Test: Omajin Caméra solaire – Intelligente certes, mais desservie par une appli insuffisante

Prix conseillé - 164,99 euros

Michel van der Ven
Michel van der Ven Redacteur chez Data News.

Le producteur de lampes intelligentes Signify l’avait déjà fait avec Wiz, et la firme française Netatmo remet à présent le couvert avec Omajin: introduire une sous-marque de produits meilleur marché qui tente d’attirer un autre groupe-cible. Nous ne sommes certes pas des experts en marketing, mais nous en connaissons un rayon dans le domaine des caméras intelligentes. Voilà pourquoi nous attendions avec curiosité ce que la caméra solaire Omajin avait à nous offrir.

A propos de Netatmo, nous serons brefs. L’entreprise produit depuis belle lurette ce genre de produits particulièrement élégants et joliment conçus en vue de rendre nos habitations plus intelligentes et moins énergivores. De la caméra d’extérieur, en passant par le système d’alarme vidéo, jusqu’au thermostat intelligent: les gadgets de Netatmo ont à chaque fois et sans exception obtenu une bonne note lors des tests effectués par votre serviteur.

Mais Netatmo est aussi une marque qui pratique des prix pas piqués des vers. Vous payez pas mal en plus pour le joli design, la finition racée et la qualité de la technologie, qui se reflète par exemple dans une appli très conviviale. Pour vous donner une idée, sachez que l’élégante ‘caméra d’extérieur avec sirène’ (la vraie appellation de l’appareil) revient à 320 euros, alors que la sonnette de porte vidéo intelligente coûte 300 euros. Ce sont là tous d’excellents produits qui peuvent se mesurer sans problème avec – par exemple – les alternatives Nest de Google, mais pour de nombreux utilisateurs potentiellement intéressés, ils sont tout simplement trop chers.

De la fiche au babyphone intelligent

Avec la sous-marque Omajin, Netatmo entend changer les choses. La toute nouvelle gamme comprend temporairement une caméra de surveillance wifi pour l’intérieur et l’extérieur, une fiche intelligente (à savoir une mise à niveau pour votre connecteur), un babyphone avec caméra et micro, une sonnette vidéo intelligente et la star de ce test: la caméra solaire Omajin. Ce qui frappe d’entrée, ce sont les prix nettement inférieurs à ceux des produits de Netatmo. C’est ainsi que la caméra solaire revient à 64,99 euros. Elle est pourtant fournie complète avec une carte SD de 32 giga-octets pour stocker les enregistrements vidéo.

La caméra solaire n’est pas vraiment compacte, bien au contraire. D’une caméra de surveillance, nous considérons une telle taille plutôt comme un avantage. Elle fait 195 mm de long, 100 mm de large et 80 mm de haut. Le panneau solaire de 3,5W qui la surplombe est encore nettement plus grand (232 x 147 mm) et à l’arrière, on trouve en plus deux solides antennes sortant de l’appareil pour le signal wifi à 2,4 GHz. En résumé: la caméra en impose vraiment.

Un petit clapet protège les accus rechargeables, un port USB et un lecteur de carte.

Le fait qu’elle soit si volumineuse est dû d’une part à tous les composants qu’elle contient – des quatre accus Li-ion rechargeables représentant conjointement 8.800 mAh jusqu’au bloc optique, et de la sirène produisant 105 décibels en cas de danger jusqu’au  projecteur intégré. Par ailleurs, la caméra est un appareil très robuste avec un boîtier métallique, une certification IP55 qui la protège contre les impuretés et la pluie, et une solide support de montage. Le fabricant conseille par ailleurs d’installer la caméra solaire à quelque trois mètres de hauteur pour obtenir une bonne image de la situation et pour éviter que la caméra ne puisse être aisément sabotée.

