Une opposition politique au Bitcoin

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Guy Kindermans Rédacteur de Data News

La crypto-monnaie numérique Bitcoin peut s’attendre à une opposition croissante de la part des pouvoirs publics et du monde financier, estime un professeur du MIT.

Développés et introduits dans les années 2008-2009, les Bitcoins constituent un système de paiement électronique poste à poste. A partir de 2011, l’intérêt pour cette monnaie comme moyen de paiement numérique n’a cessé de croître, et sa valeur s’est rapidement mise à augmenter vis-à-vis des monnaies bien réelles. Elle a atteint un pic le 9 avril 2013 avec 230 dollars pour un Bitcoin. En 2013, le nombre d’entreprises acceptant le Bitcoin comme moyen de paiement a crû, de même que l’intérêt des pouvoirs publics et des contrôleurs financiers (à l’instar de la vente et de l’achat de drogues) qui a joué un rôle important.

Opposition attendue

Lors de la récente conférence EmTech organisée à Cambridge, Mass., Simin Johnson, professeur à la Sloan buisness school, a annoncé que le Bitcoin pouvait s’attendre à une opposition à la fois politique et financière.

Les gouvernements et les institutions n’ont aucune prise sur cette monnaie, contrairement aux contrôles stricts habituels sur cet aspect du phénomène financier. En outre, le Bitcoin permet des transferts rapides et gratuits, contrairement aux transferts d’argent moyennant paiement par les banques. “Chaque banquier qui en est conscient, devrait être effrayé”, affirme Johnson. Il y a eu aussi la récente liquidation du site web Silk Road dans le réseau anonyme Tor, où un chiffre d’affaires de quelque 9,5 millions de Bitcoins (soit quelque 1,2 milliard de dollars) a été enregistré sur des transactions en grande majorité illégales. Le FBI a confisqué à cette occasion des Bitcoins pour une valeur de 3,6 millions de dollars.

Aux Etats-Unis, le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) a déjà déterminé que les échanges de Bitcoins devraient se traduire par d’importantes transactions, mais aussi par une activité suspecte, alors que la banque centrale européenne appelle à évaluer régulièrement les risques. Plus tôt cette année, le ministre belge des finances Koen Geens affirmait encore suivre le Bitcoin en tant que phénomène, tout en ajoutant que ni lui ni la Banque Nationale n’y voyaient guère de danger.

Trop coûteux

Par ailleurs, l’utilité du Bitcoin comme moyen de paiement serait encore le plus hypothéquée par la hausse rapide en valeur de la ‘monnaie’. Si le Bitcoin a pour but d’être utilisé pour une part significative de l’économie américaine, sa valeur devrait croître annuellement de quelque 60 pour cent, selon les calculs. Même si de nouveaux Bitcoins sont générés en permanence, le système prévoit un maximum de 21 millions d’unités d’ici l’année 2140 environ avec trois quarts du nombre total disponibles d’ici fin 2016. Il en résulterait une valeur par Bitcoin qui serait trop élevée pour pouvoir encore l’utiliser pour des achats normaux. Les initiateurs du système Bitcoin proposent alors comme solution que chaque Bitcoin puisse être subdivisé jusqu’à huit rangs décimaux.

Le Bitcoin n’est par ailleurs qu’un exemple de toute une série de monnaies virtuelles ou de ‘crypto-monnaies’, dont Litecoin, Namecoin et d’autres. Ces dernières ne représentent que des valeurs ‘réelles’ de 60 millions de dollars ou moins, contre quelque 1,8 milliard de dollars pour le Bitcoin.

Actuellement, le Bitcoin vaudrait quelque 94 euros.

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