Starter de la semaine: withVR aide les personnes bègues au moyen de la réalité virtuelle

Gareth Walkom © withVR

C’est avec une solution VR sur mesure que la jeune pousse gantoise withVR entend aider les personnes souffrant d’un trouble de la parole à y faire face de manière sûre et confortable. Voilà qui pourrait du reste venir à point à une bonne partie de la population mondiale.

C’est finalement là le résultat de l’histoire personnelle du fondateur de la startup, Gareth Walkom, lui-même aux prises avec un trouble de ce genre depuis l’enfance. ‘Et ce bégaiement m’a obligé à relever de très nombreux défis. J’éprouvais des difficultés à exprimer ce que je voulais dire exactement, et je passais ainsi à côté de pas mal d’opportunités. Mais je savais que je n’étais pas seul dans cette situation. Il y a en effet beaucoup de gens – un pour cent de la population mondiale – qui bégaient comme moi, ce qui représente environ 79 million de personnes. Voilà pourquoi j’ai effectué des recherches sur la façon dont la réalité virtuelle peut nous aider.’

‘Le fait est’, poursuit Walkom, ‘que les gens souffrant d’un trouble du langage évitent souvent les situations dans lesquelles ils doivent parler et ce, de crainte d’être jugés ou discriminés. Mais si vous ne vous faites pas entendre, vous passez à côté de nombreuses opportunités. Lors de mes études de Digital Media Technology, j’ai découvert que la réalité virtuelle pouvait générer un espace sûr, ouvert à la parole.’

La solution consiste en un casque VR accompagné du logiciel ad hoc simulant des situations dans lesquelles les personnes souffrant de troubles du langage doivent parler. ‘Elles peuvent ainsi mieux se préparer à ce type de scénario et s’exercer en conséquence’, affirme Walkom.

Charge cognitive

Avec le casque de withVR, les chercheurs peuvent se livrer non seulement à du traçage tête – yeux, mais aussi surveiller le pouls et mesurer la charge cognitive. Le casque place les patients dans une situation de parole spécifique et permet au chercheur de suivre ce qui se passe au niveau corporel. ‘Lorsqu’on voulait préalablement examiner ce qui se passait dans des situations similaires, c’était malaisé’, explique Walkom. ‘Il fallait sortir tout l’équipement du laboratoire et l’amener sur le terrain, ce qui n’aidait pas vraiment à créer un scénario réaliste.’ Ce que fait withVR, c’est précisément l’inverse: accueillir des conditions réalistes dans le laboratoire. Et en analysant les mouvements des yeux durant le bégaiement, les chercheurs disposent directement d’un outil pratique pour tester des hypothèses.

“Nous avons créé un espace sécurisé pour permettre aux gens de parler et de dire ce qu’ils veulent.”

Une deuxième solution a été élaborée à la mesure des orthophonistes. Via une application web, la startup place ses clients portant le casque VR dans différentes situations de parole, à des fins d’exercice. ‘Nous proposons la solution à un tarif d’abonnement annuel’, précise le fondateur. ‘Pour les chercheurs, il s’agit d’un tarif fixe, alors que pour les orthophonistes, il existe plusieurs niveaux offrant davantage de fonctions selon leurs besoins.’

Différentes situations

C’est pendant l’automne dernier qu’a eu lieu le lancement commercial de withVR et depuis lors, l’entreprise a déjà accueilli ses premiers clients. ‘Je pense cependant que nous sommes encore dans une phase de test’, ajoute Walkom. ‘Nous examinons encore et toujours comment notre solution peut être précisément utilisée et améliorée. Nous remarquons par exemple que les orthophonistes jugent l’outil très pratique pour exposer leurs patients à différentes situations.’

Actuellement, withVR collabore déjà avec 94 centres de logopédie, cliniques et laboratoires de recherche dans 24 pays différents. On y trouve notamment quelques grands noms de la thérapie du langage, pas uniquement dans le domaine du bégaiement. ‘Car des personnes éprouvant des difficultés de s’exprimer suite à un accident, à un infarctus, à de l’autisme ou au Parkinson peuvent également être aidés avec withVR’, affirme Walkom. ‘Pour nous améliorer encore à ce niveau, nous recherchons du reste encore et toujours des chercheurs désireux de tester la solution pour nous.’

Résultats encourageants

Jusqu’à présent, Walkom a lui-même payé et développé toute l’histoire de withVR. ‘Cela reviendra à 15.000 euros environ. Pour le reste, j’ai quand même obtenu une prime de démarrage de 5.000 euros de la part de la ville de Gand, et j’ai remporté une compétition de présentation organisée par Google, qui m’a rapporté 8.000 euros’, explique-t-il. Entre-temps, la jeune pousse est proche de décrocher un subside de 50.000 euros chez VLAIO. ‘Je suis ouvert aux investisseurs, mais pour l’instant, je me focalise surtout sur la poursuite du développement du produit’, précise encore Walkom.

Il entend à présent internationaliser son entreprise en suscitant l’intérêt du monde professionnel. ‘Récemment, j’ai pris la parole lors d’une conférence en Arabie Saoudite et j’envisage de faire même au Canada et en Grande-Bretagne. Je pense que nous disposons à présent d’une solution qui fonctionne bien, alors que la recherche affiche des résultats très encourageants. Nous avons créé un endroit sécurisé permettant aux gens de parler et de dire ce qu’ils veulent.’

withVR

Siège social: Gand

Nombre d’associés: 1

Finances: pas de projet, mais ouvert à des entretiens

Site web: withVR.app

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