Retroussons nos manches, aujourd’hui même!

Sans exagération aucune, l’on peut affirmer que l’industrie ICT est devenue ces 25 dernières années le secteur le plus influent au monde. L’ICT est en effet la base, la matière première et le moteur de l’industrie de la connais-sance. Suivre l’évolution de cette industrie, c’est -surtout en Europe de l’Ouest caractérisée par une pénurie de matières premières et un problème structurel au niveau des coûts- c’est tout simplement essentiel pour assurer le succès d’une société.

Sans exagération aucune, l’on peut affirmer que l’industrie ICT est devenue ces 25 dernières années le secteur le plus influent au monde. L’ICT est en effet la base, la matière première et le moteur de l’industrie de la connais-sance. Suivre l’évolution de cette industrie, c’est -surtout en Europe de l’Ouest caractérisée par une pénurie de matières premières et un problème structurel au niveau des coûts- c’est tout simplement essentiel pour assurer le succès d’une société.

Si la Belgique veut être un pays, où les grands groupes IT non seulement ‘vendent’ et ‘installent’, mais aussi investissent vraiment dans le développement de l’industrie de la connaissance, elle doit prendre des mesures d’urgence. C’est qu’elle dispose d’atouts et a développé des applications uniques dans certains domaines partiels. Le temps est cependant venu de choisir un segment (ou quelques segments) où notre pays souhaite se distinguer et consentir tous les efforts pour en devenir LE centre de connaissance international.

Il n’y a guère encore, les PDG d’IBM (dont je faisais partie) menaient des combats héroïques pour attirer des usines, synonymes d’emploi, de moyens complémentaires et de… prestige. Aujourd’hui, les usines ont été rem-placées par les centres de compétences.

Nonobstant les bons résultats dans certains segments et un certain nombre de développements de niveau mondial (e-cartes, banque-carrefour,…) et d’entreprises de premier plan (Metris,…), on ne peut que constater qu’on ré-gresse. Il y a trop peu de personnel, il y a trop peu d’idées, les autorités manquent de vision, la concentration fait défaut, des initiatives sont lancées, puis stoppées par la grâce des ministres qui passent (avec le risque de prendre un tour personnel, mais l’interruption ces 2 dernières années du projet de TV numérique lancé en 1999 par Dirk Van Mechelen est un véritable scandale).

Il y a néanmoins assez d’argent, mais… ce sont les initiatives qui manquent. Il faut d’urgence créer un climat qui incite les jeunes à suivre des études techniques. Les moyens pour la R&D sont libérés, mais ne sont pas ou pas suffisamment exploités. Les règles, si minimes soient-elles, qui ont été fixées pour pouvoir bénéficier des fonds disponibles, sont si compliquées que les chercheurs et les petites entreprises abandonnent. Tenter d’obtenir du soutien et/ou des subsides constitue souvent un emploi à temps plein. Quel chercheur, quelle jeune entreprise peut ou veut-il/elle se le permettre?

Il convient dès lors aujourd’hui même de changer son fusil d’épaule. Si nous voulons garder notre bien-être, nous devons investir nettement plus dans l’industrie de la connaissance et offrir à notre enseignement davantage de moyens, mais aussi et surtout investir de manière beaucoup plus ciblée dans les facteurs qui apportent leur contribution à l’industrie de la connaissance. Les autorités doivent en outre organiser leur soutien et leurs stimu-lants de manière nettement plus transparente, mais aussi beaucoup moins bureaucratique. A mes yeux, il convient ici de prendre quelques risques.

Toutes les études internationales prodiguent le même conseil: misez à fond sur l’innovation et la connaissance. Je ne peux que constater que nous sommes loin du compte. Même notre enseignement si réputé accuse un retard relatif et reçoit moins de moyens que dans les pays qui nous entourent (étude OESO).

Le monde politique assume une responsabilité écrasante dans la mise à disposition des moyens et dans la déter-mination de la voie à suivre. Le succès de l’industrie high-tech américaine est grandement basé sur les stimuli prévus par les autorités. Les commandes gouvernementales sont en effet essentielles pour générer de nouveaux développements. Ce qui est essentiel aussi, c’est que dans le cas de telles commandes, et c’est d’ailleurs le cas aux Etats-Unis, une partie est réservée aux petites et moyennes entreprises. Les PME sont en effet souvent le creuset de l’innovation. Les Pays-Bas l’ont bien compris, la Finlande est un exemple d’école, et la France a ses initiatives. Nombre d’autres pays prennent des mesures, alors que nous, nous nous enlisons. Espérons que nous ne nous noierons pas.

Le moment de changer est venu. Il ne faut plus perdre de temps en des débats stériles. L’ICT est la base même de l’industrie de la connaissance. Notre bien-être dépend en grande partie de notre succès dans cette industrie. Voilà pourquoi il faut des moyens supplémentaires et une nouvelle stratégie pour l’enseignement, où la qualité et l’expertise primeront sur la quantité (qui s’avise aujourd’hui de faire dépendre le financement de l’enseignement supérieur du nombre de réussites?). Comme dans de nombreux autres pays à succès, les autorités belges doivent devenir le principal client de l’industrie ICT, alors qu’elles accusent désespérément du retard.

Ensemble, le gouvernement et l’industrie doivent d’urgence développer une vision et préciser la voie à suivre. Ce n’est qu’ainsi qu’on en arrivera à une stratégie à long terme et à un plan consistant, qui ne sera pas adapté à tout propos à la dernière mode ministérielle. Ambition, concentration et réflexion à long terme, tels sont les mots-clés! Commençons aujourd’hui même.

Titulaire d’une maîtrise en sciences économiques de la VUB, Tony Mary entame sa carrière chez IBM où il de-viendra country general manager d’IBM Belux en ’90. En ’93, il fonde Synerga qu’il dirigera jusqu’en juillet ’95. Entre août ’95 et mai ’97, il est general manager chez Belgacom puis de juin ’97 à décembre ’98 président pour l’Europe de Sitel. De janvier ’99 à décembre ’99, il sera vice-président exécutif senior du groupe Bull avant d’être entre janvier 2000 et juillet 2002 managing partner de KPMG. En 2002, il est nommé président et CEO de la VRT, poste qu’il occupera jusqu’en septembre 2006. Depuis 2000, il est directeur indépendant et membre du comité d’audit de Vivium et de plusieurs autres sociétés.

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