Valérie Tanghe
Sous le charme de Jay Graber : un modèle inspirant pour notre secteur
Qui aujourd’hui n’est pas embarrassé d’une manière ou d’une autre par Elon Musk ? Que vous conduisiez une Tesla ou que vous restiez sur X parce que, comme moi, vous possédez encore un compte datant de l’époque Twitter, impossible d’échapper à un certain sentiment de gêne. Si l’on en croit un récent article, je ne suis manifestement pas seule.
De plus en plus de personnes passent ainsi à Bluesky, et oui, j’ai moi aussi créé mon compte il y a quelques semaines. Je ne suis cependant pas du genre à quitter totalement X – c’est un peu trop radical pour moi et j’admets souffrir parfois de ce fameux syndrome FOMO, la peur de manquer quelque chose. Mais ma stratégie de migration est en place : explorer la nouvelle application, maîtriser la nouvelle terminologie et configurer rapidement mes multiples feeds et listes grâce aux Starter Packs partagés par quelques bonnes âmes. Grande amatrice de jardins de mousse, j’ai par exemple immédiatement adoré le feed #Moss. Et pour ne rien gâcher, on est instantanément débarrassé de cette overdose de publicité. Quel soulagement !
Mais la personne qui m’a le plus surprise reste le CEO de Bluesky. Laquelle n’est pas un énième geek en sweat à capuche, mais une jeune femme ingénieur en informatique : Jay Graber. Et surtout : une femme qui a l’ambition de rendre le monde meilleur. Elle souhaite ainsi mieux protéger les droits numériques des utilisateurs. C’est pourquoi elle préfère se qualifier de militante des droits numériques que de CEO. Pour ce faire, elle préconise une séparation entre un protocole social open source d’une part, et les applications conçues pour ce protocole d’autre part. (Un peu comme le protocole e-mail et les différentes applications de courrier électronique, pour faire simple.) Bluesky n’est que sa première application. Le concept est ouvert à d’autres acteurs qui peuvent y développer leurs propres applications sociales. Rêvons un peu : et si, disons, les anciens fondateurs de Netlog l’utilisaient pour créer un concurrent européen à Facebook ?
Intriguée par cette grande dame de la technologie, j’ai regardé une interview d’elle sur TechCrunch, l’homologue américain de Data News. Elle a d’abord acquis ses lettres de noblesse comme experte des protocoles décentralisés utilisés dans la cryptographie et la création d’applications sociales. C’est ainsi qu’elle est devenue conseillère externe de Twitter avant que Musk rachète l’oiseau bleu. À la recherche d’un modèle de revenus pour Bluesky, elle pense davantage à des formules d’abonnements, car le modèle ouvert qui permet de composer ses propres feeds est moins adapté à la publicité. De plus, elle sait parfaitement que la pub a tendance à irriter les utilisateurs.
Revenons à la scène IT belge, qui a toujours autant besoin de modèles féminins. Tant pour les ados confrontées à des choix d’études ou les jeunes femmes qui construisent leur carrière, des exemples auxquels on peut se rattacher revêtent une importance primordiale. Et aussi banals qu’ils soient, des détails comme le premier jeu auquel on a été accro (pour Jay, c’était Zelda : Breath of the Wild) ou son premier téléphone portable (un élégant téléphone à clapet Motorola Razr) font de Jay Graber une personne reconnaissable et inspirante pour la génération Z.
Ainsi, Data News, j’attends avec impatience la nouvelle levée de candidates au titre d’ICT Woman 2025. Parce que le secteur a désespérément besoin d’autres femmes comme elle.
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