Twitter bannit un compte qui suit le jet privé d’Elon Musk

Elon Musk © Getty Images
Pieterjan Van Leemputten

Malgré des promesses antérieures, Twitter a suspendu le compte qui suit le jet privé de Musk, ainsi que des comptes comparables. La firme a dans ce but changé ses règles, même si Musk avait précédemment affirmé que cela n’arriverait pas.

Jack Sweeney, un ado de l’état de Floride, dispose depuis plus d’un an d’un compte Twitter par lequel il suit le jet privé d’Elon Musk. Le compte ‘tweetait’ quand et où l’avion décollait ou atterrissait. Sweeney suivait ainsi aussi d’autres avions privés de personnes connues, dont Bill Gates, Jeff Bezos, etc. Musk lui proposa au début de cette année une somme de 5.000 dollars pour arrêter, mais Sweeney refusa.

Un peu moins d’un an plus tard, Musk rachetait Twitter, et des comptes furent suspendus par Twitter, en ce compris celui de Sweeney. En tout, il s’agissait d’une trentaine de comptes qui suivaient également des avions de la NASA, de Mark Zuckerberg ou de Donald Trump.

Règles adaptées

Le New York Times rencontra Sweeney, et ce dernier expliqua au journal que Twitter lui avait signalé que les comptes en question enfreignaient les règles en matière de manipulation et de spam.

Entre-temps, tant Twitter que Musk déclarent avoir adapté les règles de la plate-forme, ce qui fait que la localisation en temps réel de quelqu’un (ou des liens menant à cette localisation) ne peut plus être affichée, parce que cela pourrait constituer un problème de sécurité pour cette personne.

Cela semble logique à première vue, mais le bannissement paraît très clairement être un acte de vengeance de la part de Musk à l’encontre de l’adolescent de 19 ans. C’est ainsi qu’il n’y a pas que les comptes de milliardaires qui sont suspendus, mais aussi ceux qui tracent les avions gouvernementaux. En soi, il s’agit pourtant de données qui ont toujours été publiques jusqu’à présent. Même si Data News a appris que le numéro d’enregistrement du jet de Musk – N628TS – n’est plus disponible sur des sites comme Flightaware, ‘à la demande du propriétaire’.

Après le rachat de Twitter, Musk se profila comme un défenseur de la liberté d’expression et a depuis lors rouvert pas mal de comptes qui avaient été bannis par Twitter ces dernières années. Or le fait qu’un compte qui l’irritait personnellement, soit à présent supprimé, semble aller à l’encontre de cette prise de position. Le 7 novembre encore, Musk tweetait qu’il ne bannirait pas le compte @Elonjet. Et moins d’un mois et demi plus tard, il l’a pourtant fait en profitant des nouvelles règles.

‘Problème de sécurité’

Musk déclare sur Twitter que l’affichage en temps réel de la localisation de quelqu’un enfreint la sécurité de ce dernier, mais qu’il n’y aurait aucun problème si cela se faisait avec un certain retard. Il semble toutefois douteux que Musk soit vraiment préoccupé par la sécurité des gens sur Twitter.

C’est ainsi qu’il y a à peine deux jours, Musk a suggéré que Yoel Roth, l’ex-head of Trust and Safety chez Twitter, serait en faveur ‘de faire utiliser par les enfants des services pour adultes’. Or Roth avait autrefois rédigé une thèse consacrée à Grindr, une appli de rencontres pour hommes, souvent à connotation sexuelle, et y avait fait observer que des mineurs d’âge y étaient aussi actifs. Le tweet de Musk a fait en sorte que Roth fut par la suite menacé et a été forcé de quitter son lieu d’habitation pour des raisons de sécurité.

Musk enfreint entre-temps aussi ses propres règles en filmant quelqu’un qui le harcelait et en jetant cet homme à visage découvert, ainsi que son numéro de plaque de voiture en pâture sur Twitter. Cette vidéo a été jusqu’à présent visionnée quasiment 6 millions de fois.

Ce n’est pas la première fois que Musk fait de telles choses pour régler un conflit personnel à son avantage. Lorsqu’il y a quelques années, quelques jeunes gens s’étaient retrouvés coincés dans une grotte en Thaïlande, Musk avait fait des pieds et de mains pour jouer les bons samaritains et offrir un petit sous-marin pour faciliter le sauvetage.

Les secouristes et autres personnes impliquées localement avaient refusé cette offre, parce qu’elle n’était guère appropriée. Il en résulta que Musk traita de ‘pedo guy’ l’un des secouristes, qui avait qualifié son action de coup de marketing, alors qu’il n’y avait aucune indication qu’il en soit ainsi. Musk paya ensuite un détective privé pour collecter des informations en vue de présenter le secouriste sous un mauvais jour.

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