2022 soutiendra lui aussi le projet, mais pas comme mentor. ‘J’adhère complètement à la philosophie du projet, et j’ai moi-même pu observer combien un programme de mentoring peut être utile. J’ai toujours été aidée par des gens qui m’ont ouvert des portes. A plus long terme, je veux certainement faire pareil en tant que mentor, mais pour cette édition, je me tiendrai surtout en arrière-plan’, explique Bélise Songa.

‘J’espère avant tout que nous pourrons réunir de très nombreuses jeunes femmes de diverses origines, même d’en dehors du secteur ICT. Des jeunes femmes qui veulent sortir de ce qu’elles ont déjà vécu et de leurs études. Des jeunes femmes qui se sentent peut-être bien dans leur job actuel, mais qui veulent faire le pas vers l’ICT et y tenter leur chance. Des jeunes femmes un peu curieuses en quelque sorte’, déclare Songa en riant. ‘Un peu comme moi: Je n’ai pas fait non plus d’études en informatique‘, précise-t-elle. ‘Finalement, il est question de réunir différentes jeunes femmes de différentes origines, afin de partager leurs expériences avec celles provenant d’autres horizons. Si on y parvient, ce sera un événement en tout point réussi’, selon Songa.

Bélise Songa (Young ICT Lady of the Year 2022) et Kristel Demotte (ICT Woman of the Year 2022)
Bélise Songa (Young ICT Lady of the Year 2022) et Kristel Demotte (ICT Woman of the Year 2022)© Leyla Hesna

Comment faire face à une agression (verbale)?

Conjointement avec Ingrid Gonnissen et les autres femmes, Bélise Songa a préparé la mise en oeuvre et le thème de l’événement. ‘Learn to be resilient and bounce back’, sera le sujet de cette édition. Avec au programme notamment la psychologue en sport de haut niveau Ellen Schouppe qui, lors de l’événement She Goes ICT, réalisa également une présentation très remarquée et mettra en place un atelier sur la façon de réagir face à une agression verbale. Une incitation à parler en public et même une initiation à l’autodéfense seront aussi au programme. ‘C’est très bien que l’agression verbale soit également à l’agenda’, ajoute Kristel Demotte. ‘Sans vouloir faire de procès d’intention, le fait est que beaucoup de femmes ont tendance à méditer nettement plus sur certaines choses que les hommes. Et cela se remarque aussi dans les réunions ou les débats. Il arrive souvent que les femmes prennent ultérieurement conscience qu’elles n’ont pas eu suffisamment voix au chapitre ou qu’elles auraient mieux fait de donner une autre réponse à une question posée lors d’une réunion. Les hommes parviennent souvent à s’exprimer plus durement, alors que les femmes n’ont pas toujours la réplique rapide. Je suis curieuse de voir les effets de cet atelier sur la façon de réagir au mieux à ce genre de situation’, déclare Demotte.

Les mentors auront eux-mêmes aussi un boost

Ainsi, le Young Potential Boostcamp sera non seulement utile et intéressant pour les mentees, mais aussi pour les mentors. ‘C’est absolument vrai. Pour un mentor, je trouve qu’il est à coup sûr aussi intéressant d’entendre ce qui motive les jeunes. Moi-même, j’avais une toute autre attitude il y a dix ans par exemple. En fait, nous ne pouvons qu’apprendre les unes des autres’, précise Demotte.

Marijke Schroos (Microsoft) est l’un des mentors depuis la toute première édition: ‘Je me souviens encore parfaitement de ma première mentee, une radiologue. Nos entretiens furent si enrichissants et ce, dans les deux sens. Elle voulait savoir ce que la technologie pouvait lui apporter à elle et à sa carrière. J’y ai appris comment elle avait mené sa vie durant sa jeunesse et comment elle envisageait la technologie à l’époque’, explique Marijke Schroos.

‘Dans le passé, j’ai moi-même toujours pu compter sur beaucoup de soutien. Je souhaite à présent faire de même pour d’autres. Grâce au Young Potential Boostcamp donc, mais j’aime aussi servir de mentor chez ADM et suis impliquée chez Inspiring Fifty. Je le fais chaque fois avec grand plaisir, mais aussi avec un intérêt évident. J’en tire de la satisfaction, mais j’estime en outre très enrichissant de connaître à chaque fois la vision qu’a quelqu’un d’autre sur la technologie et sur la façon de s’y prendre.’

‘Nous observons une très grand impact sur les mentees, sur les mentors et sur les entreprises qui apportent leur contribution au boostcamp. Cela donne littéralement un surplus d’énergie, de connaissance et un nouveau focus sur la diversité et l’inclusion dans toutes les entreprises présentes. Quelque 75% des mentors se représentent année après année, parce qu’elles en apprennent tellement’, conclut Ingrid Gonnissen.

Voulez-vous être des nôtres? Il n’est pas encore trop tard pour s’inscrire!

Le Young Potential Boostcamp s’étale sur quatre mois. Toutes les participantes sélectionnées – au maximum 50 – seront invitées au coup d’envoi chez Microsoft le 13 octobre. Les mentees se verront attribuer un mentor. Durant les quatre mois, des ‘journées d’inspiration’ seront au programme, durant lesquelles les jeunes femmes auront l’opportunité de faire plus ample connaissance avec l’entreprise ou l’organisation de leur mentor. Quatre rencontres avec le mentor sont planifiées soit virtuellement, soit en tête-à-tête. Un événement final est aussi prévu le 7 février. ‘Pour le mentor, tout cela ne prend assurément pas trop de son temps, mais pour le mentee, cela fait une grande différence’, insiste Ingrid Gonnissen.

Les mentors intéressés peuvent encore s’inscrire jusqu’au 15 août. Quant aux mentees, elles disposent d’un délai plus long – jusqu’au 15 septembre -, en sachant que le nombre de places est limité.

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