Uber tente de se refaire une santé
Le service de taxi Uber réorganise une fois encore sa direction. La départ le plus étonnant à noter est celui d’Emil Michael, le tristement célèbre chief business officer et numéro deux non officiel de l’entreprise.
Dans le cadre de la saga que représentent aujourd’hui les ressources humaines d’Uber, la toute dernière victime s’appelle Emil Michael, le numéro deux de la firme. Un porte-parole d’Uber a confirmé à CNN Tech que Michael, chief business officer chez Uber, quittait l’entreprise.
Emil Michael est le bras droit et l’homme de confiance du directeur Travis Kalanick. Mais on le connaît peut-être mieux comme celui qui proposa autrefois de farfouiller dans la vie privée des journalistes qui s’exprimaient négativement à propos d’Uber. Il aurait aussi passé au peigne fin le rapport médical d’une Indienne qui avait été violée par un chauffeur d’Uber. Son but aurait été de trouver des preuves que le viol avait été inventé de toutes pièces par le concurrent indien Ola (les données médicales en question avaient été obtenues par Eric Alexander, qui a entre-temps lui aussi été licencié chez Uber). Michael dirigeait la branche commerciale de l’entreprise technologique et sera remplacé par David Richter, déjà actif chez Uber.
Précédemment déjà, l’entreprise avait viré vingt employés de ses bureaux après des plaintes pour intimidation sexuelle. Heureusement, des personnes sont aussi recrutées. C’est ainsi que la semaine dernière encore, Uber a engagé non sans fierté deux directrices. Frances Frei, professeure à la Harvard Business School, s’occupera ainsi de la stratégie et du leadership. Et Bozoma Saint John, en provenance d’Apple, est nommée ‘chief brand officer’ pour la marque Uber.
En outre l’entreprise engage Wan Ling Martello, directrice haut placée chez Nestlé, à la fonction de contrôleur indépendant. Voilà ce que des initiés ont déclaré à l’agence de presse Bloomberg. Sa nomination était l’une des recommandations d’une enquête menée à propos du sexisme et de l’intimidation au sein d’Uber.
Commission Holder
Cette enquête avait pour but de passer au crible la culture de l’entreprise. Elle avait débuté, après qu’une ingénieure et ex-collaboratrice d’Uber se soit plainte dans un communiqué posté sur son blog de gestes déplacés de la part de certains de ses collègues. Selon elle, l’entreprise n’avait jamais réagi à ses plaintes pour intimidation sexuelle. Ce communiqué s’était propagé de manière virale, à la suite de quoi une commission fut constituée sous la direction de l’ex-ministre de la Justice Eric Holder, afin de faire toute la lumière sur ces accusations. Le conseil d’administration d’Uber a débattu dimanche pendant plus de six heures des recommandations figurant dans le rapport Holder. Toutes seraient appliquées et notamment les vingt licenciements et l’engagement d’un contrôleur indépendant déjà évoqués.
Les scandales s’accumulent ces derniers temps chez Uber. L’entreprise en croissance rapide, dont la valeur marchande estimée est de quelque 50 milliards de dollars, semble éprouver des difficultés à passer du stade de startup en… roue libre à celui d’entreprise à part entière. Les choses seraient telles que même le CEO Travis Kalanick envisagerait de faire un pas de côté. Sa personnalité est souvent évoquée comme étant l’une des raisons pour lesquelles la culture chez Uber n’a pas bien évolué. De plus, l’homme vient de connaître une période noire, puisque fin du mois passé, sa mère s’est tuée et son père s’est gravement blessé dans un accident de bateau. Un scénario, selon lequel Kalanick prendrait quelques mois de repos pour ensuite assumer une autre fonction chez Uber, semble à ce stade le plus probable.
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