Facebook ne contrôle pas qui fait de la publicité au nom de politiciens

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Pieterjan Van Leemputten

Depuis l’élection de Donald Trump, Facebook déploie davantage d’efforts pour contrer les fausses annonces politiques. Mais dans la pratique, cela reste lettre morte apparemment, puisque Vice a pu faire de la publicité au nom de cent sénateurs.

Facebook consent actuellement des tas d’efforts, afin de redorer son blason. L’une des mesures que l’entreprise prend dans ce but, consiste à mieux contrôler qui insère des publicités (politiques). Les utilisateurs voient ainsi qui paie ces annonces (‘paid for by’), ce qui devrait garantir une plus grande transparence et davantage de confiance.

Telle est du moins la théorie, car le site d’actualité Vice démontre que ce contrôle est quasiment nul. Le site s’est fait passer pour cent sénateurs américains siégeant actuellement. Il a effectué cent tentatives d’enregistrement en tant qu’annonceur politique. Le site n’a finalement pas fait publier les annonces, mais il aurait très bien pu le faire en quelques clics de souris, à l’entendre.

Facebook a déployé en mai la fonction ‘paid for by’, afin d’offrir davantage de transparence. Les utilisateurs peuvent ainsi voir quel groupe ou politicien diffuse l’annonce. Mais ce contrôle n’est lui-même pas vérifié dans la pratique. “Recevoir l’autorisation d’obtenir la mention ‘payé par’ un sénateur en regard d’une publicité n’a pris que deux minutes. Nous avons mis en oeuvre dix fausses pages Facebook sans le moindre contenu et les avons adaptées chaque fois qu’un des noms était approuvé”, déclare-t-on chez Vice.

Facebook admet vis-à-vis de Vice que les approbations n’auraient pas dû se faire. Toujours est-il que cela va à l’encontre de ce que le réseau social prétendait il y a quelques semaines encore à des journalistes belges.

A l’époque en effet, l’entreprise donnait à des journalistes belges des explications dans lesquelles elle précisait comment elle traitait les fausses infos et la manipulation électorale. Elle y indiquait qu’avec l’apprentissage machine, elle pouvait identifier si quelqu’un créait cent comptes au départ d’un seul et même lieu. Tel ne semble donc pas être le cas pour les publicités.

Qui plus est, en marge de ces explications, Sean Evins, responsable ‘Politics & government outreach for Emea’, affirma que quiconque insérait des annonces politiques aux Etats-Unis, devait faire parvenir la copie d’une preuve d’identification à Facebook, et l’approbation n’intervenait qu’après l’envoi d’un code à une adresse bien réelle sur le territoire américain. Cela non plus ne semble pas se vérifier dans la pratique. Notre rédaction a demandé à ce propos une explication à Facebook, mais n’a reçu aucune réponse claire.

Ce n’est du reste pas la première fois que Vice expose le manque de contrôle des publicités de Facebook. La semaine dernière encore, le site a ainsi pu montrer comment il avait sans le moindre problème pu insérer une publicité au nom du vice-président américain Mike Pence et d’ISIS. Les deux seuls noms que le système rejeta, furent ceux d’Hilary Clinton et Mark Zuckerberg en personne.

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