Danny Goderis

Comment accélérer la 5G et la fibre en Belgique ?  L’Europe fait plusieurs  recommandations clés

Danny Goderis Head of Telecom, Agoria

Le 26 septembre, la Commission européenne a publié son très attendu “2023 Report on the state of the Digital Decade”. Outre une vue d’ensemble européenne, le document propose  également un rapport spécifique pour chacun des 27 États membres.  Dans ce rapport, vous ne trouverez plus le fameux indice DESI, le classement des États membres.  Ce qui est peut-être dommage, car une saine concurrence nous stimule tous.  Ce qui est positif, en revanche, c’est que le rapport contient des recommandations à l’intention des États membres.  Comment la Belgique (par exemple) peut-elle accélérer le déploiement de la 5G et de la fibre optique ? ‘En simplifiant les procédures administratives, en accordant des licences plus rapidement et plus facilement, et en prenant des mesures pour permettre (aux opérateurs) d’accéder facilement aux infrastructures (publiques)’. C’est ce que l’on peut lire mot pour mot dans le rapport Digital Decade pour la Belgique. Attardons-nous un instant sur la question des  infrastructures numériques et de la connectivité.

Le rapport indique que d’ici 2022, notre pays aura rattrapé son retard dans le déploiement des réseaux télécoms ultra-rapides. La Belgique est en tête avec “78% du nombre de ménages disposant d’un excellent (+1 Giga bps) accès à l’internet à très haute capacité (VHCN, +1Giga bps)”.  Le réseau câblé de Telenet, par exemple, peut fournir des vitesses de 1 gigabit presque partout.  Actuellement, le réseau câblé de VOO peut desservir 50 % des clients avec des vitesses de l’ordre du gigabit.  Et d’ici 2024, cela devrait être possible pour la quasi-totalité du réseau.  Certains clients de Proximus peuvent aujourd’hui bénéficier du service 1 gigabit sur le nouveau réseau de fibre optique que Proximus déploie en collaboration avec Fiberklaar et Unifiber.

Après les enchères 5G de l’été dernier, le déploiement de la 5G pourrait enfin décoller : “De 4% à 30% de couverture 5G dans les zones urbaines d’ici fin 2022”.  Nous lisons également que “malgré des améliorations par rapport aux années précédentes, la Belgique est toujours loin derrière en termes de couverture en fibre optique (de 10 % à 17 %)”.  En effet. Les gouvernements, l’industrie et le secteur des télécommunications veulent tous revenir dans le top européen.  Mais cela ne sera réalisable que si tous les acteurs unissent leurs forces.  Le secteur des télécoms vise à couvrir 99 % du territoire avec la 5G d’ici à la fin de 2025.  Le déploiement de la fibre optique s’accélère également.  Proximus connectera plus de 4 millions de ménages et d’entreprises à son réseau de fibre optique d’ici 2028.Wyre, la société d’infrastructure télécom créée avant l’été par Telenet et Fluvius, ambitionne de “fibrer” 78 % de son réseau en Flandre, ainsi qu’une partie de Bruxelles.  Le gros du travail devrait être terminé d’ici 2029.  Orange et VOO disposent également d’un plan industriel stratégique pour le déploiement de la fibre optique et la modernisation du réseau câblé.

Le secteur belge des télécoms a investi un montant record de 2,81 milliards d’euros, soit 27 % de son chiffre d’affaires, en 2022.  Au cours de cette décennie, les investissements totaux du secteur privé (télécoms) dans les réseaux fixes et mobiles atteindront jusqu’à 15 milliards d’euros.  Les opérateurs B2B, tels qu’Eurofiber et Colt, investissent également massivement dans les réseaux à fibre optique ultrarapides destinés aux entreprises.

Cependant, les efforts du secteur public sont tout aussi importants.  Le rapport européen (annexe Belgique)  mentionne positivement les projets d’innovation 5G fédéraux et wallons dans le cadre du plan de relance.  Le programme de relance de la 5G et les subsides associés contribuent de manière significative à l’adoption de la 5G dans les entreprises.  Plus important encore : le cadre législatif et réglementaire des différents gouvernements.  Ce cadre doit avant tout être stimulant et maximiser le retour sur investissement du secteur privé pour la mise à niveau des réseaux.  Pas de charges administratives, de taxes sur les antennes (uniques en Europe) ou d’autres conditions kafkaïennes.

C’est pourquoi nous appelons tous les gouvernements à lire attentivement le rapport de la Commission européenne.  Une simplification administrative !  Des permis rapides avec des exemptions de permis là où c’est possible !  Un accès facile aux infrastructures publiques !  Si les trois Régions prennent à cœur ces recommandations européennes et s’alignent également sur la recommandation européenne d’une norme radio de 41,2V/m, notre pays est assuré de figurer à nouveau parmi les meilleurs pays européens.  Ainsi, les 15 milliards d’euros d’investissements seront utilisés de manière optimale pour construire une infrastructure numérique de pointe avec une offre de services qualitative et compétitive pour tous les citoyens, entreprises et pouvoirs publics de notre pays.

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