Pourquoi une station spatiale n’est pas vouée à une… belle vie

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Sebastien Marien Stagiair Data News 

La toute première station spatiale chinoise va bientôt s’autodétruire. Elle se rapproche toujours plus de l’atmosphère terrestre et va finalement se désintégrer. Pourquoi nombre de stations spatiales sont-elles donc vouées à une fin aussi rapide qu’impitoyable?

Tiangong-1, tel le nom de la station spatiale chinoise qui est condamnée à disparaître. La station avait été lancée en septembre 2011 sous la forme d’un prototype. Initialement, elle ne devait fournir des services que pendant deux ans. L’âge de la rentraite est donc pour elle largement dépassé. De plus, la Chine en a finalement perdu le contrôle en 2016.

La station spatiale qui s’emballe

Selon des chercheurs de l’European Space Agency (ESA), la station s’autodétruira entre le 24 mars et le 19 avril. Tiangong-1 hors de contrôle aboutira à une vitesse croissante dans une orbite toujours plus basse autour de la Terre. Finalement, elle se désintégrera aux environs de cette période dans notre atmosphère.

L’organisme de recherche Aerospace Corporation fait observer qu’il existe aussi un risque que le colosse, qui pèse 8,5 tonnes et fait dix mètres de long, s’écrase partiellement ou non sur la Terre. “Si tel devait être le cas, les débris seraient éparpillés dans un rayon de 100 kilomètres”, affirme l’organisme. Bien que le risque soit infime qu’un individu spécifique soit touché par un fragment de la station spatiale, y ajoute-t-on aussitôt pour calmer les esprits. La chance de toucher le premier prix à un jeu de hasard est ainsi un million de fois plus grande.

Stations spatiales à l’agonie

Deux ‘taïkonautes’, comme s’appellent les astronautes chinois, avaient pris place dans la Tiangong-1 compacte. L’objectif du projet était de faire servir la station spatiale de base pour le développement d’un exemplaire modulaire plus grand que les scientifiques placeraient d’ici 2020 en orbite autour de la Terre.

La station spatiale chinoise n’est pas la seule à s’autodétruire ou à attendre sa fin. Parmi des exemples précédents bien connus, citons la station russe Mir en 1986, l’américaine Skylab et la Salyut elle aussi russe.

Mais l’exemple le plus récent et le plus connu d’une station spatiale menacée de mort, c’est incontestablement l’International Space Station (ISS). Le gouvernement Trump entend en effet fermer précocement le robinet financier de la station spatiale internationale, dans laquelle l’astronaute belge Frank De Winne notamment a séjourné quelque temps. Il y aurait aussi un plan en préparation prévoyant que l’ISS aboutisse dans des mains privées.

Source de bactéries

Mais pourquoi la durée de vie d’une station spatiale est-elle aussi relativement brève? La réponse à cette question réside dans les conditions complexes que génère l’espace. La coque de la station spatiale doit faire face aux chocs de micrométéorites, à l’irradiation extrême et à de gros écarts de température.

A l’intérieur, il y a le développement de micro-organismes qui peuvent constituer un risque pour la santé du personnel présent à bord. Dans le cas de la station russe Mir par exemple, des échantillons ont montré un développement préoccupant d’acariens, de protozoaires et d’amibes au fil des ans.

Pourquoi une station spatiale n'est pas vouée à une... belle vie
© NASA

L’ISS est aux prises avec des problèmes similaires, selon la NASA. A l’endroit où les astronautes laissent leurs vêtements de sport après des entraînements physiques, on observe un développement de traces de moisissure. “Cela démontre que la contamination biologique n’est pas un ancien problème ou n’était présente que dans la station Mir”, prétend Mark Ott, expert en santé du Johnson Space Center de Houston.

Stations spatiales jetables

Reste alors la question de savoir pourquoi les stations spatiales sont vouées à une telle fin pénible. Tout comme la Mir, la Tiangong-1 va à présent être confrontée à l’atmosphère terrestre. Du point de vue technique, il est possible d’équiper une station spatiale de boucliers thermiques et d’un parachute. Le vaisseau spatial Orion de la NASA par exemple est doté d’un bouclier thermique de qualité de quelque 5 mètres d’épaisseur.

L’argent en est évidemment la principale raison. L’ISS est un projet qui a coûté 100 milliards de dollars au départ, plus trois à quatre milliards supplémentaires injectés annuellement en frais de maintenance. SpaceX consent par exemple des efforts louables pour pouvoir réutiliser le plus possible les fusées porteuses, et parce qu’elle peut ainsi économiser quelque 30 pour cent sur les coûts de lancement.

Stations spatiales modulaires

Il y a pourtant actuellement diverses entreprises qui préparent une méthode permettant de conserver les stations spatiales plus longtemps. Outre la Chine qui a donné le coup d’envoi avec l’infortuné prototype Tiangong-1, la NASA et l’américaine Bigelow Aerospace ont elles aussi décidé de construire une station modulaire. De cette manière, des fragments d’une station spatiale pourraient revenir sur Terre de manière plus économique, ce qui lui permettrait de survivre pendant cinquante ans ou plus.

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