Installation ultrasimple

Le fabricant fournit suffisamment de vis, de fiches, etc. pour fixer aisément la caméra qui se positionne sans problème dans l’angle souhaité au moyen de charnières. Omajin recommande avant tout de recharger pendant deux heures les accus de la caméra via le câble USB-C livré d’origine, après quoi le panneau solaire s’occupe de la suite. Aussitôt dit, aussitôt fait! Ensuite, le reste de l’installation et la configuration s’avèrent un véritable jeu d’enfant grâce à l’appli pour smartphone d’Omajin: il nous a rarement été possible d’établir aussi facilement une connexion wifi avec une caméra que dans le cas présent. Bravo!

L’installation de la caméra s’avère ultrasimple.

Par ailleurs, la caméra solaire réalise – dans les grandes lignes – ce qu’on lui demande: exercer sa surveillance et envoyer promptement une notification avec photo à votre smartphone, lorsqu’elle détecte un problème. La bonne nouvelle: vraiment rien ne lui échappe! Mais, et cela est une moins bonne nouvelle, cela est dû en grande partie au fait qu’il est malaisé de déterminer si l’appareil doit émettre une alarme ou non. Lors d’une journée ensoleillée et peu venteuse, on reçoit à peine, voire aucune notification (inutile), mais lorsque le vent se lève, il suffit que les branches d’un arbre proche s’entrechoquent pour déclencher bien vite plusieurs fausses alarmes par heure. Idem dito avec la lumière entrante du soleil rasant en cette période de l’année. Notre caméra était certes orientée vers le sud, mais un algorithme correct doit pouvoir distinguer ce phénomène naturel d’une calamité, est-on en droit de penser.

Et l’appli Omajin ne facilite en outre pas vraiment le réglage fin de la surveillance. Il existe certes une fonction permettant de paramétrer ‘l’alarme de détection des mouvements, le niveau de sensibilité, le degré de filtrage…’, sauf que rien ne se passe comme il faut. Le bouton vous oriente exclusivement vers la fonctionnalité ‘Détection de personnes’… que nous n’avons jamais réussi à activer lors de nos tests pourtant approfondis! Même après plus d’un mois, nous ne sommes jamais allés plus loin que le stade d’une icône en train de… déconner.

Une impression de l’appli avec à droite un message d’erreur à propos d’une automatisation.

Et les mises à jour alors?

Ce type de bug peut en général être rapidement corrigé par une mise à jour. Mais à notre grande surprise, nous n’avons pas vu passer durant toute la période des tests la moindre mise à jour ni pour l’appli Omajin ni pour la caméra elle-même. Ce qui est à tout le moins très inhabituel pour un produit aussi nouveau sur le marché. Au moment d’écrire ces lignes, l’appli avait déjà deux mois et ce, alors que bien d’autres bugs se trouvent aussi dans l’exemplaire en notre possession.

Mais où en étions-nous donc restés? Ah oui au réglage fin. Sachez que le seul impact que vous aurez sur la détection de mouvements par la caméra, c’est en ajustant la position de l’interrupteur PIR. Vous définirez ainsi – en quatre étapes – la sensibilité du capteur à infrarouge (passif), qui devrait en théorie être capable de distinguer les gens et les animaux des branches qui s’entrechoquent. Cela ne fonctionna pas durant nos tests, parce que la ‘Détection de personnes’ n’a donc pas pu être cochée. Ce pourquoi nous avons pu dans un premier temps utiliser l’interrupteur PIR, ce fut pour imposer de manière permanente le silence à la caméra, lorsque nous ne voulions pas recevoir de notifications inutiles. Assez bizarrement, l’appli est dépourvue d’un véritable interrupteur d’arrêt. Lors de la rédaction du présent article, il ne s’avéra en outre plus non plus possible de sélectionner une autre position PIR à cause – à chaque fois – d’un ‘Network time-out’.

