Zuckerberg mis en accusation pour son rôle dans le scandale Cambridge Analytica

Pieterjan Van Leemputten

Le procureur public de Washington DC met Mark Zuckerberg en accusation. Il affirme détenir la preuve que Zuckerberg a, en sa qualité de CEO de Facebook (aujourd’hui Meta), pris part au processus décisionnel qui rendit possible le scandale des données.

‘Cette preuve démontre bien que monsieur Zuckerberg a été personnellement impliqué dans l’impuissance de Facebook à sécuriser la confidentialité et les données des utilisateurs, ce qui entraîna directement l’incident Cambridge Analytica’, déclare le procureur Karl Racine dans un communiqué adressé au Wall Street Journal. Et d’ajouter que les chefs d’entreprise sont également responsables de leurs actes.

L’affaire survient après que Racine ait l’année dernière déjà essayé d’impliquer Zuckerberg dans un procès lié à Cambridge Analytica. Le tribunal ne l’entendit pas de cette oreille, car il estimait qu’on avait attendu trop longtemps avant de mettre en accusation le directeur de Meta. Racine réagit en disant qu’il fallait pas mal de temps pour réunir les preuves.

L’un des fournisseurs de ces preuves est la lanceuse d’alertes Frances Haugen qui avait l’année dernière déjà divulgué publiquement des secrets d’entreprise révélant que Facebook est souvent au courant de problèmes sur ses plates-formes, mais ne peut ou ne veut en faire que trop peu pour y remédier.

Annoncé publiquement en 2018, mais trois ans plus tôt en interne

Mais en quoi consistait donc l’affaire Cambridge Analytica? En 2018, quelques médias dévoilaient que l’agence de marketing britannique Cambridge Analytica avait quelques années plus tôt collecté via un quiz sur Facebook des données d’utilisateurs, afin de les profiler. Même si le quiz attira plusieurs centaines de milliers de personnes, Facebook lui permit de collecter les données de 87 millions d’utilisateurs par le biais de méthodes spécifiques et ce, sans leur autorisation.

Ces données furent ensuite utilisées pour envoyer des publicités très ciblées, notamment avant l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis.

Facebook réagit de manière ferme dans un premier temps en déclarant que ce genre de chose n’était pas permis et que des erreurs avaient été commises. Mais au fil du temps, le monde découvrit que Facebook avait été informée du problème trois ans plus tôt. Les faits de collecte des données datent eux-mêmes de 2014. Cambridge Analytica avait certes enfreint les règles de Facebook, mais Facebook de son côté avait rendu possible cette collecte sur sa plate-forme.

Rachat des poursuites antérieures

Reste à savoir si cette fois, Zuckerberg sera bien condamné. Dans le passé, Facebook s’était déjà libérée de poursuites personnelles contre Zuckerberg en versant, en plus d’une méga-amende au régulateur américain FTC, 2.016 millions de dollars supplémentaires, afin de maintenir son directeur hors de portée, au grand dam de certains actionnaires. Par la suite, Facebook promit d’améliorer son mode de fonctionnement et ses produits.

Mais il nous faut faire observer ici qu’on entend cette rengaine depuis plus de dix ans déjà. Facebook ne parvient jamais à sécuriser suffisamment sa plate-forme contre les escrocs, la collecte illégale de données ou les publicitaires mal intentionnés. Chaque fois qu’un scandale éclate, Facebook répète qu’elle va prendre des mesures, mais pour une entreprise qui enregistre des milliards de dollars de bénéfice, il ne semble pas y avoir assez d’argent pour s’attaquer de manière approfondie à ce genre de problèmes.

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