L’intelligence artificielle offre presque partout de multiples opportunités
Désormais, l’intelligence artificielle s’impose dans des secteurs qui n’étaient naguère encore que peu évidents. Mais les entreprises et administrations publiques ne doivent pas forcément se lancer seules dans l’aventure. Muthulakshmi N de Tata Consultancy Services (TCS) est convaincue que des collaborations globales peuvent accélérer le déploiement de projets d’IA.
L’entreprise ICT indienne Tata Consultancy Services (TCS) accompagne différents acteurs belges de premier plan dans leur transformation numérique. Muthulakshmi N, Strategist and Global Head of Intelligent Process Automation, Enterprise Intelligent Automation and AI, estime que le Covid-19 a encore accéléré l’implémentation de l’IA. ” L’IA est déjà relativement courante pour la prise de décisions et la réduction de coûts. Mais désormais, en raison notamment des mesures d’hygiène, on assiste aussi à une accélération du déploiement d’applications destinées à réaliser des inspections à distance. “
Dimension de données
Toujours selon Muthulakshmi N, la prise de conscience générale dans les entreprises de la nécessité de disposer de données suffisamment pures constitue une exigence de base. ” Si les processus de données ne sont pas bien établis, les projets d’IA ne prouveront guère leur utilité pour l’organisation. Sachant que tant les produits que les stocks et le comportement des clients changent en permanence, le monitoring de ces données se révèle essentiel. Personne n’envisage de prendre des décisions sur la base de données dépassées. “
Centre d’innovation
Muthulakshmi N attache beaucoup d’importance au proof of concept (PoC) pour vérifier la faisabilité d’une idée, d’une technologie ou d’une fonctionnalité ainsi que son adéquation au ressenti des utilisateurs concernés. ” Même dans les organisations les plus matures, les phases pilotes et les tests revêtent une grande importance. Dans le scénario idéal – que l’on rencontre surtout chez les véritables leaders -, nous évoquons une sorte de centre d’innovation qui est le théâtre d’expérimentations en continu. Les processus mis en oeuvre dans ce cadre sont clairement définis et s’inscrivent dans une culture d’entreprise flexible. ”
Toujours selon Muthulakshmi N, les entreprises ne pouvant faire valoir qu’une maturité limitée en matière d’IA ont intérêt à opter pour des projets abordables, comme un agent conversationnel ou le traitement intelligent de piles de documents. ” Par la suite, l’IA percolera alors dans les différents départements. C’est ainsi que le marketing et les ventes peuvent prendre l’initiative, suivis du département financier et des entités de production. “
De la librairie à bpost
Muthulakshmi N se dit persuadée que l’IA ouvre des perspectives dans pratiquement tous les secteurs. ” L’intelligence artificielle est sans doute plus évidente dans les entreprises technologiques, les grandes banques et les opérateurs télécoms. Je songe notamment à bpost où nous avons mis en place une solution interactive et intégrée d’expérience et d’implication des clients grâce au recours à l’IA. Autre exemple, celui d’une librairie qui est désormais en mesure de concurrencer des acteurs comme Amazon. Ensemble, nous avons développé un modèle de prévision des prix en tenant compte de facteurs tels que les nouvelles publications d’ouvrages, la demande du marché et les prix concurrents. “
L’IA implique une certaine courbe d’apprentissage. Pourquoi les entreprises ne se regrouperaient-elles pas en forums et labos de connaissances ?
Définir un point de départ
L’une des grandes questions que se posent nombre d’organisations est de savoir si elles veulent développer en interne ou acheter leur application d’IA. ” Il existe aujourd’hui de très nombreuses solutions sur le marché, ce qui ne facilite pas le choix. Si la décision prend trop de temps, le métier risque de perdre patience “, explique-t-elle. Une autre pierre d’achoppement soulevée par Muthulakshmi N porte sur le manque de définition précise du point de départ de l’IA. ” Les différents acteurs se doivent d’être clairement informés de la finalité d’un projet : s’agit-il de résoudre des problèmes, d’améliorer l’efficience ou encore d’optimiser la chaîne d’approvisionnement ? Et comment faut-il procéder ? “
Groupes de réflexion
Muthulakshmi N considère que la réponse à ces questions réside dans des collaborations tant verticales qu’horizontales. ” L’IA implique une certaine courbe d’apprentissage. Pourquoi les entreprises ne se regrouperaient-elles pas en forums et labos de connaissances ? Pour notre part également, nous essayons de faciliter ce transfert de données. Par ailleurs, des perspectives s’ouvrent au niveau fédéral et régional. Les autorités publiques peuvent définir des standards de qualité et mettre sur pied des groupes de réflexion d’universitaires et d’experts d’entreprises. Ce faisant, l’adoption de l’IA connaîtrait un coup d’accélérateur important. “
Selon l’experte en IA, les attentes ne feront qu’augmenter, tant au niveau de l’entreprise que dans la sphère privée. ” L’IA a déjà trouvé sa place dans nos ménages, comme le prouve l’éclairage intelligent ou la technologie vocale. Tant le consommateur que l’entrepreneur adoptent les technologies qui tendent à leur faciliter la vie. L’IA est parfaitement capable d’y contribuer. “
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