Facebook a favorisé la violence contre les Rohingyas, selon Amnesty International

“Les dangereux algorithmes de Meta, qui détient Facebook, ainsi que la recherche effrénée du profit ont considérablement contribué aux atrocités perpétrées par l’armée du Myanmar contre le peuple rohingya en 2017”, indique Amnesty International dans un nouveau rapport publié jeudi. Pour l’ONG, les propriétaires de Facebook doivent désormais des réparations aux Rohingyas.

“La diffusion de contenus incendiaires – notamment de contenus qui incitent à la haine ou constituent une incitation à la violence, à l’hostilité et à la discrimination – représente un moyen très efficace de retenir les gens le plus longtemps possible sur la plateforme. Ainsi, la promotion et l’amplification de ce type de contenu sont essentielles pour le modèle économique de Facebook qui est basé sur la surveillance”, affirme Amnesty International. Celle-ci insiste donc sur le fait que Meta à intérêt à ce que les utilisatrices et utilisateurs “restent le plus longtemps possible” sur Facebook pour pouvoir vendre un maximum de publicités ciblées grâce aux algorithmes “basés sur l’engagement pour les flux d’actualités, le positionnement, les recommandations et les fonctionnalités de groupes, façonnant ainsi ce qui est vu.”

Dans son nouveau rapport publié jeudi, l’ONG souligne que ce système a transformé Facebook en une caisse de résonance pour les contenus anti-Rohingyas plusieurs mois et même plusieurs années avant la répression. “Des éléments liés à l’armée du Myanmar et à des organisations bouddhistes nationalistes radicales ont inondé la plateforme de contenus anti-musulmans, publiant de la désinformation affirmant qu’une prise de pouvoir des musulmans était imminente et qualifiant les Rohingyas d’envahisseurs”, déplore l’ONG. À la suite de tous ces événements, Meta est pointée du doigt par Amnesty International, car elle “s’est de façon répétée abstenue d’exercer la diligence requise en matière de droits humains pour ses opérations au Myanmar alors même qu’elle était tenue de le faire au titre des normes internationales”.

L’ONG poursuit en affirmant que la société américaine savait dès 2012 que ses algorithmes pouvaient engendrer de telles dérives, mais qu’elle s’est systématiquement abstenue d’appliquer de faire quoi que ce soit. Désormais, Amnesty International exige que Meta satisfasse aux demandes de réparation des Rohingyas. “Meta a la responsabilité au regard des normes internationales relatives aux droits humains d’apporter réparation pour les terribles préjudices subis par les Rohingyas auxquels elle a contribué. Les résultats de l’enquête nous alertent sur le fait que Meta risque de contribuer à d’autres graves atteintes aux droits humains, à moins que l’entreprise ne modifie en profondeur son modèle économique et ses algorithmes”, conclut l’ONG.

Les Rohingyas sont une minorité ethnique principalement de confession musulmane vivant dans l’État de Rakhine, dans le nord du Myanmar. En août 2017, plus de 700.000 d’entre eux ont fui l’État d’Arakan quand les forces de sécurité du Myanmar ont lancé une campagne ciblée d’homicides, de viols et de destruction par le feu des habitations.

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