Quelle est la signification des ‘patrouilles internet’ pour le gouvernement?

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Pieterjan Van Leemputten

Le gouvernement veut davantage de présence policière en ligne. Mais c’est là un concept très vague. Il y a certes encore du pain sur la planche, mais les lignes directrices sont cependant claires.

Deux plans

Il n’est d’abord et avant tout question non seulement du plan visant la police en ligne, mais aussi des divers objectifs imposés à cette même police et qui sont actuellement redéfinis. Le technologie et internet en constituent un aspect. A cela vient à présent s’ajouter le Plan de Sécurité Nationale: un plan concret fixant des objectifs pour la police. Mais en même temps, il y a également la Note-cadre de Sécurité Intégrale qui est rénovée pour la première fois depuis 2004. Cette note est plus abstraite, mais se focalise notamment sur une collaboration entre toutes les régions, communautés et gouvernements.

Cette manoeuvre de rattrapage était nécessaire, parce qu’internet joue aujourd’hui un rôle nettement plus important dans notre vie de citoyen, mais aussi dans le modus operandi des cybercriminels. “Les gangs professionnels communiquent à présent au moyen d’outils de cryptage, alors que des moyens, tels le hameçonnage (phishing) ou la propagation de la pédopornographie, sont actuellement utilisés en ligne. Il est donc logique que cela attire l’attention de la police”, explique Olivier Van Raemdonck, porte-parole du ministre de l’Intérieur Jan Jambon.

Pas uniquement la FCCU

Aujourd’hui, la criminalité en ligne est déjà suivie par la Federal Computer Crime Unit (FCCU), mais le but est de renforcer tout le travail policier. Notamment en explorant pro-activement le web. Le but n’est donc pas que la FCCU prenne demain deux fois plus de personnes à son service, même si l’on réfléchit aussi à la renforcer.

Au cabinet du ministre Jambon, notre rédaction apprend que tous les détails ne sont pas encore finalisés. C’est ainsi que le cadre légal doit encore être mis en place. “Mais l’objectif est que la police puisse en faire autant dans le monde virtuel que dans le monde réel”, affirme Van Raemdonck.

Où la police va-t-elle patrouiller sur internet?

La police va donc bientôt être pro-activement présente sur internet. Pas uniquement à la recherche de faits criminels, mais aussi pour surveiller certains espaces publics, comme Facebook ou d’autres médias sociaux. Mais il pourrait tout aussi bien s’agir de forums, sites de petites annonces ou d’autres espaces publics sur le web.

Van Raemdonck apporte ici la nuance, selon laquelle l’objectif n’est pas que la police effectue elle-même du piratage ou déclenche certaines choses. Il lui faudra aussi encore et toujours recevoir une autorisation juridique dans des situations bien spécifiques, comme c’est le cas aujourd’hui pour les mises sur écoute téléphoniques. “Il n’est pas question de vastes actions planifiées ou de faire des choses insensées. Nous voulons surtout que la police soit présente, tout comme dans la vie normale.”

Qu’est-ce que cela va coûter?

Beaucoup et peu à la fois. Ces plans ne nécessiteront pas de budget supplémentaire. Mais au cabinet du ministre Jambon, l’on déclare que l’année dernière déjà, deux cents millions d’euros avaient été libérés pour la sécurité, auxquels viendront s’ajouter quatre cents millions cette année. “Quelques dizaines de millions” seront consacrés à l’ICT et au personnel. Il n’y aura donc pas de budget séparé pour les plans, mais le budget général accordera désormais plus d’attention à l’online.

Justice

Le ministre Jambon a présenté les plans conjointement avec son collègue de la Justice, Koen Geens car à côté d’un appareil policier plus numérique, il faut une présence juridique. “Nous observons que la police judiciaire ne dispose pas toujours des outils adéquats et sur ce plan aussi, nous voulons effectuer une manoeuvre de rattrapage.”

Profils

Cela ne signifie cependant pas que demain, un tas de profils ICT supplémentaires seront nécessaires. La police recherchera cette année 1.600 nouveaux collaborateurs, plus encore 1.400 l’année prochaine, en se concentrant tout spécialement sur l’IT et le cyber-crime et donc pas tant sur des profils très techniques.

Il s’agira d’un mix de profils nouveaux et existants (remodelés ou non). Dans cette optique, une comparaison s’impose avec la cellule anti-terroriste qui résout des affaires spécifiques, tout comme la FCCU le fait en cybercriminalité, et tout comme le fait l’agent de quartier qui effectue également un contrôle à son niveau. Ce dernier sera du reste aussi à terme présent en ligne.

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