Test du Mate X – Double écran, semi-smartphone

Huawei Mate X
Pieterjan Van Leemputten

Le premier appareil pliable d’Huawei fait du smartphone une tablette rectangulaire. Pas mal du tout pour une première génération, mais l’absence d’Android reste un sacré problème.

Fermé, le Mate X se distingue à peine d’un robuste smartphone. Mais une pression sur un bouton suffit pour déployer l’écran du smartphone de 6,6 pouces à celui d’une petite tablette de 8 pouces. L’appareil est depuis deux mois sur le marché déjà au prix pas piqué des vers de 2.499 euros, mais cela n’a pas refroidi notre enthousiasme à le tester.

Design

Ce qui frappe d’emblée, c’est que le Mate X est un appareil solide et lourd. Avec ses 295 grammes, il est même de trente à cinquante pour cent plus lourd qu’un smartphone ordinaire, même si on dispose en principe de deux appareils au lieu d’un.

Huawei Mate X
Huawei Mate X© PVL
L’innovation doit encore faire fi de certains obstacles.

La face avant est occupée quasi entièrement par l’écran, à l’exception de deux millimètres sur les bords. A l’arrière, on trouve la seconde moitié de l’écran avec, latéralement, une ‘barre’ intégrant les trois objectifs, le flash et le bouton d’ouverture de l’appareil. Sur le côté, il y a les boutons volume et marché/arrêt, ce dernier servant aussi de scanner d’empreintes digitales.

L’écran proprement dit possède une sorte de couche protectrice permanente, comparable à celle du Galaxy Fold. Il en ressort que l’appareil est un peu moins léché qu’une smartphone haut de gamme moderne, mais n’oublions pas que c’est un modèle de la première génération à écran pliable. L’innovation doit encore faire fi de certains obstacles.

Ouverture et fermeture

Mais ce qui nous intéresse surtout, c’est le double écran. La grande différence avec le Galaxy Fold, qui n’est jamais sorti sur le marché belge, c’est que l’écran du Mate X se trouve à l’extérieur. On a donc un seul écran qui couvre l’avant et la majeure partie de l’arrière.

L’ouverture du Mate X est rapide, tout s’avérant un peu bizarre. Il convient en effet d’exercer une légère pression sur l’écran pour sentir qu’il converge quelque peu à la pliure. On découvre aussi où se trouve le dos de l’appareil, quand il est entièrement ouvert.

Huawei Mate X
Huawei Mate X© PVL

Si on établit une comparaison avec le Fold, on doit bien reconnaître qu’Huawei a sur ce plan encore du pain sur la planche pour atteindre le ‘look & feel’ d’un appareil premium. Ce qu’il convient aussi de noter, c’est que l’écran ne bronche pas: rien ne glisse et rien n’est dissimulé dans des plis. Répétons ici qu’il s’agit d’un appareil pliable de la première génération. Certes, sa finition est encore sujette à amélioration, mais il y a déjà pas mal de peaufinage intégré à l’appareil.

En utilisation quotidienne, impossible de prendre à défaut l’écran. Il se plie rapidement du mode fermé au mode ouvert et même si la pliure est visible, ce qui est aussi le cas chez Samsung, cela gène à peine, voire pas du tout pour la navigation ou le visionnement de photos. La qualité de l’image est correcte, et le passage d’une appli à l’autre s’effectue sans problème.

Huawei Mate X
Huawei Mate X© PVL

Absence d’Android, place à des détours

Il ne tourne pas sur Android, ce qui le rend en grande partie inutilisable.

Le Mate X n’est pas un mauvais appareil, mais mettons immédiatement les points sur les i: il ne tourne pas sur Android, ce qui le rend en grande partie inutilisable. Cela n’est pas dû à Huawei, mais bien aux Etats-Unis, qui ne manquent jamais une occasion de lui mettre des bâtons dans les roues. Mais entre-temps, l’entreprise doit donc se baser sur HMS (Huawei Mobile Services).

Ce dernier est d’une part quasiment identique à Android. Plusieurs écrans, un menu rapide, quasiment les mêmes paramètres. On s’y retrouve certes, mais… sans Google et surtout sans Google Play et par conséquent aussi sans une grande partie des applis qu’on utilise quotidiennement.

Huawei tente de faire face en développant son Huawei App Gallery (le magasin d’applications de l’entreprise). Des applis telles Zoom, Viber, Telegram, Tiktok, Opera Mini, etc. sont déjà présentes, ce qui est formidable. En même temps, Huawei a résolu l’absence des services Google. En plaçant un raccourci de navigation à l’écran, il est possible d’utiliser Gmail, Google Maps ou Google Docs quasiment de la même manière.

Mais plus on progresse, plus cela manque de convivialité. On peut certes utiliser Whatsapp en recherchant en ligne l’APK (le fichier de l’appli) sur des canaux officieux. Mais il convient ici de faire observer qu’il y a des risques. On télécharge ainsi de facto du software inconnu, dont on ignore si le fournisseur a manipulé l’appli Whatsapp originale.

