Le Royaume-Uni aux prises avec un débat sur la reconnaissance faciale
La Grande-Bretagne doit faire face à une véritable épidémie de reconnaissances faciales. Voilà ce que déclare un groupe de défenseurs du respect de la vie privée, à présent que toujours plus de tests de la technologie sont organisés.
Dans un centre commercial de Sheffield, appelé Meadowhall, il y aurait eu un mois durant en 2018 un test de la police intégrant la reconnaissance faciale. Des milliers de clients auraient ainsi été scannés à leur insu. Selon le propriétaire du centre commercial, le test dura tout un mois, et les données ont été supprimées aussitôt après.
Cette nouvelle fait suite à celle de la semaine dernière, où l’on a appris qu’un développeur de projecteurs dans un centre commercial de la gare ferroviaire londonienne de King’s Cross utilisait également la reconnaissance faciale sur plusieurs milliers de personnes passant par là chaque semaine. L’idée qu’une entreprise privée scanne et analyse les visages d’un si grand nombre de gens, sans le mentionner clairement, a été mal ressentie par beaucoup. Elizabeth Denham, la commissaire en charge du respect de la vie privée au Royaume-Uni, notamment a fait part de sa préoccupation à ce sujet.
Centres commerciaux, musées et conférences
Mais cela ne s’arrête donc pas – et de loin – à ce centre commercial londonien, selon Big Brother Watch, un groupe d’activistes de la confidentialité. Le groupe évoque en effet une véritable épidémie de logiciels de reconnaissance faciale en Grande-Bretagne. Tant de la part de la police que de celle de firmes privées. Et le groupe de citer en exemple entre autres le test effectué à Meadowhall. “Il y a un an, nous avons réalisé en effet un bref test à Meadowhall, en collaboration avec la police”, déclare un porte-parole de British Land, le propriétaire du centre commercial, à la BBC. “Toutes les données collectées ont été supprimées aussitôt après.”
Selon Big Brother Watch, la technologie a été utilisée également dans le World Museum de Liverpool, lors d’une exposition relative au premier empereur chinois, ainsi que dans un centre de conférences à Birmingham. Il s’agit à chaque fois d’un endroit privé, mais utilisé par le public, en collaboration ou non avec la police.
Entre-temps à la police
La police britannique (spécifiquement la Metropolitan Police de Londres) utilise depuis assez longtemps déjà la reconnaissance faciale et aurait investi des milliers de livres dans cette technologie. Sans grand succès, comme il ressort d’un rapport de chercheurs de l’université d’Essex.
La reconnaissance facile est un sujet controversé, parce qu’elle exige que les entreprises ou les pouvoirs publics scannent le visage des passants et conserve le tout dans une banque de données avec tous les points d’interrogation que cela suscite en matière de respect de la vie privée. En outre et selon des chercheurs, mais aussi des géants technologiques eux-mêmes, la technologie n’est pas encore suffisamment évoluée que pour être vraiment utile. San Francisco notamment en a déjà interdit l’utilisation par les services de police. En Belgique, la police fédérale projette d’utiliser la technologie par exemple dans les aéroports, mais pas encore dans l’immédiat suite à ses imperfections. Il n’empêche que cela a ici aussi soulevé des critiques de la part des défenseurs du respect de la vie privée.
Big Brother Watch demande que le Parlement britannique bannisse la technologie des lieux publics. “Nous savons à présent que les visages de millions de personnes ont été scannés à leur insu avec cette technologie de surveillance et ce, aussi bien par la police que par des firmes privées”, affirme Silkie Carlo, le directeur de Big Brother Watch.
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