A présent que nous sommes en mode récriminations: où se trouve donc le bouton permettant d’éviter que l’intense faisceau lumineux (aussi appelé flood light) vous aveugle à moitié, si vous ne voulez pas qu’il s’active à chaque mouvement? De même, les réglages concernant la puissante sirène sont à ce point nébuleux qu’on n’ose rien faire pour apporter du changement, de peur de réveiller de manière complètement intempestive les voisins au cœur de la nuit. Qu’en est-il de la commande vocale via Google Assistant et Alexa? Elle est bien présente, mais ne nous demandez pas ce qu’on peut solliciter de la caméra: l’appli et la notice d’emploi sont complètement muettes sur ce point, et nos tentatives (‘désactiver le caméra’, etc.) n’ont pas eu le moindre effet.

Deux grandes antennes se chargent de la connexion wifi.

Chéri(e), je suis à la maison!

Ce qui n’est pas anodin avec les caméras de surveillance, c’est qu’elles savent quand vous êtes présent chez vous ou pas. C’est relativement facile à paramétrer via l’emplacement géographique de votre smartphone. Omajin signale que cette fonctionnalité automatisée se trouve encore en phase de test, mais qu’elle ne devrait en fait plus sortir en 2024 (et avec une société-mère comme Netatmo). Lorsque vous sortez, la caméra doit s’activer et lorsque vous rentrez, elle doit se désactiver, point à la ligne. La caméra solaire n’est malheureusement pas (encore) entièrement fiable en la matière, comme il apparaît des messages d’erreur liés à l’activation de tâches, ce qui vous oblige provisoirement encore à opter pour une commande manuelle.

Tout est-il donc à jeter dans cette caméra solaire Omajin? Quand même pas. Car même si l’appli laisse vraiment à désirer à cause de ses nombreux manquements, le matériel compense pas mal de choses (mais pas tout). Nous avions déjà souligné la qualité de la fabrication, mais il n’y a guère de reproches à adresser non plus à la qualité de l’image. La caméra effectue ses enregistrements à une excellente résolution (1.080p), et si vous voulez regarder en direct, le logiciel vous propose rapidement une vidéo cryptée sur laquelle vous pourrez d’un simple pincement effectuer un zoom avant. Avec une caméra Nest par exemple, cela prend nettement plus de temps, sauf si vous la consultez via l’appli Google Home (ce que nous ne comprenons encore et toujours pas bien).

Nous avions déjà signalé que la caméra solaire sera fournie avec une carte-mémoire de 32 giga-octets pour le stockage des images enregistrées à court terme. Pour poursuivre le visionnement arrière, vous pourrez opter pour un abonnement cloud qui conserve les vidéos pendant 14 ou 30 jours et ce, pour une ou plusieurs caméra(s). Les prix de ces formules débutent à 4,99 euros par mois (14 jours, un appareil). Cela n’est pas encore comparable à un abonnement Nest Aware, qui ajoute une solide dose d’intelligence à la caméra de surveillance, comme la reconnaissance faciale et des zones d’activité. Sur ce plan, l’abonnement Omajin n’en est encore qu’à ses débuts.

Conclusion

Le présent article débuta sous les meilleurs auspices avec une imposante caméra d’extérieur commandée – et ce n’est pas négligeable sur le plan écologique – par l’énergie solaire. Un solide matériel proposé à un prix abordable, qui perd malheureusement pas mal de crédit par la faute d’une appli qui fait tout de travers. C’est en réalité un énorme chaos que cette appli d’Omajin, caractérisée par une interface peu claire, des paramètres qui vous font tourner la tête ou – pire encore – ne fonctionnent tout simplement pas. Comment le fabricant réagit-il? Il tergiverse et donne l’impression de ne pas se rendre compte de la situation depuis deux mois déjà. Si Omajin lit cet article: qu’il applique dans l’immédiat les indispensables mises à jour qui ne demandent qu’à être intégrées à cette sympathique camera! En attendant, une chose est sûre heureusement: rien ne lui échappe…

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