Mark Zuckerberg mise sur la confidentialité, mais s’abstient de parler du modèle commercial de Facebook
Facebook fera automatiquement disparaître les anciens messages, introduira le cryptage bout à bout dans tous les services de clavardage (chat) de l’entreprise et collectera moins de données personnelles. Voilà du moins ce que promet son CEO Mark Zuckerberg dans un message posté sur le réseau social.
Dans le message du CEO de Facebook, on trouve trois innovations concrètes, dont les deux premières avaient été abordées le mois dernier déjà lors de la présentation des chiffres trimestriels de l’entreprise.
Primo, Zuckerberg répète qu’il veut intégrer davantage WhatsApp, Instagram et Facebook Messenger. Il devrait par exemple être possible d’envoyer des messages via Messenger vers des utilisateurs de WhatsApp ou d’Instagram et vice versa. L’idée sous-jacente, c’est que l’expéditeur ne doive pas se demander quel service de chat le destinataire utilise précisément. Zuckerberg ajoute à présent qu’il pourra s’agir tout aussi bien de messages SMS, et qu’il envisage aussi de supporter RCS. Précédemment déjà, il était apparu que Google voulait utiliser cette norme pour créer une nouvelle appli de messagerie, appelée à succéder au SMS.
Clavardage discret
Secundo, Zuckerberg insiste sur le fait que l’intégration des services de messagerie ne doit pas signifier que le cryptage bout à bout va disparaître de WhatsApp. Qui plus est, il veut aussi introduire ce cryptage dans Messenger et dans la fonction de clavardage d’Instagram.
Dans WhatsApp, le cryptage bout à bout s’applique par défaut depuis avril 2016 tant pour les messages de texte que vocaux. Il en résulte que tous les messages sont cryptés dès le moment où ils sont envoyés, jusqu’à celui, où ils sont lus sur un autre téléphone. Techniquement parlant, aucune personne extérieure ne peut les lire, même pas les services de police en possession d’un mandat.
Moins de données personnelles collectées
Tertio, Zuckerberg souhaite étendre la philosophie sous-jacente à la fonction Stories, par laquelle les messages disparaissent au bout de 24 heures. Le même principe pourrait par exemple s’appliquer à l’ensemble des messages publics, dont vous ne voulez pas qu’ils vous embarrassent soudainement après quelques années.
‘Les messages pourraient par exemple être supprimés par défaut au bout d’un mois ou d’un an’, indique Zuckerberg. L’important, c’est qu’il ajoute que les métadonnées (quand quelqu’un a écrit un message spécifique) seront également supprimées: ‘Nous utilisons ces données pour effectuer nos contrôles de spam et de sécurité, mais nous ne devons pas toujours les conserver longtemps. Un élément important de la solution est d’abord de collecter moins de données personnelles. C’est le principe sur lequel WhatsApp a été conçu dès le début.’ Ce que Zuckerberg ne dit pas, c’est que les métadonnées des messages WhatsApp seront, elles, bien conservées.
Une question restée sans réponse
Le fait que Zuckerberg joue résolument la carte de la confidentialité à un moment, où toujours plus de gens prennent conscience de la façon dont leurs données personnelles sont utilisées, n’est pas une surprise. Le patron de Facebook prévoit que les réseaux de communication misant sur le respect de la vie privée deviendront plus populaires que les réseaux ouverts, et il entend y réagir avec son entreprise. Il faudra cependant voir si Facebook deviendra réellement une plate-forme orientée confidentialité ou bien si elle fera uniquement comme si… Surtout compte tenu du passé historique de l’entreprise.
‘Je comprends que pas mal de personnes ne vont pas croire que Facebook peut devenir ce genre de plate-forme orientée confidentialité ou qu’elle veut en créer une qui le soit, parce qu’honnêtement parlant, nous ne jouissons pas d’une très bonne réputation’, avoue encore Zuckerberg.
Le CEO aurait pu gommer une grande partie de ce scepticisme en répondant à une question qu’il a délaissée et qui est la suivante: comment pense-t-il combiner ses services orientés confidentialité et le modèle commercial de son entreprise? Si les messages disparaissent effectivement du réseau social après un certain temps, si les messages sont réellement cryptés dans Messenger et si moins de données personnelles sont collectées, cela deviendra en effet nettement plus malaisé pour Facebook de proposer de la publicité personnalisée. En jouant la carte du respect de la vie privée, Zuckerberg semble donc vouloir se tirer une balle dans le pied. Et pourquoi ferait-on confiance en quelqu’un qui déclare qu’il va agir ainsi?
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