Bruno Segers

Retroussez-vous les manches, Hinssenois, finis les pèlerinages!

Bruno Segers Bruno Segers est CEO de la Start-up IrisPact SA; il a été à la tête de RealDolmen et Microsoft en Belgique: il a occupé différentes fonctions locales et internationales chez Lotus, IBM et Oracle et il est administrateur au sein de plusieurs sociétés belges innovantes.

Mai est un mois difficile pour la Belgique en raison des grèves, et en juin, on ne travaillera pas davantage puisque chacun regardera le football. Mon petit-fils se promène habillé en Diable rouge et tous les jeunes veulent subitement devenir footballeurs professionnels. Eh oui, un bonus de 700 000 € est bon à prendre et représente un an de salaire pour Dominique Leroy et Koen Van Gerven.

Retroussez-vous les manches, Hinssenois, finis les pèlerinages!

Quoi qu’il en soit, on va s’amuser : les adultes deviendront soudainement fan de leur pays et les enfants qui se voient déjà en vedettes grassement rémunérées qui se demandent déjà comment payer un minimum d’impôts sur leurs primes.

Pour ma part, je ne suis pas fan de l’un ou l’autre joueur. A l’époque, je voulais courir aussi vite que Raoul Lambert, marquer comme Polle Gazon et défendre mes buts comme Jean Nicolay, mais j’en suis resté là. Je n’ai même jamais revu le seul goal que j’aie jamais marqué. C’était un but placé dans la lucarne droite, durant un match de vétérans Olvac – Groenendael dans le cadre de la ligue amateur anversoise. S’il y avait eu des smartphones à l’époque, mon tour serait devenu un hit sur YouTube.

Non, je n’ai jamais été supporter d’un sportif, mais d’une personnalité du monde ICT. Un jeune homme qui a réussi à fonder 3 sociétés avant de les revendre avec succès. Quelqu’un qui a écrit des livres que j’ai lus, un homme de scène qui raconte des histoires que l’on écoute et qui peut faire des présentations à la vitesse grand V.

Le seul orateur belge qui peut facturer ses prestations à l’étranger à des tarifs dont même les meilleurs américains ne peuvent que rêver. Il n’est pas donné et sa voix est posée, de même que ses jugements. Excepté les lunettes, il a tout ce que je n’ai pas. Je ne me lave pas durant plusieurs jours après lui avoir serré la main. Oui, je voulais être Peter Hinssen. Je suis son plus grand fan.

Oui, je voulais être Peter Hinssen. Je suis son plus grand fan.

Peter est visionnaire, optimiste, entreprenant et un exemple pour beaucoup. Après ses 3 start-up, il a même copié le business model de son grand-père qui transportait les croyants à Lourdes dans un car de luxe. Peter fait de même : le bus est devenu un avion, Lourdes la Silicon Valley et les francs des dollars.

Reste pourtant deux différences majeures : à Lourdes, on ne fait “que” transformer l’eau en eau bénite, mais dans la Silicon Valley, on transforme le sable en puces ultra-puissantes. La Vierge Marie et Bernadette ne sont pas du voyage, alors que le Messie est désormais l’organisateur du voyage. Du coup, on a vu émerger dans le “nouveau normal” un modèle business disruptif et lucratif, dirigé par un wonderboy toujours enthousiaste.

Cela dit, je m’inquiète à propos de cette génération de croyants qui prétendent avoir vu l’esprit saint dans la Silicon Valley. Qui affirment que tout y est possible, contrairement à ici. Un Hinssenois, disciple de Peter Hinssen, est un phénomène qui mérite le titre de #MotICTdelAnnee. Malheureusement, les membres de ce groupe constituent une menace pour notre société et devraient être obligés de porter un signe distinctif en public et en ligne.

Je m’inquiète à propos de cette génération de croyants qui prétendent avoir vu l’esprit saint dans la Silicon Valley.

Ces Hinssenois crachent en effet dans la soupe de notre jeune mais bel écosystème d’entrepreneurs débutants et innovants. Ils ont une opinion sur tout et n’importe quoi, mais surtout ils sont convaincus du fait que c’est impossible “ici” et bien mieux “là-bas”. En outre, ils n’ont jamais ou que peu travaillé en dehors du cocon protecteur d’une grande entreprise. Bref, ils n’ont aucune expérience pratique de l’innovation et des start-up, mais ont une idée bien arrêtée sur le sujet.

Certes, nous ne fabriquons pas ici des puces au départ de sable, mais nous comptons des générations de bosseurs dotés d’un bon sens paysan. Nous avons ici tous les ingrédients pour devenir une terre d’expérimentation idéale pour le monde numérique global.

Nous pouvons conquérir le monde au départ de la Belgique si nous pensons d’emblée en termes de numérique et d’international. La Flandre compte autant d’habitants que Singapour et a une superficie égale à celle de la grande banlieue de Los Angeles. Au lieu de faire constamment référence à la Silicon Valley, nous ferions mieux de promouvoir #SmartFlanders. Retroussez-vous les manches, Hinssenois, finis les pèlerinages !

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