Nvidia entend contourner les restrictions d’exportation vers la Chine avec une puce Blackwell à moindre coût

Nvidia CEO Jensen Huang. © AFP
Pieterjan Van Leemputten

Nvidia prépare un GPU Blackwell plus économique, aux spécifications inférieures, pour le marché chinois. Ce faisant, l’entreprise veut empêcher les Chinois de se tourner vers la concurrence.

Indépendamment du battage médiatique actuel autour des droits de douane à l’importation, les Etats-Unis imposent depuis 2022 des restrictions aux entreprises américaines exportant des produits à haute valeur technologique vers la Chine. Il en résulte que Nvidia n’est pas autorisée à vendre dans ce pays ses puces les plus perfectionnées, la série Blackwell.

Selon plusieurs sources de l’agence Reuters, la firme souhaite désormais contourner cette interdiction avec une version allégée de Blackwell qui coûterait entre 6.500 et 8.000 dollars. A titre de comparaison, le GPU H20 de Nvidia, basé sur l’architecture Hopper légèrement plus ancienne, coûte entre 10.000 et 12.000 dollars.

La nouvelle puce serait basée sur le RTX Pro 6000D, un GPU destiné au marché des serveurs, et serait équipée d’une mémoire GDDR7 au lieu d’une mémoire haut de gamme à bande passante plus large. Elle n’exploiterait pas non plus la technologie de packaging avancée CoWoS (Chip-on-Wafer-on-Substrate) de TSMC, mais un processus plus simple. Des sources de Reuters affirment qu’une autre puce à architecture Blackwell est en préparation pour le marché chinois, mais aucun détail n’est encore disponible à son sujet.

Crainte de la concurrence locale

Nvidia n’a pas confirmé à Reuters l’arrivée de la puce Blackwell allégée. Mais la firme indique qu’elle évalue des options ‘limitées’. Elle fait observer qu’elle passe actuellement à côté d’un marché de centres de données de 50 milliards de dollars en n’étant pas autorisée à exporter ses meilleures puces vers la Chine.

Sur le marché chinois, Nvidia détenait une part de marché de 95 pour cent au moment où les restrictions à l’exportation ont débuté en 2022. Aujourd’hui, elle est redescendue à 50 pour cent. Dans son dernier rapport annuel, Nvidia a déclaré que 13 pour cent de son chiffre d’affaires proviennent de Chine.

Les restrictions actuelles ont déjà contraint le fondeur de puces d’IA à procéder à des dépréciations de plusieurs milliards de dollars en raison de la perte de revenus. Parallèlement, il est possible qu’en raison de la présence moindre de Nvidia en Chine, les acteurs d’IA locaux soient davantage tentés de se tourner vers des firmes chinoises telles que Huawei.

En outre, les restrictions à l’exportation s’intensifient. Selon Reuters, la dernière version de ces règles impose de nouvelles limites à la bande passante de la mémoire GPU. Or cette bande passante détermine la rapidité avec laquelle le processeur et les puces mémoire d’une telle carte graphique industrielle communiquent entre eux, et s’avère particulièrement cruciale dans les calculs d’IA.

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