La boule de cristal de Gartner: 10 prédictions IT pour les prochaines années

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Dans le cadre de la conférence IT Symposium/Xpo, les analystes de Gartner ont levé un coin du voile qui recouvre leur boule de cristal : comment entrevoient-ils l’avenir (proche) ?

S’il était le fil rouge de la conférence de Barcelone et l’une des tendances lourdes des prédictions technologiques du cabinet Gartner pour les prochaines années, ce fut bien – sans grande surprise d’ailleurs – l’IA. Les organisations IT auraient tout intérêt à prendre en compte dans un futur proche l’impact énorme qu’elle exercera à différents niveaux, qu’il s’agisse de la modernisation des applications (héritées), des robots intelligents, mais aussi de l’adhésion par le personnel.

« L’IA générative offre l’occasion d’atteindre des objectifs qui étaient jusqu’ici impossible dans l’histoire de l’humanité », a déclaré Daryl Plummer, Distinguished VP Analyst chez Gartner dans une présentation des 10 principales prédictions pour les années à venir. « À mes yeux, les CIO et les autres dirigeants IT devront à terme accepter les risques liés à l’utilisation de la Gen AI afin de pouvoir en retirer des avantages inespérés auparavant. Toujours selon Plummer, c’est la première année que la Gen AI occupe une place centrale dans toute décision stratégique. Mais aussi que cette technologie a réussi à éclipser complètement l’innovation technologique. Voici donc les 10 prédictions.

1. La valeur de productivité de l’IA devient un indicateur économique

D’ici 2027, la valeur de productivité de l’IA sera reconnue comme un indicateur primaire de la puissance économique nationale. Les autorités étatiques investissent toujours plus dans l’IA et donnent la priorité à des stratégies et des programmes visant à reconnaître l’IA comme une technologie importante tant pour le secteur privé que public. L’intégration de l’IA dans les programmes nationaux à long terme est renforcée par des règles destinées à soutenir les initiatives d’IA et la mise en œuvre de législations, des domaines sur lesquels l’on travaille pour l’instant aussi un peu partout dans le monde.

2. L’IA permettra de moderniser les applications héritées

Gartner estime que d’ici 4 ans au plus tard, les outils d’IA générative seront déployés pour moderniser d’anciennes applications d’entreprise – les fameuses applications ‘héritées’ – auxquelles aucun informaticien n’ose encore toucher. « Nous sommes convaincus que tel sera le cas dans la mesure où les grands modèles linguistiques (LLM) de Gen AI sont en mesure d’y parvenir et ce, de manière plus efficace en termes de coûts. Nous estimons que les coûts de modernisation pourront être réduits de 70% », analyse Plummer.

3. La lutte contre les ‘fake news’ pèse sur la cybersécurité et le marketing

En 2028, les dépenses des entreprises consacrées à la lutte contre la désinformation s’élèveront à plus de 30 milliards $. En d’autres termes, 10% des budgets de marketing et de cybersécurité seront investis dans la lutte contre les fausses nouvelles. « L’émergence rapide de la GenAI a incité les autorités à considérer la désinformation comme l’un des risques majeurs liés à la puissance et à la disponibilité de cette technologie pour des acteurs malveillants, dixit Plummer. Les entreprises qui s’efforceront de contrôler les acteurs malveillants, les autorités de tutelle et les organes technologiques de lutte contre la désinformation pourront en retirer un avantage substantiel par rapport à leurs concurrents. »

4. Davantage de missions pour le CISO

À l’horizon 2027, 45% des ‘chief information security officers’ (CISO) verront leurs missions ne plus se limiter à la seule cybersécurité en raison de l’augmentation des réglementations et de l’élargissement des surfaces d’attaque. À terme, tout ce qui concerne la gestion de la sécurité sera de la compétence du CISO, alors que celui-ci n’avait jusqu’ici souvent que des compétences assez fragmentées. Gartner considère cette évolution comme positive.

