La fin de Yahoo

Yahoo, Marissa Mayer. © Reuters
Els Bellens

Le géant télécom américain Verizon a entériné ce mardi 13 juin le rachat de Yahoo. Voilà qui signifie la disparition d’un des grands pionniers internet au bout de 23 ans d’activité. La CEO Marissa Mayer quitte l’entreprise.

Yahoo n’est plus une firme indépendante. Le géant internet a en effet été racheté pour 4,48 milliards de dollars par l’entreprise télécom américaine Verizon. Cette dernière envisage de fusionner Yahoo avec AOL (un autre pionnier d’internet) et de rebaptiser le tout Oath.

La nouvelle division hébergerait les services numériques de Yahoo, dont le mail et les services de recherche, mais aussi Yahoo Finance, Sports et News. Suite à pas mal de consolidations et de rachats, Oath comprendrait quelque cinquante marques d’actualité et de technologie, dont des noms connus tels Tumblr et Flickr, mais aussi des sites d’actualité comme Huffington Post, Engadget et Tech Crunch. Ces derniers proviennent du rachat d’AOL par Verizon.

Oath sera dirigée par Tim Armstrong, l’ex-CEO d’AOL. L’on s’attend à ce que suite à la fusion, quelque 2.000 collaborateurs de Yahoo et AOL perdent leur emploi.

Autant de CEO que d’erreurs

Yahoo est âgée de 23 ans, ce qui est assez vieux pour une entreprise internet. Elle a été fondée en 1994 par David Filo et Jerry Yang sous l’appellation ‘Jerry and David’s Guide to the World Wide Web’. Le nom Yahoo est apparu deux années plus tard. Depuis 2012, c’est Marissa Mayer qui dirigeait l’entreprise. A ce moment, l’entreprise était depuis des années déjà en train de se débattre, notamment à cause d’erreurs de management des ex-CEO Terry Semel et Carol Bartz. Mayer effectua alors une méritoire tentative en vue de redorer le blason de la firme, notamment grâce à toute une série de rachats.

Elle n’est cependant pas parvenue à remettre Yahoo sur les rails d’antan. Des rachats, dont on attendait beaucoup, comme ceux de Tumblr, semblèrent ne pas s’inscrire dans la culture de Yahoo, et ne devinrent pas non plus des canons publicitaires. De plus, Mayer fut chargée de diriger l’entreprise durant une période très difficile, où Yahoo fut la victime de deux des plus importants piratages de l’histoire d’internet. En tout, ce furent les données de plus d’un milliard d’utilisateurs qui se retrouvèrent à la rue.

Ces piratages eurent du reste des conséquences directes sur l’accord de rachat. Lorsqu’ils furent rendus publics, Verizon demanda – et reçut – une ristourne de 350 millions de dollars sur le montant initial qu’elle proposait. Mayer quitte à présent l’entreprise avec 23 millions de dollars d’indemnités de licenciement.

La chute d’un géant internet

Ce rachat représente officiellement la fin d’un des géants de la première heure d’internet. Yahoo fut l’une des premières entreprises à sortir un algorithme pratique de recherche sur internet et à développer un modèle commercial axé sur la vente d’espaces publicitaires.

En 2000, la valeur de Yahoo était encore estimée à 130 milliards de dollars, mais depuis lors, cela a été de mal en pis. Yahoo a certes fait fureur avec un moteur de recherche et un service mail, mais éprouva bien du mal à innover. Elle a donc vu ses utilisateurs et annonceurs rejoindre massivement des concurrents tels Google et Microsoft, puis plus tard Facebook. La principale source de revenus de l’entreprise – les publicités – s’est dès lors tarie au fil des années. En 2008, l’entreprise rejetait encore une offre de rachat de 45 milliards de dollars de Microsoft, pour finalement devoir se contenter en 2017 de quelque 4,5 milliards de dollars soit dix fois moins.

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