La durabilité comme argument de vente

En dépit de la pandémie, de la crise climatique et de la récession qui se profile, SAP constate que ses clients de longue date ne doutent désormais plus. Ceux-ci veulent avancer. Reste que l’époque des projets gigantesques est révolue et que ce qui est petit est mignon.

La conférence Sapphire organisée par SAP juste avant l’été à La Haye avait clairement pour thèmes la durabilité et le climat. Durabilité, intelligence et résilience sont d’ailleurs les trois domaines vers lesquels les entreprises doivent évoluer, estime Scott Russell, administrateur chez SAP et responsable du Customer Success. Autant de facteurs importants en 2022 pour le fonctionnement interne de l’entreprise, mais aussi pour ses clients, le marché et les régulateurs.

“Les chefs d’entreprise que j’ai rencontrés craignent davantage de ne pas changer que de tout conserver en l’état. Ils connaissent leur secteur et la concurrence à venir, tant dans les grandes entreprises que dans les PME, et nous demandent donc de les assister dans ces changements. La question n’est désormais plus de savoir ce que l’on peut faire, mais plutôt de savoir à quelle vitesse il est possible d’évoluer car il n’est plus possible d’attendre.”

Si ce discours peut apparaître à première vue comme un argument marketing, un peu comme chaque entreprise technologie a eu à l’époque sa phase ‘verte’ dans le sillage du succès du documentaire ‘Une vérité qui dérange’. Mais SAP insiste sur le fait que ses produits constituent souvent les engrenages du fonctionnement des entreprises, engrenages qu’il faut faire évoluer pour atteindre les objectifs écologiques fixés.

“Nous vivons une époque inédite, estime Thomas Saueressig, également administrateur et responsable de l’ingénierie produit. Tant la nécessite de faire changer le métier que l’obligation de s’adapter aux changements climatiques se font toujours plus pressantes.” Sauerissig rappelle encore qu’au cours des 50 dernières années, le nombre de catastrophes naturelles a été multiplié par 5. L’ambition de SAP est de prendre en compte les défis auxquels fait face son secteur. “La durabilité ne peut pas être une simple stratégie. Votre stratégie doit être durable.” Et il est impossible de se contenter de compenser les vols en avion par des certificats de CO2. “Il faut s’attaquer à l’approvisionnement éthique, à la politique RH diverse, à la transparence, etc.” Et de citer l’exemple typique du café. “Entre le grain brut du Brésil et le café dans votre tasse, on recense en moyenne 29 entreprises réparties dans 18 pays. Et dans le secteur automobile, la complexité est plus grande encore. Il est indispensable d’améliorer ces processus.”

La demande augmente plus rapidement que l’afflux de nouveaux candidats. Il s’agit là d’un défi majeur, pas seulement pour SAP d’ailleurs.

Et pour ce faire, une plus grande transparence est indispensable. Jesper Schleimann, Strategy & Innovation Officer pour l’EMEA North chez SAP, met en avant trois éléments. “Le premier est davantage de transparence et une grande part de la transparence des données est déjà présente dans votre entreprise. Le deuxième est le contexte interne: intégrer la durabilité des données dans vos principaux processus et collecter les données dans l’ensemble de l’organisation. Et le troisième élément consiste à faire percoler cette durabilité dans tout votre réseau, depuis les fournisseurs jusqu’aux partenaires.” Bref, les outils de SAP utilisés depuis des décennies dans les entreprises doivent être alignés sur notre époque et ne peuvent pas être une boîte noire que personne ne peut ouvrir pour en connaître le fonctionnement exact.

Pas uniquement pour le climat

Même si vous n’êtes pas concerné par une planète sans catastrophes naturelles ou pénurie d’eau potable, cette transparence est importante et nécessaire pour rester flexible. “L’agilité est une notion galvaudée, mais reste nécessaire pour s’adapter en continu, poursuit Saueressig. Autrefois, la durée de vie d’une entreprise était de 75 ans en moyenne. Aujourd’hui, elle n’est plus que de 15 ans. Vous verrez surgir votre principal gros concurrent dans 4 ans au maximum.” Autant d’éléments qui font qu’il est plus important que jamais d’avoir des processus transparents, optimisés et capables de proposer une analyse de l’empreinte écologique.

Autre tendance de fond, le fait qu’il ne s’agit plus de projets gigantesques. Aucune entreprise ne veut entamer un projet qui s’étend sur 6 à 7 ans, estime-t-on chez SAP. Simplement parce que la réalité aura changé après 5 ans. “Nous ne voyons plus d’implémentations de longue durée et à titre personnel, je n’y suis pas favorable, même si nous souhaitons continuer à aider les entreprises, confie encore Scott Russell. Je vois des entreprises lancer des programmes qui ne sont pas prêts. Mais elles ne veulent pas les atteindre parce que leurs concurrents les ont démarrés. Cela fait longtemps que la question n’est plus de savoir pourquoi l’entreprise doit se transformer, mais comment elle doit le faire, car la pérennité de l’entreprise dépend du résultat de cette transformation, mais aussi de la manière d’y arriver.”

