Les pratiques utilisées par les escrocs télécoms

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Pieterjan Van Leemputten

Alors que le nombre de plaintes à l’encontre des opérateurs diminue, celui concernant le harcèlement téléphonique ne fait que croître. Le service de médiation des télécommunications a identifié plusieurs pratiques d’escroquerie récurrentes.

Le nombre de plaintes ciblant les appels indésirables a grimpé de 1.489 en 2018 jusqu’à 2.313 en 2019. Souvent (dans 25,06 pour cent des cas), il s’agit de litiges personnels, mais une grande partie porte aussi sur des tentatives d’escroquerie allant parfois jusqu’à dix mille euros.

Allo, c’est Microsoft’

18,21 pour cent des dossiers en matière d’appareils mal intentionnés portent sur de l’hameçonnage (‘phishing’) sous diverses formes. On y trouve notamment une plainte de quelqu’un qui a été appelé par un ‘extralucide’ et qui a dû effectuer certaines manipulations. Ensuite, Proximus l’avertit que la facture téléphonique était anormalement élevée.

Une pratique plus connue, ce sont les coups de téléphone provenant soi-disant de ‘Microsoft Global Security’. Ici, les criminels tentent de faire exécuter par leur victime des choses sur son PC pour pouvoir accéder au système (et si possible aussi à son compte en banque).

Point étonnant: des escrocs utilisent aussi ‘Security de Telenet’ pour se camoufler. La victime s’entend dire qu’elle a été piratée et qu’elle est invitée à installer un logiciel de sécurité. L’auteur donne des indications au téléphone pour son installation. Dans la pratique, il s’agit en fait d’un maliciel qui est installé, car ensuite, le compte en banque de la victime est débité de 9.100 euros transférés en Pologne.

Une autre pratique qui se manifeste régulièrement, c’est un bureau d’encaissement fictif. Ici, la victime reçoit un appel pour le non paiement d’une amende routière. En cas de refus de sa part, on la menace de lui envoyer un huissier et la police.

Messenger

Les plaintes reçues par le service de médiation des télécommunications ne portent pas uniquement sur de la fraude au téléphone. Via Messenger et d’autres plates-formes, on assiste aussi à diverses tentatives d’escroquerie.

Ce qui est important à savoir, c’est que ce genre d’escroquerie provient souvent des contacts Facebook existants. Dans la pratique, il s’agit d’un compte piraté qui va ensuite escroquer d’autres amis Facebook.

Par le biais d’un contact sur Messenger, un homme s’est ainsi vu inviter à transmettre son numéro de GSM, soi-disant pour prendre part à un concours de SMS. Ensuite, il reçut sur son GSM des codes qu’il dut transférer. Après l’avoir fait, l’homme se vit facturer 80 euros hors abonnement. Il s’agissait en l’occurrence d’un achat sur la plate-forme de paiement Boku, où le versement se faisait via la facture téléphonique. En transmettant les codes à l’escroc sur Messenger, l’achat frauduleux (et inexistant) fut confirmé.

Dans un autre cas, une femme se vit facturer un montant de 25 euros via la plate-forme de paiement similaire Allopass. Un contact Facebook (piraté) demanda son numéro de GSM, à la suite de quoi trois SMS provenant du numéro 8120 furent reçus. Ces SMS coûteux constituaient une forme de paiement, par laquelle un escroc révélait le numéro de GSM de la victime.

Sonner et rappeler Autre pratique connue: des appels qui ne sonnent qu’une seule fois et provenant d’un numéro débutant par +247 (Ascension, une île dans l’Océan Atlantique). Quiconque rappelle peut s’attendre à une facture pas piquée des vers.

Mais il ne faut pas toujours rappeler. Une victime a ainsi reçu un coup de téléphone de Samoa (+685) et affirma ne pas avoir rappelé, alors que pourtant, il lui a été facturé une communication de 15 minutes.

Ne m’appelez plus’ et les ‘robo-appels’

Quelque seize pour cent des plaintes en matière d’appels indésirables concernent les centres d’appels. Dans la pratique, il s’agit souvent de consommateurs qui se sont enregistrés sur la liste ‘Ne m’appelez plus’ et qu’on appelle quand même.

Le médiateur ne traite pas tous les centres d’appels de la même manière. Certains d’entre eux, qui se sont dans le passé fait taper sur les doigts, se tiennent désormais à carreau, alors que chez d’autres, les problèmes sont récurrents depuis des années déjà.

9 pour cent des plaintes portent sur des appels automatisés, ce qu’on appelle les ‘robocalls’. Certains consommateurs sont appelés quasiment chaque nuit par un système automatisé, souvent à des heures fixes.

Spoofing’

Même si de nombreux problèmes sont désormais connus, ils ne peuvent pas toujours être résolus. Le médiateur fait observer qu’il n’est pas toujours possible d’ouvrir un dossier. S’il s’agit d’appels (sans réponse) d’un réseau étranger ou encore de messages via Whatsapp, Skype ou Messenger, il est alors malaisé d’en identifier l’auteur.

Mais les opérateurs ne sont eux non plus pas toujours prêts à bloquer un numéro, parce qu’il s’agit parfois de ‘spoofing’, une pratique par laquelle un numéro est imité lors d’un appel. Bloquer ces appels ferait alors en sorte que des numéros légitimes ne soient plus accessibles, alors que les escrocs poursuivent leur pratique avec d’autres numéros d’appel.

A l’inverse, des Belges sont aussi victimes du spoofing de leur numéro. On connaît ainsi le cas d’un client qui a appris sur sa ligne fixe qu’il avait appelé d’autres personnes, mais il s’avéra ensuite que tel n’était pas le cas.

Le service de médiation des télécommunications déclare que les opérateurs effectuent dans certains cas un geste commercial, par lequel ils renoncent aux frais imputés. Mais tel n’est pas toujours le cas.

“Les services de première ligne des opérateurs sont généralement enclins à maintenir les montants contestés de la facture et ce, malgré la preuve d’une intervention frauduleuse. Ils sont en effet d’avis qu’ils répondent aux exigences légales en vigueur, comme la mention du coût.” Des victimes sont aussi souvent renvoyées vers la police ou le gestionnaire des numéros, qui prend contact avec eux.

Le service de médiation fait observer ici qu’une action n’est souvent entreprise que si plusieurs plaintes se manifestent, et encore sur sa demande explicite. C’est ainsi qu’à propos de la plate-forme de paiement Boku, Telenet et Proximus ont décide de prendre des mesures, ce qui a eu comme effet un net recul de la fraude. Mais le service continue d’insister pour que les opérateurs prennent leurs distances vis-à-vis des pratiques commerciales frauduleuses, aussi dans l’intérêt de leur propre image.

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