Pourquoi l’Hololens est tout sauf un casque VR

© Pieterjan Van Leemputten
Pieterjan Van Leemputten

Comment l’Hololens va-t-il donc pouvoir concurrencer les casques-lunettes de réalité virtuelle existants, plus économiques et plus rapides tels l’Oculus Rift? La réponse est plus nuancée qu’on pourrait le penser à première vue car Microsoft ne fait pas de la réalité virtuelle, mais crée son propre espace de jeu, une notion qui peut être prise au pied de la lettre.

Au moment d’écrire ces lignes, les premières versions de l’Hololens sont fournies aux développeurs à un prix de trois mille dollars. Après une première brève expérience l’année dernière, Data News a pu cette fois tester plus avant les lunettes holographiques.

Du point de vue technique, le produit est en grande partie le même, mais alors qu’en 2015, nous n’avions pu qu’effleurer les bâtiments virtuels, aujourd’hui, l’on voit nettement plus clairement ce que le produit permet. Lors de la session de test, qui a duré une heure environ, l’on a vu comment un développeur pouvait développer des hologrammes en Unity et Visual Studio, puis y interagir, une fois qu’ils étaient déployés sans fil vers les lunettes.

Ce type d’hologramme est un objet virtuel dans un environnement réel. S’il émet un son, vous l’entendez plus ou moins bien au fur et à mesure que vous vous en rapprochez, que vous vous en éloignez ou que vous lui tournez le dos. Mais cela ne devient vraiment intéressant que si vous partagez vos hologrammes avec d’autres porteurs d’Hololens dans un local. Une projection faite ‘sur une table’ devient visible aussi pour eux à cet endroit précis.

Pas d’écran, mais un environnement Et voilà comment l’Hololens se distingue du Google Glass, auquel nous l’avions comparé l’année dernière encore. Glass, c’est un ‘heads-up display’, à savoir une sorte de mini-moniteur. Pour sa part, l’Hololens ‘prend conscience’ de l’environnement et des objets qui s’y trouvent. Il crée une couche 3D virtuelle de l’environnement dans lequel vous pouvez travailler ou jouer, ce qui se traduit par une interaction entre la réalité et la virtualité.

Pourquoi l'Hololens est tout sauf un casque VR
© Pieterjan Van Leemputten

La démonstration aborde ensuite un petit jeu consistant à se lancer mutuellement des boules de feu virtuelles. On les entend siffler à ses oreilles, ce qui rend le jeu très réaliste malgré l’environnement restreint. Même si la session de test reste limitée à des épisodes bien adaptés de quelque cinq minutes chacun, il est manifeste que le potentiel de l’Hololens dépend des applications qui sortiront dans les années à venir. Une appli vedette pourrait faire de l’Hololens la prochaine vogue technologique, à l’image de ce que furent en leur temps le smartphone, la tablette, l’ordinateur portable ou le PC.

Mais c’est en même temps aussi la faiblesse de l’appareil actuellement. C’est aux développeurs de jouer à présent car le succès de l’Hololens sera fonction des possibilités existantes. C’est ainsi que lors d’une session d’infos, un journaliste fit observer que Microsoft avait présenté au début des années 2000 une tablette, mais il fallut attendre l’iPad, dix ans plus tard, avant que l’appareil ne devienne populaire. Et chez Microsoft, on en est bien conscient.

“Ce n’est pas une évolution d’un appareil, mais une révolution, et c’est justement pour cela que c’est compliqué d’en parler avec des gens qui ne le connaissent pas. Il s’agit d’une ‘mixed reality’, pas d’une réalité virtuelle et cela n’a rien à voir avec un PC ou smartphone”, déclare Scott Erickson, en charge du New Devices Marketing chez Microsoft. “Mais c’est précisément parce qu’il est si unique qu’il y a d’autres use cases bien différents, et que l’on attend avec curiosité ce que les développeurs veulent en faire. Car il y a tellement de choses possibles auxquelles nous-mêmes, nous n’avons pas encore pensé.”

Pourquoi l'Hololens est tout sauf un casque VR
© Oculus

Est-ce mieux que la VR? Comment se positionne dès lors l’Hololens vis-à-vis des lunettes de réalité virtuelle existantes, telles l’Oculus Rift ou la Samsung Gear? C’est aussi une comparaison que nous avions faite l’an dernier. De nouveau, il nous faut faire observer ici qu’il s’agit d’appareils qui se ressemblent physiquement, mais dont le contenu est différent.

Quelle que soit notre appréciation de la réalité virtuelle, il s’agit en fait d’une façon moderne de regarder la TV, l’écran d’un ordinateur ou d’un smartphone. Mais avec l’Hololens, il ne s’agit pas seulement de vision, mais aussi d’une interaction avec des objets (virtuels), séparés ou en groupe, avec, en plus, une adaptation à l’environnement réel.

Les lunettes VR sont-elles dès lors moins intéressantes? Non, ce sont simplement d’autres appareils, mais qui se ressemblent. C’est comparable à la TV et au PC. Le téléviseur permet de regarder et de ressentir les événements, alors qu’avec un PC, l’on peut soi-même participer activement.

Confortable

L’un des éléments qui nous avait vite gênés l’an dernier, c’était le poids. L’Hololens est un ordinateur en soi, ce qui signifie que toutes les puces et capteurs se trouvent à l’avant, et cela se ressentait au bout d’un certain temps. Il n’en va guère autrement un an plus tard, mais force nous est cependant d’admettre qu’en portant, puis en retirant les lunettes régulièrement, l’on finit par les trouver plus confortables.

Peut-on pour autan utiliser l’Hololens toute la journée durant? Absolument pas. Mais plus fréquemment on les porte, moins leur poids à l’avant semble être un problème.

Ce qui demande encore pas mal d’entraînement, c’est le travail des doigts. L’Hololens (en plus de la vision et de la commande vocale) se pilote en abaissant le doigt tendu, à l’instar d’un ample clic de souris.

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Ces manipulations exigent un peu d’entraînement, et l’on espère que Microsoft améliorera à long terme quelque peu l’Hololens dans la reconnaissance des mouvements de la main et du bras. Cela offrira davantage de possibilités dans les jeux. Il nous semble en effet nettement plus agréable dans un jeu holographique d’abattre quelqu’un en tirant qu’en le visant à plusieurs reprises.

Bel avenir?

Il n’existe encore aucune date ou prix pour la version générale de l’Hololens. En attendant, Microsoft réussit quand même à gommer les principaux doutes que nous avions. Nous espérons encore et toujours que l’appareil sera davantage immersif dans une prochaine version, ce qui permettrait au champ holographique de s’étendre encore plus sur le champ de vision. Mais le produit en vaut la peine et si les développeurs suivent le mouvement, nul doute qu’il sera promis à un bel avenir et ce, tant dans la recherche, l’enseignement, en entreprise que pour les consommateurs.

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© Microsoft

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