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Intel dévoile un ambitieux plan pour défier la concurrence: le nanomètre, c’est du passé!

Pat Gelsinger, CEO VMware
Els Bellens

Le fondeur de puces Intel a trouvé un premier client pour ses services Foundry et lance aussitôt un plan de production de ses futures puces. L’objectif semble être de restaurer quelque peu la confiance des clients et des actionnaires.

Intel annonce un premier client pour ses Intel Foundry Services et pas des moindres, puisqu’il s’agit de Qualcomm. Ce fabricant de puces, connu pour ses puces mobiles Snapdragon intégrées à quasiment tout téléphone Android, fera construire une partie de sa production par Intel. Une collaboration est également prévue avec Amazon AWS. Elle ne concernera pas la fabrication de puces, mais leur conditionnement.

C’est là un premier succès pour les nouveaux services de puces d’Intel, annoncés en mars de cette année. Les Intel Foundry Services (IFS), par lesquels Intel ne se limiterait plus à ses propres concepts, mais aussi à ceux d’autres entreprises, était l’une des stratégies que l’ex-directeur de VMware, Pat Gelsinger, avait annoncée lors de son accession à la fonction de CEO d’Intel plus tôt cette année. On ignore encore quand les premières puces Qualcomm sortiront de la chaîne Intel.

Gelsinger suggère par ailleurs que Qualcomm va utiliser la technologie 20A d’Intel, qui sera déployée en 2024. Et on en arrive ainsi directement à la nouvelle feuille de route présentée par Intel. Il s’agit donc d’un plan de production qui, à en croire Pat Gelsinger lors de l’événement Intel Accelerated, devrait faire de l’entreprise d’ici 2025 le plus grand fondeur de puces au monde.

Rattraper le retard

Et ce ne sera pas rien, car même si Intel (conjointement avec Samsung) domine depuis des années déjà la liste des principaux vendeurs de puces, cela fonctionne moins bien au niveau du développement de ses propres puces et, surtout, de ses microprocesseurs. Sur le plan de la production des puces à 10 nm, Intel accuse beaucoup de retard, ce qui fait que tout est déployé en retard sur la concurrence, surtout sur l’autre fabricant de processeurs AMD.

Cela n’empêche pas Intel d’élaborer un plan ambitieux. Sur la feuille de route, on peut lire que l’Intel 4 (connu jusqu’à présent sous l’appellation processeur Rocket Lake à 7 nm) est prévu pour l’année prochaine. Suivront ensuite en 2023 l’Intel 3, une version améliorée de l’Intel 4. Et à l’horizon 2024, la firme planifie l’Intel 20A, puis le 18A.

Intel 7?

Si ces appellations ne vous disent rien, c’est à cause du fait qu’Intel à adapté son système de dénomination. L’entreprise renonce aux appellations de type nanomètre. Cela signifie que la première série de puces à sortir s’appellera tout simplement Intel 7. Il s’agira de ce qui s’appelait jusqu’à présent le 10nm SuperFin. La première puce de cette série, l’Alder Lake, sortira plus tard cette année pour les consommateurs. La variante Sapphire Rapids pour les centres de données est attendue en 2022. L’Intel 4 sera alors l’appellation des puces à 7 nm (Meteor Lake et Granite Rapids) qu’Intel tente actuellement de terminer, avec l’Intel 3 comme version améliorée.

Cela ne commencera à devenir intéressant qu’à la sortie de l’Intel 20A. Ces puces, prévues pour 2024, contiendront en effet une nouvelle architecture transistorisée. L’appellation RibbonFET est réservée à la première architecture à transistors plus petits qu’un nanomètre. Il s’agira là aussi de la première nouvelle architecture à transistors chez Intel depuis 2011.

Un long chemin

Selon Intel, ces nouvelles dénominations devraient offrir une meilleure vision du progrès technologique de chaque série de puces et à quel stade chacune se trouve. Mais elles devront probablement aussi faire oublier les dernières années. Sur le plan architectural, Intel accuse en effet du retard. Les autres fondeurs tels TSMC et Samsung fournissent depuis assez longtemps déjà des puces à 7 nm et sont occupés à expédier des puces à 5 nm aux points de vente. La puce M1 d’Apple est également de type à 5 nm.

Par ailleurs, les puces Intel 7 sont du point de vue technique et sous l’angle des benchmarks plus ou moins comparables aux modèles ‘plus perfectionnés’ des concurrents. Mais il manque encore pas mal d’actions de marketing, et les clients devront surtout se baser sur les tests de vitesse s’ils veulent vraiment tout savoir. Provisoirement, le plan ambitieux semble surtout destiné à donner une certaine perspective d’avenir aux clients et aux actionnaires. Reste pour Gelsinger à espérer que tous ces développements se passeront bien comme prévu.

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