Thaïlande: Facebook conteste la fermeture d’un groupe pro-démocratie par le pouvoir

Facebook va “contester” un ordre du gouvernement thaïlandais qui l’a “obligé” à fermer un groupe très populaire consacré au mouvement pro-démocratie en cours dans le royaume, a déclaré le géant américain mardi.

Une vague grandissante de manifestations déferle sur le pays d’Asie du sud-est depuis le mois de juillet contre le gouvernement, jugé illégitime, mais aussi la monarchie, sujet jusqu’ici tabou. Le groupe “Royalist Marketplace” créé au mois d’avril comptait plus d’un million de membres lorsque son accès a été bloqué par Facebook lundi. Le réseau social a été “obligé” de prendre cette décision, sur injonction du gouvernement thaïlandais, a déclaré à l’AFP un porte-parole de Facebook.

Les demandes comme celle-ci “contreviennent au droit international (…). Nous travaillons pour protéger et défendre les droits de tous les internautes et nous nous préparons à contester légalement cette demande”, a-t-il ajouté sans davantage de précisions. Pavin Chachavalpongpun, un activiste thaïlandais en exil au Japon et modérateur de ce groupe, a déclaré à l’AFP qu’il avait permis de “véritables discussions” sur la monarchie, son rôle et les pistes de réformes. Selon Pavin, la fermeture du groupe montre que Facebook travaille à “promouvoir l’autoritarisme” en Thaïlande et “approuve la tactique du gouvernement en matière de censure de l’information”. C’est de “l’obstruction au processus de démocratisation en Thaïlande, ainsi qu’à la liberté d’expression”, a-t-il ajouté.

Mardi matin, l’avocat Anon Numpa, l’une des principales figures du mouvement, a été arrêté pour la troisième fois en quelques semaines. Depuis le début des manifestations, 11 militants ont été arrêtés pour une dizaine de motifs, y compris la sédition et la violation de la loi d’urgence sanitaire.

La monarchie est un sujet extrêmement sensible en Thaïlande, où le roi et sa famille sont protégés par une loi de diffamation très sévère, punissant jusqu’à 15 ans de prison toute critique à son encontre. Les manifestants thaïlandais, prenant pour modèle les jeunes Hongkongais, s’en prennent aussi au Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, ancien chef de l’armée auteur d’un coup d’Etat en 2014 et qui s’est maintenu au pouvoir à la suite d’élections contestées en 2019. Les manifestants réclament sa démission, la dissolution du Parlement et la réécriture de la Constitution de 2017 qui donne un pouvoir très large aux 250 sénateurs, tous choisis par l’armée. Une petite manifestation pro-royaliste a également eu lieu mardi devant l’ambassade du Japon à Bangkok pour demander à Tokyo de renvoyer Pavin en Thaïlande afin qu’il soit jugé en vertu de la loi sur la diffamation royale.

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