Qui lit par-dessus votre épaule sur le BlackBerry?

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

Hillary Clinton en personne a servi d’intermédiaire la semaine dernière, lorsque les Emirats Arabes Unis, puis l’Arabie Saoudite ont annoncé qu’ils ne toléreraient plus le Blackberry sur leur territoire pour des raisons de sécurité.

Hillary Clinton en personne a servi d’intermédiaire la semaine dernière, lorsque les Emirats Arabes Unis, puis l’Arabie Saoudite ont annoncé qu’ils ne toléreraient plus le Blackberry sur leur territoire pour des raisons de sécurité. La ministre américaine des affaires étrangères a à cette occasion défendu le droit au libre accès aux services télécoms. Voilà qui peut sembler étrange dans la mesure où, il y a deux ans, la CIA et le FBI interdisaient encore l’utilisation du Blackberry dans la Maison Blanche. Le président Obama s’y était cependant opposé et dispose à présent d’une version ‘ultra-cryptée’ du Blackberry.

Le bannissement de l’appareil dans le monde arabe est donc aussi dû à un problème de sécurité, bien que d’un tout autre ordre. Les autorités veulent en effet pouvoir toujours visionner les courriels que leurs citoyens suspects ou non s’envoient mutuellement. Or comme les serveurs BlackBerry se trouvent en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et au Canada, il y a un hic.

Cette problématique n’est pas nouvelle. Quasiment tous les fabricants de réseaux GSM ont, au début des années 90, adapté leur technologie aux pays non seulement arabes, mais aussi asiatiques et africains. Il est ici question d’une version de cryptage très léger, ce qui permet donc aux autorités de ces pays d’écouter à tout moment les communications. Il ne m’étonnerait du reste pas que cela soit aussi le cas aux Etats-Unis. Des accords poussés conclus avec Google notamment y permettent en effet déjà de s’immiscer dans le trafic de recherche et d’e-mail. Récemment encore, le Parlement européen s’est encore distingué de manière éhontée en accordant aux Etats-Unis l’accès aux données bancaires de Swift. Les Américains sont donc les derniers à donner des leçons sur le plan des droits fondamentaux de la démocratie.

S’il est un enseignement que nous pouvons tirer de cette situation, c’est qu’une ministre en vue comme Hillary Clinton défend en public une entreprise technologique. Voilà qui témoigne d’une vision industrielle que l’on retrouve rarement, voire jamais chez nos ministres des affaires étrangères.

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