Les employés belges gagnent en moyenne 108 minutes de temps de travail grâce au recours à l’intelligence artificielle, comme il ressort du rapport annuel ‘Global Workforce of the Future’ de The Adecco Group.
L’étude, basée sur les réponses de 37.500 employés, dont 475 en Belgique, révèle une adoption de l’IA en croissance rapide. C’est ainsi que 63 pour cent des répondants belges s’attendent à ce que leur employeur intègre des agents d’IA dans le flux de travail au cours des 12 prochains mois. L’optimisme est par ailleurs relativement grand: 71 pour cent des employés croient que l’IA va créer davantage d’emplois qu’elle n’en supprimera, et 78 pour cent voient leurs tâches évoluer grâce à la technologie.
Que faire avec le temps gagné?
Mais derrière cet optimisme et le gain d’efficience moyen relativement étonnant se cache néanmoins un important problème. Le gain d’efficience ne se traduit en effet que rarement encore en plus-value mesurable pour l’organisation. Le gain de productivité semble s’évaporer à cause d’un manque de stratégie et d’implication sur le lieu de travail. Le cœur du problème se situe en fait dans l’utilisation du temps épargné. Une part substantielle des employés belges indique que les 108 minutes gagnées sont consacrées à ‘des tâches similaires, voire moins intéressantes’. Seuls 24 pour cent des employés dans notre pays affirment pouvoir mesurer l’impact de ces tâches sur les résultats d’exploitation, contre 33 pour cent au niveau mondial.
Seul un quart des organisations belges a déjà ancré stratégiquement l’IA
Ce chiffre de 24 pour cent est très proche de celui cité par une étude précédente de TOPdesk, d’où il ressortait que seulement un quart des organisations belges avaient déjà ancré stratégiquement l’IA. En l’absence d’une stratégie globale, les applications de l’IA se limitent souvent à des expériences ad hoc qui, bien qu’elles permettent de gagner du temps au niveau individuel, ne sont pas liées à des objectifs d’exploitation plus larges.
Manque d’implication
Le rapport d’Adecco révèle une autre lacune qui renforce cette lacune stratégique. A peine 21 pour cent des employés belges déclarent être impliqués dans la refonte des processus de travail influencés par l’IA. Ce manque d’implication reflète un écart de perception que nous avions signalé précédemment déjà: les managers s’imaginent souvent être des leaders de l’IA, mais le personnel ne ressent pas ce leadership sur le lieu de travail, selon SAP Belgium à partir d’une étude propre.
Les managers s’imaginent être des leaders de l’IA, mais le personnel ne suit pas
‘L’IA est à présent une réalité quotidienne, et les employés belges font également preuve d’un optimisme croissant quant à ses possibilités’, déclare Jan Dekeyser, Country President pour la Belgique chez The Adecco Group. ‘Mais la technologie seule ne suffit pas à changer les choses. L’humain reste au cœur de chaque transformation. Pour traduire l’efficience en un impact d’exploitation réel, les organisations doivent investir dans la formation, l’implication et la confiance’, ajoute-t-il.
‘L’IA doit devenir une source de croissance’
Toujours selon Adecco, les employés qui comprennent l’impact de l’IA sur leur travail et voient comment leur rôle contribue à la stratégie sont nettement plus fidèles. Mais selon le rapport, ces employés parés pour l’avenir et qui s’adaptent activement, ne s’épanouissent que lorsqu’on leur donne des objectifs clairs et des opportunités d’apprentissage. ‘Les employeurs doivent donc fournir les bons outils, les formations et les cadres éthiques pour que l’IA devienne une source de croissance et de potentiel humain, et non d’incertitude’, conclut J. Dekeyser.
L’enquête Career Guide: L’informaticien est-il préoccupé par l’IA ?