Selon une étude américaine, le bitcoin ne devient pas plus vert, bien au contraire
Le bitcoin a beau être qualifié de nouvel or numérique, il serait plus judicieux de parler de pétrole numérique pour qualifier son impact écologique, selon une étude parue dans Scientific Reports. L’empreinte écologique du bitcoin s’est en effet fortement amplifiée depuis 2016, comme l’étude le démontre. La monnaie engendre parfois plus de dommage qu’elle n’a de valeur.
Les dégâts climatiques du bitcoin ont en moyenne atteint 35 pour cent de sa valeur marchande entre 2016 et 2021. C’est nettement plus que ceux de l’or (4 pour cent) et cela avoisine ceux de l’essence extraite du pétrole (41 pour cent), du courant provenant du gaz naturel (46 pour cent) ou de la viande bovine (33 pour cent).
Ces dommages causés à l’environnement et au climat sont tellement importants qu’ils dépassent parfois la valeur de la monnaie même. ‘On trouve différents cas entre 2016 et 2021, où le bitcoin s’avère plus nocif pour le climat que ce qu’il vaut vraiment’, déclare Benjamin Jones, professeur d’économie à l’université de New Mexico aux Etats-Unis. ‘C’est excessivement inquiétant dans l’optique de la durabilité.’
Jones et ses collègues ont calculé que l’extraction du bitcoin a en 2020 exploité 75,4 térawatts heure d’électricité – soit plus que des pays comme l’Autriche (69,9 TWh) ou le Portugal (48,4 TWh) cette année-là.
De mal en pis
En outre, l’empreinte climatique de la technologie ne semble pas se réduire, comme le secteur l’affirme, au contraire. L’étude constate que les émissions de CO2 issues de la production de courant nécessaires à l’extraction du bitcoin ont énormément crû pour passer de 0,9 tonne par bitcoin en 2016 à… 113 tonnes en 2021.
‘Nous ne trouvons aucune preuve démontrant que l’extraction du bitcoin devient plus durable au fil du temps’, déclare Jones. ‘Nos résultats montrent plutôt le contraire: l’extraction du bitcoin devient plus sale et plus nocive pour le climat. Bref, l’empreinte écologique du bitcoin va de mal en pis.’
Les chercheurs plaident pour un basculement de la technologie vers des alternatives plus durables. Au lieu de créer des bitcoins sur base du concept de la preuve de travail (‘proof of work’) énergivore, il serait bon d’opter pour la preuve d’intérêt (‘proof of stake’), qui est jusqu’à 99 pour cent plus économe en énergie, du fait qu’elle nécessite nettement moins de puissance de calcul.
La crypto-monnaie ethereum a effectué récemment ce basculement. Si le bitcoin ne suit pas, des règles plus strictes s’avéreront potentiellement nécessaires pour maintenir son empreinte climatique dans des limites acceptables, selon les chercheurs.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici