Consultance ERP: maintenir l’afflux.

Le marché des logiciels a repris des couleurs, mais comment cette vigueur se traduit-elle sur le marché de l’emploi, En règle générale, nous pouvons à nouveau constater un manque criant de profils ERP spécialisés. Nous avons examiné comment différents acteurs de la scène ERP gère cette pénurie.

“Il est vrai que nous souffrons à nouveau d’un manque d’experts en ERP, constate Tom Valgaeren, directeur RH chez Oracle Belux. Le profil le plus recherché est celui de consultant expérimenté, détenant une connaissance approfondie des processus métiers spécifiques et des marchés verticaux.” Ce type de consultant semble décisif pour développer les activités d’un protagoniste du marché de l’ERP. “Ces consultants appréhendent les demandes et les besoins du client. C’est pourquoi nous recherchons en permanence ce type d’experts ERP chevronnés.” Dans ce contexte, Oracle ne prend pas de demi-mesures. L’entreprise a en effet mis sur pied une équipe de recrutement pour la région EMEA qui a pour mission d’aider à rechercher et à attirer des candidats valables dans les différents pays européens. “Cette approche a pour but de collaborer d’une manière très ciblée avec les collaborateurs chargés du recrutement dans les différents pays, poursuit Tom Valgaeren. De cette manière, nous devrions arriver à réduire les délais nécessaires pour pourvoir un poste vacant.” Parallèlement, Oracle propose à ses collaborateurs la possibilité de devenir des consultants spécialisés. “Outre les compétences professionnelles, nous prêtons également attention à l’aspect culturel. Un expert ERP doit être à même d’intervenir et d’agir rapidement dans un environnement international complexe.”Un marché sous tension…Cette pénurie d’experts chevronnés en ERP semble également frapper le marché SAP. “Le marché suit à nouveau une tendance à la hausse, les projets se multiplient, souligne Danny Van Heck, directeur commercial chez SAP. Cette augmentation entraîne automatiquement une demande accrue de collaborateurs expérimentés afin de piloter ces projets.” Mais il y a pire… Ce manque de consultants en ERP engendre les premiers signes de nervosité sur le marché. “Nous remarquons que les implémentateurs et les intégrateurs commencent à débaucher des collaborateurs les uns des autres. Cette approche crée un climat d’incertitude qui n’est bien évidemment pas favorable. Par ailleurs, ce type de pratique entraîne à nouveau une inflation des salaires des consultants en ERP. C’est la raison pour laquelle SAP entend se positionner comme un facteur de régulation sur le marché.” L’entreprise a développé pour ce faire quelques initiatives visant à augmenter l’afflux de nouveaux collaborateurs avec des connaissances ERP.Il s’agit, entre autres, du programme Young Graduates où les partenaires SAP peuvent envoyer des informaticiens nouvellement recrutés. Il existe également la SAP Academy pour le recyclage de consultants qui ont de l’expérience dans un certain domaine industriel, mais qui ne disposent pas de connaissances en matière d’ERP. Par ailleurs, des programmes de formations SAP sont prévus, entre autres, à la VDAB, Bruxelles Formation et Technifutur. “Ces canaux sont destinés à aiguiller les nouveaux travailleurs sur le marché de l’ERP, tant les jeunes diplômés, les informaticiens demandeurs d’emploi que les consultants d’entreprise, clarifie Danny Van Heck. La formation de base doit permettre à nos partenaires et à nos clients d’engager plus rapidement de nouveaux collaborateurs.” Les initiatives actuelles doivent en outre protéger le marché contre le manque criant de spécialistes comme celui observé à la fin des années nonante, et contre ses développements connexes. “Nous avons pleinement conscience aujourd’hui qu’il s’agit d’une profession touchée de pénurie, poursuit Van Heck. Cependant, l’ERP est suffisamment séduisant pour attirer de nouveaux collaborateurs sérieux. Je suis persuadé que la demande et l’offre s’équilibreront. Dans ce cadre, SAP entend jouer un rôle de régulateur.”Combiner des spécialitésIl a longtemps semblé que Microsoft ne touchait pas à la manne de l’ERP. Jusqu’au jour où l’entreprise a repris les fournisseurs scandinaves Navision et Axapta. Sur ces entrefaites, les deux solutions ont été intégrées dans la ligne de produits Microsoft Dynamics. À première vue, la demande de spécialistes en ERP influe peu sur Microsoft, parce qu’elle commercialise Dynamics seulement par le canal de vente indirect. Cependant, l’entreprise continue à se tenir informée des dernières évolutions en la matière. “Nous parlons beaucoup avec nos partenaires, confie Roel Thomassen, responsable du produit Dynamics NAV chez Microsoft. Ces échanges ont permis de mettre en évidence l’existence de besoins croissants en consultants qui peuvent définir et conduire un projet, d’une part, et en profils techniques capables de convertir des idées en fonctionnalité concrète, d’autre part.” Une difficulté supplémentaire réside dans la liaison d’un nombre sans cesse croissant de projets ERP à d’autres plates-formes Microsoft comme SQL, BizTalk ou SharePoint. “Il va de soi qu’il s’agit dans ce cas de spécialités très ciblées que tout le monde ne peut avoir en magasin. On comprend mieux ainsi pourquoi les consultants capables de jongler avec plusieurs technologies sont des perles rares.” Microsoft parvient à répondre à la demande en consultants spécialisés en collaborant avec des universités et des hautes écoles, avec le VDAB et toute une série de centres de formation certifiés.Infor ne procède pas elle-même à des implémentations. Pour ce faire, l’entreprise se repose sur Profuse. Infor a repris début août SSA Global, l’entreprise qui détient la technologie Baan. Pendant quelques années, la division consultance de l’ex-SSA était déjà passée sous la bannière de Profuse. L’entreprise néerlandaise dessert le marché belge à partir de Kontich. “L’ERP propose encore de très nombreuses possibilités, estime Willem de Potter, directeur général de Profuse. Cependant, il convient de détenir une concentration et un volume d’expertises à cet effet. Les acteurs de moindre envergure ne peuvent suivre le rythme imposé.” Au Benelux, Profuse dispose de quelque 200 spécialistes ERP, mais l’entreprise s’emploie en permanence à renforcer l’équipe. “Le marché de l’ERP change rapidement de visage. Il suffit de penser à l’avènement des technologies internet et à leurs multiples conséquences.” Profuse dispose d’un centre de formation maison où les collaborateurs peuvent combler leurs lacunes de connaissances. Parallèlement, l’entreprise attire – quoique de manière sélective – également de jeunes diplômés talentueux. “Il s’agit par exemple de jeunes qui ont terminé une formation de logistique, explique Willem de Potter. Ils suivent chez nous une formation intensive en ERP et, dans la foulée, une vingtaine de mois de stages portant sur des projets. Ce n’est qu’après deux ans que ces personnes peuvent être véritablement mobilisées pour s’acquitter d’une mission ERP.” Un investissement lourd assorti du risque de voir le collaborateur céder aux sirènes de la concurrence au terme de la formation. Pas très favorable pour l’entreprise… Profuse connaît toutefois le secret pour atteindre de bons chiffres de rétention comme en témoigne le Silver Award décroché cette année par l’entreprise dans le concours de la “Great place to work” aux Pays-Bas.

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