VMware: ‘Le cloud-first a surtout généré du cloud chaos’

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Si les CIO apprécient selon VMware d’évoquer ‘The Great Replatforming’ de leur organisation, l’éditeur de logiciels estime qu’une approche cloud plus intelligente se révèle nécessaire pour réussir une telle transformation.

Comme il était de tradition avant la pandémie, l’éditeur de logiciels VMware a réuni le mois dernier plusieurs dizaines de clients et de partenaires européens dans la capitale catalane pour sa conférence Explore (ex-VMworld). En fait, aucune annonce majeure n’était attendue et n’a d’ailleurs été faite – celles-ci avaient été lancées fin août lors de la grande conférence Explore de San Francisco. L’éditeur qui a bâti sa renommée sur la virtualisation de serveurs et de stations de travail ainsi que sur les premières vagues du cloud, entend désormais capitaliser sur les environnements cloud-first et multi-cloud, et a partagé lors de cette conférence ses idées sur la meilleure approche dans ces domaines. “Nous avons toujours été une société de logiciels d’infrastructure et nous continuerons à l’être dans les prochaines années. Tel est en effet notre coeur de métier, a déclaré Raghu Raghuram, CEO de VMware durant la session de questions-réponses avec la presse. Et si vous me demandez ce qui viendra ensuite, je vous répondrai que je préfère me concentrer sur ce qui se passe aujourd’hui”, à savoir comment aider les entreprises à faire face à ce qu’il a appelé le choas du cloud.

Chaos du cloud

“Nous constatons que les entreprises qui ont choisi une approche cloud-first sont surtout confrontées ces dernières années à un chaos du cloud et cette situation est la responsabilité partagée de tous”, ajoute Raghuram. Voici plus de 10 ans, le cloud-first a surtout été synonyme de premiers clouds publics. Ou mieux, un seul cloud qui devait héberger l’ensemble des applis (mobiles) de l’entreprise. Mais au fil du temps, la plupart des CIO ont choisi de ne pas se laisser enfermer par un seul fournisseur de cloud. Avec comme résultat qu’une majorité écrasante d’entreprises ont préféré un modèle multi-cloud avec par exemple deux fournisseurs de cloud public, avec éventuellement en plus un cloud privé. Or chaque cloud a souvent ses propres équipes techniques – les trouve-t-on encore facilement? -, tandis que l’interopérabilité n’est pas évidente, que la fragmentation de la sécurité constitue un défi et que la complexité de l’ensemble ne fait croître. “C’est ce que j’appelle le chaos du cloud et ce qui empêche actuellement les CIO de lancer des projets de numérisation plus intelligents, explique encore Raghuram. Les CIO évoquent la période actuelle comme les années du ‘Great Re-platforming’ de leur entreprise. Mais avant cela, ils devront d’abord surmonter le chaos du cloud.”

Et Raghuram de mettre en avant trois obstacles à surmonter pour réussir la transformation numérique. “D’abord, il y a une pénurie gigantesque de talents à l’échelle mondiale, que ce soit dans le développement de logiciels ou l’exploitation du cloud. Ensuite, l’importance des applis d’entreprise est très grande. Or il s’agit d’applis qu’il est difficile de moderniser et de migrer dans le cloud. Enfin, la fragmentation et la sécurité des applications dans les différents clouds constitue un handicap majeur.”

Plutôt que le ‘what’s next’, je préfère le ‘what’s current’

Architecture ‘cloud smart’

Pour relever ces défis, les entreprises doivent selon VMware se doter d’une architecture cloud intelligente, une architecture qui permet à toutes les équipes de mieux gérer la complexité engendrée par ces environnements multi-cloud. “Grâce à cette approche, il est possible de choisir facilement le cloud qui convient le mieux à l’application concernée”, explique encore le CEO. Une telle approche ‘cloud smart’ permettra également d’accélérer le développement d’applications – une problématique qui concerne tous les CIO – et d’offrir aux utilisateurs finaux une expérience fluide sur l’ensemble des applications – autre défi que doivent affronter les CIO. Avec comme fondements – vous l’aurez deviné – les produits de VMware parmi lesquels vSphere 8 (hyperviseur, conteneurs, etc.), vSAN 8 et NSX (virtualisation réseau).

Et la durabilité?

“Cette transition vers le cloud intelligent et le trajet pour y parvenir sont également importants en Belgique où le chaos du cloud existe également, confie Erik de Geus, directeur général Benelux de VMware dans un entretien à Data News. De nombreux CIO belges et néerlandais sont certes satisfaits du replatforming qu’ils sont en train d’effectuer, mais souhaitent l’accélérer. J’ai l’impression que le marché IT recherche désormais des solutions susceptibles d’accélérer leur transformation. Mais la question qui suit presque systématiquement chez bon nombre de clients est de savoir si ces solutions sont également durables, ce dont nous tenons évidemment compte dans nos logiciels.”

C’est ainsi qu’Aria est une couche d’orchestration dans laquelle la durabilité joue un rôle important. “A terme, nous évoluerons vers un scénario où il sera possible, pour chaque charge de travail ou application, de calculer très précisément l’impact d’une adaptation. Ainsi, quel est le coût de migration d’une charge de travail d’un cloud vers un autre? Mais aussi et surtout: quel est l’impact sur les coûts énergétiques?, explique encore de Geus. Aria permet d’avoir une vue d’ensemble sur les coûts et de rendre la consommation énergétique plus claire, puis permet de prendre ensuite des mesures concrètes, comme un meilleur équilibrage en interne. Il s’agit d’un thème qui parle au marché local.”

Quid de Broadcom?

Si la reprise imminente de Broadcom a largement été commentée par la presse et les visiteurs à Barcelone, il ne fut guère question de déclarations officielles. Le CEO de VMware, Raghu Raghuram s’est tu dans toutes les langues et s’est contenté de répéter que dans la structure post-rachat de Broadcom, le nom du fondeur sera conservé et que l’entité Logiciels continuera à opérer sous l’appellation VMware. Les associations européennes de CIO et d’utilisateurs ont toutefois montré des signes d’inquiétude tandis que la Commission européenne a insisté sur le palmarès de rachats de Broadcom qui, avec les reprises de CA Technologies en 2018 et de Symantec en 2020, n’a pas particulièrement bien réussi. “On parle surtout beaucoup du passé, mais je remarque avant tout que Broadcom investit beaucoup de temps et d’argent pour bien comprendre VMware, estime de Geus à ce sujet. Dans le cadre de VMware Explore à San Francisco, le CEO de Broadcom était d’ailleurs très présent. Il me semble qu’il voulait garder l’ADN de VMware et qu’il respecte notre culture d’entreprise. En soi, c’est une bonne chose que les clients s’expriment sur un rachat, mais je préfère jeter un regard positif sur l’avenir.”

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