Gartner: la ‘composability’ permet la résilience des organisations IT

© DESSIN JULIANE NOLL

Les CIO et directeurs IT qui mettent en oeuvre la ‘composabilité’ pour lutter contre la rupture permanente sont mieux armées pour rendre leur organisation plus résiliente et flexible. Explications.

L’échéance est incontournable: le Gartner IT Symposium/Xpo qui se tient traditionnellement en novembre à Barcelone et rassemble les CIO et directeurs IT des 4 coins de l’Europe s’est déroulé de manière virtuelle en cette année de coronavirus. Pas de podium donc, notamment pour Daryl Plummer, ‘chief of research’ auprès du cabinet Gartner, mais un discours inaugural pour donner le ton de la conférence, à savoir le concept de ‘composability’, et constituer du même coup le fil rouge de la conférence.

La ‘composabilité’ est une méthode permettant aux CIO et directeurs IT de mieux gérer le flux interrompu de ruptures – avec toujours la Covid-19 aux avant-postes – auxquelles sont confrontées leurs organisations. Objectif? Mieux armer les entreprises face à ces changements et ces menaces, et donc être plus résilient et flexible – agile en d’autres termes.

Accepter le changement comme norme

Selon les analystes de Gartner, un ‘composable business’ commence par l’acceptation que les changements de rupture sont désormais la norme et qu’il faut toujours avoir à l’esprit la planification résiliente. Cette approche soutient les entreprises qui font face à des ruptures dans la technologie numérique pour leur permettre d’aborder les choses de manière modulaire, en combinant et en alignant différentes fonctions organisationnelles pour obtenir les résultats escomptés. Cette ‘composabilité’ supporte l’entreprise qui décèle – ou découvre – que des changements sont nécessaires, puis fait appel à des entités autonomes pour réagir de manière créative.

“Le ‘composable business’ représente une accélération naturelle du métier numérique dans lequel vivent chaque jour les organisations, explique Daryl Plummer. Il permet aux organisations de se montrer finalement résilientes et flexibles, comme l’exige cette période passionnante.”

Et que constate-t-on: que la région EMEA arrive pour une fois en tête du classement en tant qu’exemple du ‘composable’ ultime. Paul Saunders, ‘senior research director’ chez Gartner: “Cela fait des milliers d’années que les organisations EMEA sont intégrées, adaptées, constituées et à nouveau scindées, bref en développement permanent. En ces temps de rupture et de volatilité, c’est plus que jamais important.”

Blocs de construction

Dans son discours inaugural du Gartner IT Symposium, l’analyste Don Scheibenreif a expliqué qu’un ‘composable business’ débutait par 3 blocs de construction: le ‘composable thinking’ qui permet de ne jamais oublier la pensée créative, la ‘composable business architecture’ qui permet d’intégrer la flexibilité et la résilience dans la structure de l’entreprise, et les ‘composable technologies’, entendez les outils d’aujourd’hui, mais certainement aussi de demain.

‘De belles paroles’, ‘plus facile à dire qu’à faire’ ou encore ‘nous n’y arriverons jamais’, entend-on déjà dire. Mais un élément pourrait jouer en faveur du CIO: le ‘momentum’. “Durant la pandémie de la Covid-19, la plupart des CIO est parvenue à mieux rentabiliser les investissements numériques en cours dans leur organisation. De même, certains CIO sont parvenus à accélérer leur stratégie numérique en investissant dans l’un des 3 blocs de construction composables”, estime l’analyste Tina Nunno.

Pour s’assurer que leur organisation soit résiliente durant la pandémie, de nombreux CIO ont appliqué – parfois inconsciemment – au moins l’un des 4 principes critiques de la composabilité: vitesse accrue, flexibilité plus grande grâce à la modularité, meilleur leadership par une bonne orchestration et résilience du fait de l’autonomie.

Les blocs de construction peuvent être basculés pour saisir une nouvelle opportunité ou changés pour s’adresser à une autre catégorie de clients ou générer de nouveaux flux de revenus. Bref, penser de manière modulaire et exécuter.

Gartner cite l’exemple d’un grand distributeur chinois (dont le nom n’est pas mentionné) qui a déployé la ‘composabilité’ dans le cadre de la restructuration de ses activités. Grâce au ‘compasable thinking’, le distributeur a opté d’orienter les blocs de construction sur la diffusion en vidéo des activités de vente. Un tel ‘livestreaming sales’ – songez à un influenceur qui vante des produits par l’image, en quelque sorte le télévendeur d’hier – est entre-temps devenu une tendance de fond dans l’e-commerce chinois et qui va déferler sur nos pays. D’ici la fin de l’année, l’EBI (E-Business Institute) s’attend à quelque 524 millions d’utilisateurs de cette diffusion vidéo en ligne en Chine. Soit quelque 40% de la population chinoise et 62% de l’ensemble des internautes du pays.

Les CIO européens s’attendent à une augmentation moyenne de 2,7% de leur budget IT.

Mais en changeant son fusil d’épaule, le distributeur chinois est donc parvenu à réorienter plus de 5.000 vendeurs et collaborateurs de magasin pour en faire des hôtes de diffusion vidéo. Avec succès puisque le revendeur n’a dû licencier personne tandis que la perte de chiffre d’affaires a été minime.

Rester calme et persévérer

“Durant l’année 2020, les CIO et directeurs IT ont clairement pu garder leur calme et fourni une valeur énorme à leur organisation, note encore Nunno. Mais pour garder le cap dans les prochaines années, la composabilité se révèle indispensable.”

Car en dépit des efforts déjà consentis, les entreprises ne prévoient pas d’augmenter sensiblement leur budget IT total en 2021. ‘Faire plus avec moins’ restera le leitmotiv de nombre d’organisations – surtout dans les secteurs fortement impactés par la Covid-19. Mais tout n’est pas à ce point morose. Ainsi, une enquête de Gartner auprès de CIO montre que les répondants européens sont en général les plus positifs sur les prévisions budgétaires pour 2021. Une augmentation moyenne de 2,7% du budget IT apparaît comme le meilleur score dans l’ensemble des régions du monde. Même si le cabinet constate un certain glissement. “Nous avons constaté un déplacement des dépenses organisationnelles vers l’IT, en dépit d’une baisse du budget total. La pandémie a accéléré ce mouvement, ajoute Jan-Martin Lowendahl, analyste. Je m’explique d’une part par des évolutions en interne, comme le transfert de budget RH et finances vers l’IT. Mais, d’autre part, on constate un basculement du sur-site vers le cloud.” Ainsi, 49% des répondants EMEA prévoient une hausse des dépenses liées au cloud, alors que 32% anticipent une baisse en termes d’infrastructure et de centres de données.

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