3 manières de se différencier en 2022 pour le CIO

© illustratie Eva Lynen
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Les CIO et les directeurs IT doivent rechercher d’autres manières de générer de la plus-value. Tel est le constat posé par le cabinet Gartner qui synthétise ce défi en trois priorités.

Where next? Telle est la question centrale que s’est posée Gartner face à un public en virtuel au cours de son IT Symposium annuel. Question un peu rhétorique certes, car les analystes avaient préparé une montagne de présentations en réponse à la conférence organisée durant 4 jours en virtuel. Dès la présentation inaugurale, le ton était donné. “La rupture liée à la pandémie doit être pour les CIO et directeurs IT l’occasion de chercher à générer de la valeur d’une manière fondamentalement différente”, a estimé Mbula Schoen, senior research director chez Gartner. Dans un premier temps, ces responsables IT doivent veiller à ce que le ‘travail en tout lieu’ soit non seulement une réalité, mais également qu’il soit possible de gérer et d’encadrer le personnel n’importe où. Par ailleurs, l’écosystème doit constituer un point d’attention majeur. Un troisième chantier portera sur ce que Gartner résume sous l’intitulé Reach Beyond the Where: essayer de briser les carcans de la pensée actuelle. Permettez-nous d’entrer dans le détail de ces trois priorités.

1. Le travail à distance? C’est le point de départ!

Gartner prévoit que d’ici la fin 2022, le nombre de travailleurs intellectuels en télétravail – à domicile donc – atteindra jusqu’à 47%, soit un doublement par rapport à aujourd’hui. En 2019, ils n’étaient encore que 27%. Certes, le CIO aura profité de la pandémie pour mettre en place le télétravail où il était possible ainsi que pour le faciliter ou l’optimiser si nécessaire. Mais il lui faudra aller plus loin. “Notre enquête montre que 14% seulement désirent continuer à travailler à temps plein au bureau, tandis que 19% préféreraient ne plus jamais devoir revenir au bureau. Cela signifie que les CIO doivent se montrer particulièrement flexibles pour prendre en compte cette réalité, analyse Mbula Schoen. Mais passer d’un travail sur-site à un travail à distance ne constitue en fait qu’un point de départ. Les CIO doivent vraiment investir dans le digital workplace innovation. Ne serait-ce que pour ne pas voir partir les talents dans la mesure où il s’agit de l’une des motivations pour lesquelles un nombre croissant d’informaticiens envisagent de changer d’emploi.” Oui, la guerre des talents fait à nouveau plus que jamais rage. Or pour attirer et fidéliser les ressources IT, Gartner avance trois méthodes concrètes.

Construisez un poste de travail en prenant l’employé comme point de départ

Avec un human-centric workplace, Gartner évoque un environnement de travail susceptible d’une part d’améliorer la productivité et, d’autre part, de stimuler l’innovation, l’emplacement géographique et la technologie étant par ailleurs accessoires. Les avantages? Des collaborateurs moins fatigués et moins de risque de voir les informaticiens chercher ailleurs, tout en améliorant les performances du personnel.

Misez sur les ‘business technologists’

“Alors que la shadow IT – l’utilisation de logiciels ou d’applications sans le consentement ou à l’insu du département IT – a souvent une connotation négative, les ‘business technologists’ sortent de l’ombre”, estime Mbula Schoen. Selon l’enquête de Gartner, 41% de l’ensemble des collaborateurs répondent à la définition de ‘business technologist’: des employés qui travaillent en dehors du département IT, mais disposent de compétences technologiques ou analytiques et peuvent être directement impliqués dans des projets d’entreprise internes ou externes. “Oser faire appel à eux, car toutes nos études montrent que les organisations qui le font parviennent à atteindre leurs objectifs numériques bien plus rapidement que d’autres”, précise Gartner.

Construisez en interne une ‘place de marché des talents’

Une telle place de marché interne pour les talents s’appuie sur l’intelligence artificielle (IA) en combinaison avec les données des compétences personnelles de chacun. Cet outil peut constituer pour de nombreuses entreprises une solution au défi du recyclage (éventuel) de collaborateurs. Mais il peut aussi servir à ‘flexibiliser’ les collaborateurs en fonction de nouvelles missions ou de les orienter à très court terme vers un autre projet. Avantage supplémentaire: il s’agit là non seulement d’une plus-value pour l’entreprise, mais offre ainsi aux collaborateurs de nouvelles perspectives pour relever en interne un nouveau défi.

