‘Ne dites plus conférence, dites festival business’
Kristof van der stadt, Rédacteur en chef de Data News, à propos de la festivalisation de l’IT
Récemment, j’étais invité aux 20 ans d’ADM, l’un des plus grands réseaux professionnels du pays en IT. Outre le traditionnel bilan d’activités, l’heure était aussi aux prédictions. Pour évoquer non seulement l’avenir de l’IT, mais aussi celui d’un réseau comme ADM. Car qu’on le veuille ou non, tout événement de réseautage IT moderne se pare aujourd’hui de gris, de bleu et de noir : des hommes grisonnants dans leur costume bleu foncé et leur veste noire. Ces couleurs ne trahissent nullement la qualité de l’événement, mais bien l’absence de diversité et l’âge moyen. La soirée ADM a vu monter sur le podium 3 générations différentes : le fondateur Christian Leysen, le président Jan De Schepper et Tessy Martens qui représentait la jeune génération.
La présentatrice Ihsane Chioua Lekhi l’aborda avec une prise de position forte : ” Les jeunes ne veulent plus réseauter “, suivie d’un commentaire sur l’équilibre travail/vie privée. Mais Tessy lui fit remarquer qu’il ne s’agissait pas d’une question de ne pas vouloir. Oui, la jeune génération – et je n’emploie pas à dessein le terme ‘millennial’ – s’intéresse davantage à l’équilibre entre vies professionnelle et privée. Ceux qui parlent de ‘millennials’ adoptent volontiers un ton railleur, mais à tort. ” Les jeunes sont prêts à réseauter s’ils y voient une plus-value et si cela s’inscrit dans leur mode de vie. Pourquoi ne pas combiner sport et réseautage ? “, s’interroge Tessy. Avec le Hercules Trophy, notre pays montre d’ores et déjà l’exemple. Par ailleurs, nombre d’acteurs IT organisent entre-temps des événements qui joignent l’utile à l’agréable. En l’occurrence, il n’est pas seulement question de sport, mais de fertilisation croisée avec la culture, la musique ou le cinéma.
Ne dites plus conférence, dites festival business.
Et pourquoi ne pas voir plus large et envisager la festivalisation de l’IT. Le phénomène vient en droite ligne des Etats-Unis où notamment Burning Man (Black Rock Desert dans le Nevada) ou SXSW (South by SouthWest à Austin au Texas) sont déjà largement connus comme des événements à grande échelle où se côtoient cinéma, musique, médias et technologie. Dans notre pays, on a vu apparaître cette année and& (Louvain), un événement pluridisciplinaire qui s’inspire de SXSW et où l’innovation occupe une place centrale. Et à l’automne se tiendra à l’Eilandje d’Anvers le SuperNova, ” un événement international ambitieux sous le signe de l’avenir “, dixit le communiqué d’annonce. Les organisateurs, Flanders DC et Scale-Ups.eu, proposeront des experts de format mondial, tout en cherchant à mettre en relation le monde du capital-risque et des scale-up. Et un spectacle public sera également au programme.
Entre-temps, les organisateurs de festivals de musique ont également franchi le pas. Pour preuve, l’offre de réseautage B2B ne cesse de croître à Tomorrowland. Et cette année encore, les fournisseurs invitent leurs clients, partenaires et prospects à une après-midi et une soirée de contact avec Tomorrowland comme toile de fond.
Et la festivalisation de l’IT s’invite même sur des salons traditionnels, avec le CeBIT comme exemple le plus récent et sans doute le plus évocateur. A son apogée, le Centrum der Büro und Informationstechnik attirait 700.000 visiteurs, contre à peine 200.000 cette année. L’organisateur Deutsche Messe a abandonné le froid de février pour la chaleur de juin. Et le CeBIT ne se positionne plus comme le plus grand salon d’informatique en Europe, mais bien comme ” Europe’s Business Festival for Innovation and Digitization “, inspiré par des conférences pour start-up comme Slush et The Next Web. Avec succès ? Notre plus jeune journaliste est en tout cas plus enthousiaste que jamais. Et aura-t-il élargi son réseau ?
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