Microsoft Azure en proie à des problèmes de capacité
Microsoft manque de capacité dans son infrastructure de cloud. Une demande importante, couplée à des soucis de sous-traitance mettent en péril le développement et la flexibilité d’Azure.
De grands fournisseurs de stockage dans le cloud, appelés “hyperscalers”, attirent depuis des années les entreprises dans leurs data centers, en leur promettant une capacité illimitée. Ces entreprises peuvent rapidement se mettre au travail et demander une plus grande capacité de stockage si besoin. Une offre que Microsoft, le principal fournisseur de cloud public selon IDC, a aujourd’hui du mal à égaler.
Ces derniers jours, plusieurs blogs et sites technologiques ont constaté qu’Azure était dans la tourmente… The Information a signalé des problèmes de capacité dans des data centers à Washington, et au total dans plus de vingt data centers de Microsoft à travers le monde. The Telegraph affirme que deux data centers au Royaume-Uni n’acceptent actuellement plus de nouveaux clients. Microsoft a aussi déclaré au Register qu’elle était face à une demande “inédite” et qu’elle mettait en place des restrictions de capacité là où cela s’avère nécessaire.
Microsoft ne dispose pas encore de data centers Azure en Belgique (mais ce sera bientôt le cas). Les données des clients belges sont stockées dans des data centers situés non loin de notre pays (en Irlande, aux Pays-Bas, à Paris, à Francfort, etc.). Un porte-parole de Microsoft a confirmé à Data News que des problèmes de capacité se manifestaient également en Europe, mais indique qu’un travail d’extension est en cours.
“La demande de capacité dans le cloud est en effet énorme à l’échelle mondiale. Au vu de cette hausse, conjuguée aux pénuries auxquelles est confronté le secteur dans son ensemble, nous avons entrepris des actions destinées à augmenter la capacité de nos clients. Nous accélérons également le processus d’extension des serveurs dans nos data centers. Notre priorité est d’assurer la continuité des activités professionnelles de nos clients.”
Microsoft précise que si elle venait à imposer des restrictions de capacité, celles-ci concerneraient en premier lieu des charges de travail internes “pour donner la priorité à la croissance des clients existants”.
Sous-traitance et guerre en Ukraine
La demande de stockage dans le cloud et d’applications basées dans le cloud ne cesse d’augmenter et Microsoft fait office, depuis plusieurs années déjà, de fournisseur de référence pour ce qui concerne de telles infrastructures. Les pénuries arrivent à un moment où Microsoft souhaite implanter des data centers en Belgique, mais aussi dans de nombreux autres pays et villes en Europe (Grèce, Milan, Madrid, Varsovie). On ne sait pas précisément si la construction de ces data centers est compromise.
La perturbation de la chaîne de sous-traitance mondiale pour les composants technologiques est un élément qui intervient dans ces problèmes de capacité. Cette chaîne a été mise sens dessus dessous pendant la crise du coronavirus, et n’a pas encore retrouvé sa vitesse de croisière en raison de confinements récents (et de fermetures d’usines) en Chine. Résultat : le monde est encore confronté à une pénurie de puces électroniques, ce qui complique l’offre d’une capacité illimitée dans le cloud.
The Register souligne que l’invasion de l’Ukraine par la Russie joue aussi un rôle important dans ce contexte. Microsoft fait partie des entreprises qui protègent activement l’Ukraine de cyberattaques, mais elle a aussi offert aux autorités ukrainiennes un soutien technologique de plus de cent millions de dollars, comprenant notamment le transfert d’infrastructures IT dans le cloud. La combinaison de tous ces facteurs fait que le cloud de Microsoft est déjà bien rempli. Une extension n’est pas non plus évidente au vu des circonstances.
Pas de solution rapide
Les utilisateurs d’Azure en Belgique ne peuvent pas y faire grand-chose. Selon le blogueur spécialisé dans les technologies Aidan Finn, Microsoft conseille de choisir un data center moins demandé si la région de base est saturée. Il ajoute que de nombreux clients européens doivent cependant stocker leurs données au sein de l’UE pour des raisons juridiques, sans compter que le stockage de données sur un autre continent peut aussi compliquer certaines choses (c’est plus ardu pour les applications qui fonctionnent en temps réel, par exemple). Il donne quand même quelques conseils, comme de ne pas opter pour des SKU plus anciennes et de réserver une machine virtuelle à l’avance.
Aidan Finn souligne que ce problème ne touche pas que Microsoft. Il n’existe qu’une poignée de fabricants de puces pour les data centers, dont la plupart sont établis en Chine. La sous-traitance de cette production est prévue des mois à l’avance, même sans prendre en compte le coronavirus. Il semblerait qu’il n’y ait pas de solution immédiate à ce problème de capacité, ce qui signifie qu’une extension ou un passage dans le cloud ne se feront, dans les prochains mois, pas aussi facilement qu’avant.
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