2. Appuyez-vous (à nouveau) sur un vaste écosystème

Dans le prolongement de cette présentation inaugurale, le vice-président distingué de la recherche Hung LeHong a surtout insisté sur l’importance de l’écosystème. “83% des entreprises constatent une augmentation de la demande d’applications numériques. Et signe encourageant: la pandémie ouvre de nouvelles perspectives. En raison de la crise, certaines règles ont été assouplies et d’autres en revanche renforcées. Il en résulte une incitation très forte à induire des changements, et surtout des changements que l’on estimait impossibles voici peu encore”, estime LeHong qui ne mâche pas ses mots. “L’IT occupe désormais une position qui lui permet d’aborder les problèmes à un niveau mondial. Les CIO doivent capitaliser sur l’accélération numérique induite par la pandémie pour aller de l’avant. Pour viser de nouvelles améliorations numériques dans les soins de santé, l’enseignement, l’industrie, la distribution et le secteur public. Mais le CIO ne peut pas le faire seul. Il a donc besoin de partenaires et doit agir différemment qu’avant le coronavirus.” Un nouvel écosystème où les directeurs IT devront faire la distinction entre les partenaires entre one-to-one, one-to-many et many-to-many.”

One-to-one

Un partenaire personnel one-to-one devra de préférence atteindre un niveau supérieur et devenir ce que Gartner appelle un ‘partenariat génératif’: une entreprise qui collabore en profondeur avec un partenaire technologique pour construire ensemble des solutions qui n’existent pas encore. Et qu’adviendra-t-il du résultat final? Il restera la propriété des deux parties qui en retireront ensemble les fruits – et donc les revenus. De tels partenariats génératifs se généraliseront dans le futur et Gartner prévoit que les dépenses IT générées dans le cadre de tels partenariats augmenteront de 31% dans les 5 prochaines années.

One-to-many

Les partenariats one-to-many sont plus larges et sont plutôt un écosystème de plusieurs partenaires technologiques. Une telle approche convient plutôt lorsqu’une organisation a besoin de plusieurs partenaires pour résoudre un problème déterminé, comme les partenariats public-privé (PPP) qui peuvent profiter aux citoyens.

Many-to-many

Comme leur nom l’indique, ces partenariats many-to-many portent sur de nombreux partenaires technologiques ainsi que différents produits et services de plusieurs entreprises qui les proposent à un grand nombre de clients. Typiquement, il s’agit de places de marché, de boutiques d’applis ou de magasins d’API.

“Que les choses soient claires: le CIO devra devenir un expert en partenariats. Il appartiendra au CIO d’attirer les bons partenaires et de développer les partenariats en fonction des problèmes à résoudre”, précise encore LeHong.

3. Voyez plus loin, prenez plus de risques

Ce message trouve écho auprès de son collègue Daryl Plummer. “Le CIO doit avoir conscience qu’il ne pourra pas relever seul tous les défis du futur et qu’il aura donc parfois besoin d’un ami. Et dans certains cas, il aura même besoin de l’ensemble du village pour aborder les problèmes mondiaux. Dès lors, si vous me posez la question de savoir ‘What’s next? ‘, ma réponse sera surtout d’abandonner les systèmes hérités, de faire fi du passé et de ses préjugés. Osez voir plus loin et prendre des risques. Osez aborder les problèmes de plus grande ampleur que par le passé. Pour les CIO, la bonne nouvelle est aussi que les budgets IT devraient progresser de 6,2% l’année prochaine.”

Et Plummer de considérer la problématique de la vie privée comme l’un de ces problèmes mondiaux. “40% des gens souhaitent divulguer moins de données personnelles d’ici 2024, ce qui rendra leur monétisation plus difficile. Cela aura un impact sur l’authentification, la vie privée et la sécurité. A nos yeux, la solution réside à ce niveau dans une combinaison d’apprentissage machine et de données synthétiques”, estime encore Plummer.

Ces données synthétiques sont générées sur la base de données réelles. Ces données synthétiques ont la même apparence, la même signification et le même ressentie que l’original. Un jeu de données synthétiques peut donc être utilisé aux mêmes fins qu’un jeu de données originales et déboucher sur les mêmes analyses et corrélations – mais en étant anonymisées. Aucun point de donnée synthétique ne peut être rapproché du point de donnée original dans le jeu de départ, ce qui permet de l’utiliser parfaitement pour des solutions où la vie privée est un point sensible. “Peut-être pourrions-nous intégrer la cybersécurité dans un modèle IA fédéré comme solution à tout. Dans ce cas, il n’y aura plus jamais besoin de se demander si, lors d’une attaque de rançongiciel, il faut ou non payer la rançon aux pirates. Une idée absurde? Les idées absurdes sont souvent tournées en ridicule, jusqu’à ce qu’elles deviennent réalité”, conclut l’analyste.

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