Sommes-nous les pires ennemis de notre vie privée?

Que puis-je savoir sur vous en surfant sur le net?

Que puis-je savoir sur vous en surfant sur le net?

Il y a un bon mois, nous avons été contactés par l’agence de publicité Duval-Guillaume concernant un brainstorming qu’elle était en train d’organiser quant à savoir s’il était possible en très peu de temps de trouver des informations privées et financières sur quelqu’un en surfant sur internet. En parodiant “Madame Soleil”, nous avons ciblé quelques personnes et avons été stupéfaits de voir avec quelle facilité il était parfois possible d’apprendre de nombreux détails, parfois intimes sur des gens que l’on ne connaît pas du tout. Deux semaines plus tard, l’internet était, par notre intermédiaire, devenu le sixième sens du voyant Dave avec le petit film entre-temps déjà bien connu comme résultat.

C’est aisément explicable par la combinaison d’un moteur de recherche coordonnant tout qu’on appelle Google et la tendance exhibitionniste de l’internaute de mettre tout, même les plus grandes trivialités privées, sur internet, que ce soit sur des médias sociaux, blogs, groupes de nouvelles, sites de ventes, YouTube, commentaires et autres exploits.

Mais l’astuce permettant de connaître la couleur du slip de quelqu’un sur internet, ce n’est pas uniquement de recourir aux requêtes Google, mais aussi d’interpréter les données et de les mettre en corrélation. Quelqu’un qui part en prépension au terme d’une carrière de 30 ans chez les pompiers, a droit à une rétribution qui est fixée selon des barèmes et que l’on peut aisément déterminer via le site web ad hoc. Quiconque ne met quasiment rien sur Facebook, peut cependant trouver beaucoup de choses sur ce que ses amis y mettent.

Même le Moniteur fournit bien des renseignements, si l’on y effectue une recherche sur l’une ou l’autre personne. Si quelqu’un dans le cadre d’un projet a été autrefois colloqué par le juge de paix, vous le retrouverez vite en ligne. De même, l’on retrouve les frasques financières d’un chef d’entreprise dans les sources publiques du ministère de la Justice ou, si cela doit aller plus vite encore, dans des sources payantes telles Trendstop ou Graydon. Et si vous connaissez quelqu’un qui possède une société, vous saurez immédiatement quelle était sa valeur l’année précédente sur base des comptes annuels que les entreprises sont tenues de déposer auprès de la Banque Nationale. Google Maps/Streetview est aussi une manière agréable de savoir où des gens habitent. Si quelqu’un a vendu ou acheté récemment une maison, vous trouverez très vite des photos, descriptifs et un prix sur les sites web d’immobilier.

Des informations publiques des autorités, comme des documents fondateurs et le Moniteur pouvaient aussi se trouver, il y a 20 ans, mais il fallait à l’époque bien mieux connaître le trajet à suivre et s’y retrouver dans des montagnes de papier, sans compter tous les bureaux à visiter. Le jeu n’en valait alors généralement pas la chandelle. La rapidité et la facilité avec laquelle l’on peut aujourd’hui consulter ce genre d’information, est sidérant. De plus, des données ouvertes viennent s’ajouter chaque jour.

Morale de l’histoire? Nous révélons tous beaucoup trop de choses sur l’internet et les médias sociaux. Malgré les fonctions et les politiques en matière de respect de la vie privée, il est bon de savoir que tout ce que l’on met sur Facebook, devient public. Le paramétrage des droits, c’est du chinois pour la plupart des utilisateurs. De plus, nombre de sites en ligne tels Myspace et Dropbox commettent parfois des erreurs, ce qui fait que toute l’info privée est jetée en pâture publique. Nous sommes tous les pires ennemis de notre vie privée. Pensez-y avant de poster quelque chose sur Facebook ou sur un autre média social!

Sachez aussi que sur l’internet, rien n’est jamais vraiment oublié et que tout peut être retrouvé très vite. Si le jeune néo-marxiste naïf que vous étiez, il y a 25 ans, a posté dans un magazine d’étudiants un courrier de lecteur contenant des idées extrémistes, il y a fort à parier qu’il faudra chercher très longtemps ou avoir une sacrée dose de chance pour le dénicher. Mais il sera par contre bien malaisé de supprimer une remarque ou une photo fautive sur un forum de discussion ou sur des médias sociaux.

Jan Guldentops Jan Guldentops est consultant en IT, réseaux et sécurité. Il est aussi chercheur ayant un faible pour les solutions open source. Avec BA, il imagine, crée et supporte diverses infrastructures et solutions de sécurité. Vous pouvez le joindre à l’adresse e-mail la plus courte au monde (j@ba.be ).

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