Pénurie par ci, pénurie par là: c’est trop facile!

Ce dimanche, je me régalais sur ma terrasse à lire les communiqués de presse ICT publiés ces derniers mois. Peut-être était-ce dû à mes abus de la veille, mais plus je lisais, plus un mot s’imposait à mes yeux: pénurie. Chaque article l’évoquait que ce soit dans le titre, le texte ou la conclusion. Il revenait sans cesse tant de manière implicite qu’explicite.

Ce dimanche, je me régalais sur ma terrasse à lire les communiqués de presse ICT publiés ces derniers mois. Peut-être était-ce dû à mes abus de la veille, mais plus je lisais, plus un mot s’imposait à mes yeux: pénurie. Chaque article l’évoquait que ce soit dans le titre, le texte ou la conclusion. Il revenait sans cesse tant de manière implicite qu’explicite.

Opinion de Jan MertensQuelques exemples: il y a une pénurie, voire une diminution du nombre d’étudiants ICT. Il y a une pénurie de 14.000 informaticiens, dont 3.000 à Bruxelles. Il y a une pénurie de connaissance, de qualifications, de compétences et de talent chez les 105.000 informaticiens existants. Il y a une pénurie d’audace, d’esprit d’entreprise et de volonté de travailler chez les jeunes, la fameuse ‘Y-Generation’ qui arrive à présent sur le marché du travail. Il y a une pénurie d’équilibre vie professionnelle-vie privée, de satisfaction et d’amour du travail. Seuls 2 CIO sur 5 sont enthousiastes à propos de leur fonction à cause d’une pénurie de possibilités d’évolution, de défi et de développement personnel. Il y a une pénurie de motivation chez les postulants, un manque de formation chez les professionnels, une carence d’idées lumineuses chez les décideurs, etc.

Mais n’utilise-t-on pas le terme ‘pénurie’ à tort et à travers? N’est-il pas trop facile de pointer du doigt en la circonstance les vilains étudiants, les professionnels prétentieux, les postulants énervants, les CIO difficiles ou une génération dégénérescente?

Certes, les pénuries sont bien réelles, mais leur cause réside, à mon avis, dans une autre carence: un manque de courage de se poser systématiquement la question du pourquoi de cette misère! Pourquoi toutes ces pénuries existent-elles aujourd’hui? Quelle en est la cause? Pour moi, il s’agit d’un douloureux ‘excès’ issu de l’omniprésent contrôle pressant et mesquin des coûts provoqué par la crise de 2001, principalement dans les entreprises ICT ayant une maison mère américaine. Depuis 2001, il n’est plus possible d’y commander le moindre rouleau de papier WC, sans qu’on y calcule la consommation moyenne par passage au petit coin et sans qu’un plan soit établi sur le nombre de ces passages et sur une réduction de la consommation.

Le contrôle excessif des coûts est perpendiculaire à une saine stratégie d’investissements. Le contrôle des coûts se traduit par des résultats, et la stratégie d’investissements par de la motivation. Sans motivation, il ne reste cependant plus personne pour assurer des résultats. Le point commun des exemples cités réside dans la pénurie de force d’attraction et de puissance de séduction. Il est peut-être encore et toujours captivant de travailler dans notre secteur, mais souvent, ce n’est absolument plus agréable. La passion est brisée, la reconnaissance et l’estimation sont bannies. Il y a trop de sanctions, trop peu de récompenses. Depuis trop longtemps, nous recevons trop peu pour nos efforts, pourquoi devrions-nous dès lors encore en consentir? Pourquoi rester dans le secteur et pourquoi y entrer? La réponse est tout aussi facile: trop peu de personnes motivées.

Mr. Sinclaire l’avait déjà déclaré autrefois: ‘It is hard to convince a man of understanding something when his salary depends on not understanding this’: qui ose-t-il encore dire aujourd’hui à son entreprise qu’elle file du mauvais coton? Le pendule n’oscillera de la gestion des coûts à la stratégie d’investissements que quand les responsables prendront conscience qu’ils sont en train de s’amputer le coeur. Généralement, le corps sera entre-temps déjà mort. Personnellement, j’espère que cela n’arrivera pas, sinon, je devrai moi-même rechercher un chasseur de têtes pour un nouveau travail.

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