“L’accent est désormais mis sur des initiatives plus modestes qui peuvent ensuite s’étendre”

Stijn De Beuckeleer est depuis mars 2020 directeur général de SAP Belgique et Luxembourg. Ces deux dernières années ont été chaotiques, mais il constate que dans les entreprises belges, la pandémie a été l’occasion de rompre avec le passé dans certains domaines. “Certains clients n’auraient pas accepté par le passé des réunions par vidéo, estimant qu’elles étaient moins intéressantes qu’une réunion en présentiel. Mais les choses changent désormais.”

La durabilité ne peut pas être une simple stratégie. Votre stratégie doit être durable.

La pandémie a-t-elle été un accélérateur de la transformation numérique en Belgique?

STIJN DE BEUCKELAER: Elle a induit plusieurs effets positifs, dont l’accélération en est certainement un. Surtout au début où les gens ont subitement eu davantage de temps car d’autres tâches avaient disparu. Mais après quelques semaines, on a constaté que la panique s’amenuisait et que beaucoup de choses reprenaient leur cours normal. Les secteurs dans lesquels nous sommes actifs ont continué à bien fonctionner et en tant que SAP, nous avons constaté que la demande de transformation restait présente. Par ailleurs, nous avons remarqué que l’accent était davantage mis sur de plus petites initiatives qui pouvaient par la suite s’étendre, plutôt que sur de grands projets. Dans le secteur public également, des projets de niche se développent qui prennent par la suite une taille plus importante.

En va-t-il de même pour la durabilité, comme l’ont indiqué vos collègues lors de cette conférence?

DE BEUCKELAER: La durabilité a été beaucoup à l’ordre du jour voici 2 à 3 ans, mais désormais, il ne s’agit pas uniquement de faire du rapportage, ce qui est souvent obligatoire. Aujourd’hui, la priorité des entreprises consiste à intégrer la durabilité dans leurs processus, dans leurs achats, leurs déplacements, au niveau de leurs partenaires logistiques et de leur production interne. De nombreuses entreprises, souvent cotées en Bourse, s’y attachent maintenant et bon nombre de leurs processus tournent sur SAP.

Cela dit, il convient de faire la différence entre IT verte et durabilité. On trouve certes des centres de données plus économes en énergie, mais à nos yeux, le défi est celui de la durabilité des processus: ainsi, lorsque vous achetez un produit, savoir quelle est l’empreinte CO2 de ce processus d’achat.

Constatez-vous également que cette tendance touche aussi les nouveaux clients?

DE BEUCKELAER: Nous comptons actuellement quelque 2.000 clients en Belgique. La plupart des grandes entreprises sont clientes chez nous et pratiquement toutes les sociétés du Bel20. Evidemment, la Belgique ne compte pas 2.000 grandes entreprises. Une centaine sont dans ce segment, tandis que le reste sont des moyennes ou plus petites entreprises. Et nous les accompagnons souvent dans leur croissance. Soudal est cliente de SAP depuis 20 ans déjà, mais la société est désormais 10 fois plus grande et nettement plus internationale qu’à l’époque.

La transformation numérique réussit-elle mieux dans une plus petite organisation, ou pas forcément?

DE BEUCKELAER: Beaucoup dépend de la dynamique, du type de gestion et de la culture d’entreprise. Fixer un objectif clair est indispensable: pourquoi le fait-on et quelle est la motivation. Par ailleurs, l’implication de chacun est un facteur clé de succès, plus que les outils que l’on met en place. Si les collaborateurs ne sont pas derrière le projet et que celui-ci est piloté depuis la direction générale, le risque d’échec est plus élevé.

Voici quelques années, SAP a lancé une grande campagne visant à attirer des consultants. Où en est désormais cette opération?

DE BEUCKELAER: Tant en interne qu’au niveau des partenaires, nous faisons beaucoup d’efforts pour élargir la communauté SAP. Nous nous adressons aux jeunes diplômés, aux personnes qui veulent se reconvertir, aux chômeurs. Mais la demande augmente plus rapidement que l’afflux de nouveaux candidats. Il s’agit là d’un défi majeur, pas seulement pour SAP d’ailleurs.

De nouvelles technologies comme le low-code ou le no-code peuvent-elles apporter une réponse?

DE BEUCKELAER: En partie, et l’intérêt est grand. Voici 20 ans, SAP était très gourmand en main-d’oeuvre. Mais désormais, il existe beaucoup plus de bonnes pratiques qui sont partagées, tandis que des systèmes préconfigurés existent pour certains secteurs industriels ou fonctions spécifiques dans l’entreprise. Dès lors, il y a besoin de moins de ressources pour faire le même travail. Mais cela ne compense pas la très forte croissance de SAP, ce qui explique cette demande pressante. Un projet ne sera jamais ‘plug & play’ comme c’est le cas pour MS Office qui est prêt en quelques minutes.

Nos solutions sont constituées de code, mais les extensions sont programmées en low-code et no-code, ce qui nous permet de limiter le besoin de personnel.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire