Pat Gelsinger quitte avec effet immédiat ses fonctions de CEO et de président du fondeur de puces Intel. L’entreprise lui cherche un successeur.
Gelsinger, 63 ans, est mis à la retraite après un peu moins de quatre ans passés à la tête de l’entreprise. Il a travaillé sans interruption pour Intel de 1979 à 2009. Il a ensuite rejoint Dell, avant de devenir CEO de VMware en 2012. C’est là qu’on a été le rechercher en 2021 pour remettre sur les rails Intel alors en difficulté, mais voici que l’entreprise recherche à présent un autre dirigeant.
Intel affirme avoir constitué une équipe pour trouver un successeur à Gelsinger. Entre-temps, l’entreprise a nommé David Zinsner et Michelle Johnston Holthaus au poste de co-CEO ad intérim. Zinsner est vice-président exécutif et CFO d’Intel, alors qu’Holthaus dirige le département Intel Products relativement nouveau, qui comprend le Client Computing Group, le Data Center and AI Group et le Network and Edge Group.
Le communiqué de presse d’Intel ne précise pas pourquoi Gelsinger s’en va. La nomination d’un CEO ad intérim suggère que Gelsinger part de manière inattendue de sa propre initiative, même si Intel a déjà eu des CEO temporaires dans le passé, lorsqu’elle licencia son directeur. En 2021, l’entreprise adapta sa politique pour permettre au CEO de continuer à diriger l’entreprise après 65 ans, mais tel n’est plus le cas.
‘Le plus grand honneur de ma vie’
Intel remercie Gelsinger pour avoir passé des décennies au sein de l’entreprise. Dans le même communiqué de presse, Gelsinger qualifie son passage chez Intel de ‘plus grand honneur de ma vie’. Il fut, entre autres, à la base du processeur 80468 et a également contribué à la création des séries de puces Core et Xeon.
Gelsinger est revenu début 2021 pour remettre à flots un ‘pétrolier’ en perdition. Intel a en effet raté le coche à plusieurs reprises au cours des 15 dernières années. D’abord, lorsque le smartphone est apparu et que le monde voulait surtout des puces mobiles, économes en énergie. Plus tard, elle fut aux prises avec des problèmes techniques qui ont fait régresser la génération de puces suivante. Les anciens CEO Brian Krzanich (2013-2018) et Bob Swan (2018-2021) n’ont pas réussi à inverser la tendance.
Des puces pour tout le monde
Gelsinger présenta alors un plan mettant de nouveau davantage l’accent sur la conception et la fabrication de puces, le cœur de métier d’Intel. Un changement de cap majeur fut celui d’Intel Foundry Services, où l’entreprise allait produire pour la première fois des puces pour d’autres. Au début de cette année, on apprit cependant que ce département resterait sous la tutelle d’Intel, mais avec des procédures et un personnel distincts.
Intel annonça également de nombreux investissements dans de nouvelles usines, notamment en Europe. Mais ces investissements européens ont entre-temps été reportés ou retardés. Parallèlement, Intel n’est pas encore là où elle devrait être. Le ‘pétrolier’ semble avoir été réparé, mais il ne navigue pas encore comme avant.
L’été dernier, l’entreprise révéla un plan d’économies allant de pair avec la suppression de 15.000 emplois, après avoir réduit ses effectifs de cinq pour cent. A l’exclusion des composants, qui furent scindés, l’entreprise employait 110.000 personnes dans le monde cet été. Malgré les projets et les ambitions, son cours à la Bourse est aujourd’hui plus bas qu’à l’époque où Gelsinger a pris ses fonctions.
En résumé, Gelsinger a bel et bien remis Intel dans une direction prometteuse, en se concentrant davantage sur ce pour quoi l’entreprise se distingue vraiment: la fabrication de puces. Mais elle est loin d’être le géant qu’elle était il y a vingt ans. La concurrence d’AMD, Nvidia, Qualcomm et autres est désormais plus rude que jamais, et les résultats ne sont toujours pas ceux qu’ils devraient être. Il est possible qu’Intel et Gelsinger se rendent compte que même un vétéran chevronné ayant des racines profondes dans l’entreprise ne peut tout simplement pas rectifier le tir.
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