Le ministre De Backer espère toujours une avancée rapide dans le dossier 5G
Le ministre des télécommunications Philippe De Backer (Open VLD) fait toujours le forcing pour que soient organisées rapidement les enchères des licences télécoms dans notre pays. “Plusieurs scénarios sont étudiés. Si nous arrivons à un accord dans les prochaines semaines, notre pays fera encore partie du peloton de tête sur le plan de la 5G.”
Dans les couloirs du Mobile World Congress (MWC) de Barcelone, Data News a appris qu’il y avait encore et toujours un espoir que notre pays sorte à temps de l’impasse 5G actuelle. Comme le gouvernement fédéral et les régions ne se mettent pas d’accord sur la répartition des rentrées issues des enchères, qui doivent encore être organisées pour les nouvelles licences 5G, mais aussi sur le renouvellement des licences 4G, le déploiement du réseau 5G risque d’être une oeuvre de longue haleine. “On négocie toujours. Plusieurs scénarios sont actuellement envisagés”, a confirmé le ministre des télécommunications Philippe De Backer à Data News lors de sa visite au Mobile World Congress.
‘La piste Agoria n’est pas une option’
De Backer ne s’étend pas davantage sur les scénarios possibles, mais évoque quelques conditions auxquelles, selon lui, un accord doit à coup sûr répondre. “Il doit s’agir d’enchères complètes pour les réseaux 4G et 5G, afin qu’on puisse atteindre une optimisation du spectre. De plus, il faut des garanties d’un déploiement et d’investissements rapides dans la 5G”, explique De Backer.
Et de répéter qu’il trouve que la piste Agoria n’est pas une bonne idée. La fédération technologique avait proposé de dissocier la bande de fréquences 3,6 Ghz du dossier. Cette proposition avait reçu l’aval du ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA).
“Je ne comprends pas pourquoi Bourgeois s’en mêle. Dans ce dossier, il n’a d’yeux que pour les opérateurs, alors que moi, je prends en compte l’ensemble de l’économie. La 5G peut représenter pour notre économie numérique une énorme valeur ajoutée, nettement supérieure à la valeur ajoutée pour les opérateurs. Il convient de veiller à ce que notre pays reste un leader dans l’économie numérique. C’est à présent qu’il faut faire ce choix. C’est pourquoi je ne comprends absolument pas ce blocage. Les politiques ne peuvent quand même pas empêcher l’économie de croître. Nous devrions justement faire en sorte de faciliter l’économie et de la faire progresser”, affirme sèchement De Backer.
Quatrième opérateur
Mettre aux enchères les licences (4G et 5G) en un seul pack est en tout cas un scénario nettement plus attrayant pour un éventuel nouveau venu sur le marché mobile, qui veut démarrer son propre réseau: quelque chose que l’ex-ministre des télécommunications Alexander De Croo espère encore et toujours.
“Il existe à coup sûr un intérêt participatif de la part de plusieurs acteurs en dehors des trois opérateurs classiques. Et il y a aussi une forte demande provenant des milieux industriel et économique de développer des applications. La Flandre et la Wallonie injectent chaque année des dizaines de millions d’euros dans l’innovation et dans les startups. C’est de l’argent public. Bon nombre de ces gens demandent à présent la 5G pour leur nouveau produit ou service. Se pourrait-il que nous ne puissions leur donner aujourd’hui cette possibilité?”, ajoute De Backer.
Sur la piste visant à mettre déjà la partie 5G sur les rails, il devient plus difficile de se lancer pour un nouvel acteur sur le marché mobile. Certains préfèrent du reste ne pas voir arriver un quatrième opérateur sur notre marché: cela va aussi à l’encontre de la tendance européenne plus large, où le marché se consolide justement en passant de quatre acteurs ou plus vers trois solides fournisseurs télécoms.
“Mais nous avons les tarifs télécoms les plus élevés de toute l’Europe”, réplique De Backer. “Avec un quatrième opérateur, il y aurait davantage de concurrence sur le marché à la consommation. Mais il nous faut aussi déployer plus rapidement des applications en B2B. Et comme par hasard, c’est précisément là où les opérateurs actuels ne se distinguent pas: même Agoria le reconnaît. Nos opérateurs ont déjà annoncé publiquement qu’ils ont encore besoin d’un peu de temps. Si l’on veut que cela aille vite, il faut un acteur prêt à opter clairement pour la nouvelle technologie, et qui oblige les autres à le suivre. Cela aura un impact positif sur l’ensemble de l’économie numérique. Il convient d’oser regarder plus loin que les opérateurs”, poursuit De Backer.
‘Etre dans le peloton de tête, c’est encore faisable’
Le temps est à présent compté: l’Europe souhaite que le spectre 5G soit attribué dans tous les pays en 2020. Selon nos informations, le régulateur IBPT a besoin de six mois environ pour organiser les enchères. Quelque part durant le premier semestre de 2020 est donc en théorie encore possible, si la formation du prochain gouvernement, après les élections, ne vient pas jouer les trouble-fête.
“Si nous pouvons sortir de l’impasse et nous mettre d’accord dans les prochaines semaines, notre pays pourra encore faire partie du groupe qui emmène le peloton. Si tel n’est pas le cas, nous reculerons encore plus dans ce peloton. Et si la formation du gouvernement traîne vraiment longtemps, nous nous retrouverons irrémédiablement dans la queue du peloton, ce que je veux éviter à tout prix”, conclut De Backer.
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