Nous avons aussi tenté d’installer Netflix de la même manière, mais avec moins de réussite. Ce qui est étonnant, c’est que cela n’a pas marché non plus via le navigateur. Dans les deux cas, il est possible de se connecter, de visualiser les ‘previews’, mais dès qu’on démarre une série, on obtient des messages d’erreur. Pas de Netflix donc sur cet énorme écran.

Huawei fait de son mieux pour compenser le plus possible, mais on ne peut que regretter qu’un smartphone de 2.500 euros en fait moins qu’un de 250 euros.

Il y a encore plusieurs choses qui sont bizarres dans HMS. On a ainsi rapidement découvert pas mal d’applis belges fonctionnant bien. Mais après quelque temps, elles doivent faire l’objet d’une mise à jour, ce qui renvoie automatiquement l’utilisateur vers le site web de… Google Play. Ce magasin d’applis ne reconnaît évidemment pas un appareil Android, ce qui fait qu’il n’est pas possible de mettre à jour.

Ce sont des choses que les rédacteurs techniques que nous sommes, sont certes encore prêts à digérer, de même peut-être que le fan pur et dur d’Huawei. Mais pour le consommateur lambda, voire pour l’utilisateur chevronné, cela fait quand même désordre.

Depuis lors, Huawei a également lancé Petal Search, un outil permettant de trouver des applis en dehors du Play Store. Cela ne résout pas tous les problèmes, mais cela rend quand même l’appareil quelque peu plus utile.

Et c’est sans parler de l’offre très restreinte. Pas de banking mobile, pas de Go, Slack, Doccle, Bancontact/payconic,… Toutes des choses qui ne nous auraient pas heurtés il y a 10 ans encore, mais qui sont aujourd’hui essentielles pour la plus-value d’un smartphone. Huawei fait de son mieux pour compenser le plus possible, mais on ne peut que regretter qu’un smartphone de 2.500 euros en fait moins qu’un de 250 euros. Et ce n’est pas l’écran pliable qui fera pencher la balance dans l’autre sens.

Huawei Mate X
Huawei Mate X© PVL

Appareils photo

Le Mate X combine trois objectifs de 40 (large, 27 mm), 8 (télé-photo, 52 mm, zoom optique 2x) et 16 (ultralarge, 17 mm) méga-pixels et peut filmer en 4K.

Pour un appareil pliable de la première génération, Huawei a déjà accompli un solide travail, mais…

Ici, on observe qu’Huawei est un fabricant de smartphones expérimenté. Les photos sont d’une qualité irréprochable et n’ont rien à envier à celles d’autres modèles haut de gamme. Outre l’appareil photo standard, on trouve un mode nocturne, un mode portrait et un mode permettant de jouer avec le diaphragme. Sous ‘pro’, la valeur ISO, la balance des blancs et d’autres paramètres peuvent être ajustés au gré de l’utilisateur.

Niveau logiciels, on dispose aussi d’un filtre esthétique, qui rend le visage un peu plus doux ou avenant. En mode vidéo, on peut aussi choisir de filmer plus lentement en 8x (240 FPS) ou 32x (960 FPS), mais de brefs fragments. Si on filme une guêpe qui s’envole, on peut littéralement distinguer ses ailes voleter, même s’il y a un peu de bruitage dans les détails du mouvement. Il nous faut avouer que le Mate X tient le haut du pavé tant pour les photos que pour les vidéos.

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Une vidéo d’essai au ralenti effectuée avec le Mate X.

Conclusion

Cet appareil nous laisse un incroyable double sentiment. Pour un appareil pliable de la première génération, Huawei a déjà accompli un solide travail. L’écran pourrait être peaufiné, la pliure pourrait être encore plus douce, et le poids pourrait encore diminuer. Mais sur le plan technique, c’est un excellent appareil qui tient en outre très bien dans la main. La barre des objectifs s’avère très pratique, quand on l’utilise en mode tablette. Pour ce qui est du concept et de la facilité d’emploi hardware, on ne peut qu’être satisfait du travail fourni par Huawei.

Il n’empêche qu’il ne s’agit pas là d’un smartphone à part entière, tel qu’on le connaît. 99 pour cent des consommateurs européens sont familiers avec iOS ou Android. En tant que système d’exploitation, HMS est certes à la hauteur, mais sur cette excellente plate-forme matérielle et logicielle, il n’est pas possible de faire tourner la grande majorité des applis qui donnent sa plus-value au smartphone. C’est là la principale raison pour laquelle le Mate X ne se voit pas attribuer un score élevé.

Le grand défi à relever par Huawei est de convaincre tous les développeurs d’applis de travailler aussi pour elle. Mais en sachant que cela sembla une tâche impossible même pour Microsoft, il n’y a guère d’espoir.

Si on tient compte que les acteurs technologiques américains tels Facebook ne s’y associeront probablement pas, on se retrouve avec un appareil que nous jugeons certes très bon, mais que nous ne pouvons pas recommander aux consommateurs. C’est sans aucun doute une perle de top-technologie, mais ce n’est pas un smartphone utilisable, c’est qui est d’autant plus frustrant.

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