Trump va-t-il changer d’avis à propos d’Huawei?

Le président américain lors de sa rencontre avec le vice-premier chinois à la Maison Blanche vendredi passé. © REUTERS
Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

Au moment où Huawei amorce une contre-attaque, il semble que le président américain Donald Trump veuille adopter une attitude plus souple à l’égard du géant technologique chinois.

“Je veux un déploiement de la technologie 5G, voire de la 6G dans les plus brefs délais aux Etats-Unis. Elle est nettement plus puissante, rapide et intelligente que la norme actuelle.” Telle est en substance le contenu bizarre du tweet que Donald Trump a envoyé jeudi dernier et qui a fait froncer les sourcils. En effet, la technologie 6G n’existe pas encore et n’est même pas un terme à la mode.

Par contre, la suite de son tweet s’avérait plus intéressante: “Les entreprises américaines doivent consentir davantage d’efforts sous peine de prendre du retard dans quelque chose qui représente manifestement l’avenir. Je veux que les Etats-Unis gagnent en étant des compétiteurs et pas en bloquant les actuelles technologies plus sophistiquées. Nous devons toujours être le numéro un dans tout ce que nous faisons, surtout en matière technologique!”

Ren Zhengfei, fondateur et CEO d'Huawei
Ren Zhengfei, fondateur et CEO d’Huawei © REUTERS

Même si Trump ne cite pas nommément le géant technologique chinois, le lien avec Huawei est vite établi. “Les Etats-Unis ne peuvent écraser Huawei, même pas s’ils parviennent à convaincre d’autres pays de ne pas utiliser temporairement notre technologie. Du point de vue technologique, nous sommes trop en avance pour cela”, a déclaré Ren Zhengfei, le fondateur d’Huawei, cette semaine à la BBC. Or Trump affirme à présent qu’il ne veut plus bloquer les “technologies plus sophistiquées” et ce, à un moment où les Etats-Unis mènent des négociations commerciales avec la Chine.

Un pion important dans la lutte au sommet opposant la Chine et les Etats-Unis s’appelle Meng Wanzhou, la fille de Ren Zhengfei. Fin de l’année dernière, elle a été arrêtée au Canada, alors que les Etats-Unis ont demandé son extradition le mois passé. Dans l’interview accordée à la BBC, Ren a qualifié cela “d’acte à motivation politique.”

Le CEO d’Huawei, qui craint pourtant fortement les médias, a accordé d’autres interviews encore. Il y réagit aux accusations des Etats-Unis, selon lesquelles Huawei abuserait de son équipement réseautique à des fins d’espionnage pour le compte des autorités chinoises. “La 5G est considérée aujourd’hui de la même manière qu’une technologie militaire, mais la 5G n’est pas une bombe atomique”, a-t-il ainsi déclaré à la chaîne de télévision CBS. “Nous introduisons actuellement la 5G et nous accueillerons bientôt la 6G”, a-t-il encore ajouté certes après que le tweet 6G de Trump soit apparu en ligne.

Lutte pour la perception

La semaine dernière, le vice-président américain Mike Pence affirmait encore que les Etats-Unis ne pourront plus garantir la défense de l’Occident, si leurs alliés dépendent de l’Orient.

A la question de savoir s’il considérait cette déclaration comme une menace pour son entreprise, le président d’Huawei a répondu par une boutade: “Je veux d’abord le remercier. La 5G n’était pas encore tellement connue du grand public, mais les choses changent à présent que diverses personnalités bien connues en parlent. Entre-temps, nous gagnons en influence et concluons davantage de contrats.”

L’objectif des soudains recours de Rens aux médias est clair: son entreprise a perdu la lutte pour la perception à l’ouest, et il souhaite que cela change le plus rapidement possible. Il veut rétablir la confiance au moment où des pays tels la Grande-Bretagne et l’Allemagne envisagent de déployer leur infrastructure 5G avec ou sans Huawei.

Par contre, le but du message de Trump est difficile à décrypter. Effectue-t-il lui aussi une ouverture réfléchie en direction du géant technologique chinois? Ou n’était-ce qu’un tweet impulsif de plus d’un président qui souffle assez souvent en même temps le chaud et le froid? L’avenir nous le dira… peut-être.

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