Kristof Van der Stadt

Licenciement pour cause de numérisation: on peut difficilement prétendre ne pas l’avoir vu arriver!

Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

L’annonce des licenciements chez ING a fait l’effet d’une bombe dans le grand public. Mais pour les politiciens également, étonnement, incrédulité, irritation et impuissance étaient au programme.

Licenciement pour cause de numérisation: on peut difficilement prétendre ne pas l’avoir vu arriver!

Cela fait plus de 35 ans que votre revue préférée traite de l’informatique et de la technologie. Durant toutes ces années, l’automatisation de processus (humains) et les économies qui en découlent ont été un fil rouge omniprésent. Et ces 15 dernières années, le rythme d’informatisation n’a cessé de s’accélérer, avec comme conséquence que le ‘numérique’ est devenu la norme dans de nombreux aspects de notre société. Et au cours de ces 35 ans, de très nombreux emplois ont été perdus. Mais d’autres ont aussi été créés. Pour preuve, des métiers comme développeur d’applis mobiles, architectes en IoT, data scientists et ingénieur en RV sont autant de professions nouvelles.

L’arrivée des robots, la poursuite de l’automatisation et l’accélération de la numérisation figuraient d’ailleurs parmi les thèmes du récent Forum Economique Mondial de Davos sous le thème de la 4e révolution industrielle ou Industrie 4.0. Le FEM estime que l’automatisation, l’intelligence artificielle et les robots autoapprenants feront disparaître pas moins de 7,1 millions d’emploi dans le monde, mais créeront par ailleurs 2 millions de nouveaux emplois. Précisons qu’il ne s’agit pas uniquement d’emplois d’ouvriers, mais aussi de fonctions administratives, notamment – eh oui ! – dans la banque et l’assurance.

En analysant de près la restructuration au sein d’ING, un paradoxe évident saute aux yeux. La banque entend économiser tout en intensifiant la numérisation, ce qui exigera moins d’employés. Or si la numérisation a essentiellement été initiée par le département IT, c’est précisément là que le coup sera le plus rude. En effet, près de la moitié des 1.200 informaticiens devrait être supprimée. Une partie sera transférée aux Pays-Bas et une autre vers des pays à bas salaires comme la Bulgarie. Et d’ici la fin du processus de numérisation, le reste aura scié la branche du numérique. Or ce phénomène n’est pas davantage nouveau dans le secteur bancaire où la vague d’externalisation avait été suivie d’une réinternalisation, puis vice versa. Avec des informaticiens qui passent du statut de salarié à consultant externe tout en faisant le même travail.

A peine 1% estime ‘très probable’ que son emploi actuel soit confié dans un proche avenir à un logiciel, un robot, un ordinateur ou une appli

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L’informaticien belge ne semble pourtant pas s’en soucier. En effet, une majorité écrasante ne considère pas la numérisation comme une menace directe pour l’emploi en informatique et leur propre carrière, comme il ressort de l’enquête Salaires annuelle de Data News publiée en avril dernier. A peine 1% estime ‘très probable’ que son emploi actuel soit confié dans un proche avenir à un logiciel, un robot, un ordinateur ou une appli.

L’économiste en chef de Google, Hal Varian, déclarait récemment à nos collègues de Trends que les craintes émises lors de chaque révolution technologique concernant les pertes d’emploi étaient infondées. Le forgeron est devenu mécanicien, explique-t-il, et la numérisation actuelle débouchera aussi sur de nouveaux emplois. Et ces créations d’emploi interviendront surtout dans le secteur technologique, affirme le FEM. Reste à voir où ces emplois seront surtout créés : dans les grandes économies occidentales, dans les pays à bas salaires ou dans les économies qui appliquent des conditions de travail flexibles ?

On se réjouira d’apprendre que les 3 pays du Benelux ont annoncé récemment vouloir se positionner comme l’un des leaders du monde numérique et comme l’une des locomotives du futur marché numérique unique européen. Espérons que cette initiative démontrera que la numérisation est devenue irréversible. Et que nous pourrons profiter des opportunités qui se présentent avant qu’il ne soit trop tard. Et que nous soyons dépassés par une file de voitures sans chauffeur.

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