Jessica Ruelens (Cake): ‘Pour tempérer les vogues, je tente toujours de matérialiser les attentes d’une nouvelle technologie’

Jessica Ruelens. © DN
Melanie De Vrieze Freelance

Jessica Ruelens, head of data science chez Cake, avait en 2016 été nominée au titre de Young ICT Lady of the Year. Depuis lors, elle a quitté la consultance d’une entreprise pour aboutir finalement dans une startup. ‘Je déteste les idées abstraites et préfère rechercher des solutions concrètes.’

Après ses études secondaires, Jessica Ruelens ne savait pas bien quelle orientation choisir. Elle opta finalement pour la formation ‘ingénieur commercial’: ‘L’informatique de gestion était une nouvelle orientation à l’époque. L’un des cours portait sur l’extraction des données (‘data mining’). Je trouvais absolument passionnant de pouvoir sur la base de statistiques et de gabarits identifier des modèles dans le comportement des gens.’

A l’époque de sa nomination au titre de Young ICT Lady of the Year, elle travaillait chez AE. ‘A ce moment, je me focalisais un peu moins sur ma carrière, parce que j’étais en congé de maternité de mon premier enfant. La nomination a confirmé que j’étais sur le bon chemin. Ma présentation devant le jury, je l’effectuai près du lit de ma fille, parce qu’elle était à l’hôpital à ce moment-là. J’appréciai ensuite d’être reprise dans le top cinq et d’avoir durant la soirée plein de gens autour de moi pour me soutenir et m’avoir permis d’arriver à ce que j’étais à l’époque. Sur le plan professionnel, j’ai pu faire connaissance de quelques autres femmes en vue, comme Dewi Van de Vyver, Valerie Taerwe et Nele Van Beveren via l’Ada Talks. Ce fut pour moi la principale plus-value.’

S’attaquer aux points névralgiques

Après sa nomination, Jessica Ruelens décida de ne plus rester dans le secteur de la consultance, et elle rejoignit Mobile Vikings. ‘Je voulais me concentrer sur une seule entreprise et suivre un trajet plus long. Une fois l’initiation passée, on peut cerner les problèmes, élaborer un plan d’action et s’attaquer structurellement aux points névralgiques. Dans la consultance, les points à suivre sont souvent déjà définis. Chez Mobile Vikings, je pouvais moi-même choisir ma voie ou décider quels collaborateurs il fallait engager. Les journées étaient dès lors quelque peu plus prévisibles, ce qui me permettait du coup de régler dans la pratique ma vie de famille. Durant cette période, j’ai acquis de l’expérience au niveau de la démocratisation des données, comment rendre le personnel de l’entreprise plus sensible aux données et comment ainsi rechercher des réponses à leurs questions.’

Il y a deux ans, Davy Kestens la persuada de rejoindre l’appli de banking Cake. ‘C’était de nouveau quelque chose de totalement différent. Au lieu d’effectuer le plus de ventes possible, je contribue à présent à la santé financière des gens en recourant à de l’analyse de données et à de la création de modèles. L’objectif social fut un facteur déterminant dans le choix de cette jeune pousse.’

Au-delà de la vogue

Ne pas faire de chaque technologie une vogue, c’est pour elle l’un des principaux défis à relever pour le secteur ICT. ‘Généralement, une nouvelle technologie recouvre pas mal de valeur, mais en raison de la vogue, les attentes des gens sont trop élevées, ce qui fait qu’ils sont rapidement déçus. Je tente toujours de matérialiser ce que quelqu’un peut attendre d’une nouvelle technologie. Si des entreprises veulent appliquer l’AI, parce que tout le monde le fait et par crainte d’être dépassées, c’est pour moi un mauvais point de départ. Il est préférable de partir d’un problème bien réel, par exemple la perte de clients. C’est possible sur base de l’apprentissage machine ou de l’intelligence artificielle. J’essaie également toujours de présenter une mini-implémentation tangible, afin de rencontrer les attentes. Je déteste les idées abstraites.’

Barrières

Dans son domaine – l’analyse de données -, la présence de plusieurs femmes est à souligner. ‘Chez nous, les gens viennent de différents horizons, comme la psychologie, le marketing ou la recherche. Dès qu’il est question d’ingénierie, cela devient évidemment vite un monde masculin. On l’observe aussi lorsque nous recrutons pour ce genre de fonction. Je pense que ce n’est un problème que si des femmes le rejettent sciemment, mais c’est difficile à expliquer. Est-ce dû au fait que les femmes dès leur plus jeune âge estiment qu’elles ne pourront pas suivre une orientation scientifique ou cela arrive-t-il plus tard, lorsque leurs amies optent pour une formation spécifique? Ou bien encore, lorsqu’elles deviennent maman et éprouvent des difficultés à combiner le job avec la famille? Il est malaisé de savoir quelles sont les barrières. Voilà pourquoi il convient de tenter de les convaincre le plus tôt possible.’

Après son travail, Jessica consacre beaucoup de temps à ses deux enfants encore en bas âge. Pour la détente, elle aime rencontrer des ami(e)s. ‘Je joue aussi au football en amateur. C’est quand j’habitais en Australie que j’ai commencé à jouer dans un club mixte. Aujourd’hui, cela fait dix ans que j’arpente les terrains en salle et à l’extérieur et ce, pour mon grand plaisir.’

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