5. L’IA renforce les syndicats

Plus l’adoption de la Gen AI augmentera, plus les travailleurs intellectuels adhéreront à un syndicat. Et les dirigeants en sont sans doute souvent à l’origine puisque l’IA est trop souvent associée à des pertes ou des économies d’emplois. Les cadres doivent donc communiquer en toute transparence sur leurs intentions de déploiement de l’IA afin d’éviter à leur personnel toute angoisse liée à cette technologie. Les organisations qui implémentent la Gen AI et ne parviennent pas à maîtriser les craintes face à l’IA devront faire face à une rotation du personnel de 20%, prévoit Gartner.

6. Digital charisma filters

En 2026, 30% des employés utiliseront des ‘digital charisma filters’. De quoi s’agit-il, direz-vous ? Un filtre de charisme numérique est en fait un assistant numérique qui aide les dirigeants et les employés à communiquer plus efficacement dans différentes situations. Un tel filtre de charisme numérique permet de briller dans des interactions sociales où l’on souhaite se mettre en avant.
« Mais un tel filtre permet aussi à des organisations de recruter des collaborateurs plus diversifiés », estime Plummer.

7. Recrutez des talents neurodivers

Autre conseil si vous cherchez à recruter du personnel : engagez des talents neurodivers. Gartner considère que d’ici 2027, 25% des entreprises du Fortune 500 recruteront activement des compétences neurodiverses, à savoir des personnes ayant des handicaps tels que l’autisme, le TDAH ou la dyslexie. « Les organisations qui occuperont des talents neurodivers constateront une plus grande implication, une créativité accrue et aussi une meilleure productivité de la part de leurs collaborateurs, affirme encore l’analyste Daryl Plummer. Offrez-leur également des postes de direction. Cela favorisera une culture de l’inclusion. »

8. Servir des clients-machines

Toujours selon Gartner, 1 grande entreprise sur 3 mettra en place d’ici 2026 une entité ou un canal de vente spécifique pour desservir des clients-machines. A vous donc d’attirer de tels clients-machines qui sont en somme des fonctions traditionnelles adaptées à la chaîne d’approvisionnement, aux ventes, au marketing, au service client, au commerce numérique et à l’expérience client. Mieux encore, d’ici 2025 – soit d’ici 2 ans au maximum –, quelque 25% des centres de ventes et de service de grandes organisations recevront des appels téléphoniques émanant de tels clients-machines. Une telle technologie s’impose grâce à sa capacité à conclure plus rapidement une transaction ou à gérer des volumes plus importants que ce que des humains peuvent faire. « Mais cela implique que les organisations devront aussi adapter leurs départements pour pouvoir satisfaire les besoins de ces clients-machines », insiste Plummer.

9. Davantage de robots intelligents que de travailleurs en première ligne

La plupart des entreprises de production, de distribution et de logistique ne peuvent pas trouver et conserver suffisamment de personnel pour soutenir leurs activités au quotidien. Du coup, les chaînes d’approvisionnement éprouveront des difficultés dans les 10 prochaines années à trouver des travailleurs de première ligne en suffisance. Et il appartiendra aux robots de combler cette pénurie. Une enquête réalisée par Gartner en décembre 2022 indique que 35% des spécialistes de la chaîne d’approvisionnement utilisent déjà des robots, tandis que 61% ont lancé des tests pilotes ou ont entamé leur première implémentation. En 2028, Gartner prévoit que l’on recensera plus de robots intelligents que de travailleurs en première ligne dans la production, le commerce de détail et la logistique.

10. Une électricité stable devient un avantage concurrentiel

En 2026, la moitié des membres du G20 sera confrontée à un rationnement mensuel d’électricité. La vétusté de l’infrastructure réseau limite les possibilités d’augmenter la capacité de production, tandis que la demande d’électricité continue à croître. En conséquence, le rationnement s’impose. Avec comme conséquence que des activités qui dépendent de l’énergie seront victimes de pannes ou, au contraire, bénéficieront d’un avantage concurrentiel, par exemple parce qu’une entreprise aura investi dans sa propre production énergétique ou dans l’optimisation de sa consommation énergétique.

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