Pas de smartphone à mes réunions…

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Elio di Rupo interdit les smartphones durant les réunions importantes, mais est-ce bien sensé?

C’est Etienne Schouppe (CD&V) qui, fin des années 90, lorsqu’il dirigeait encore les chemins de fer, avait fait équiper un petit local spécial dans le saint des saints bruxellois, où aucun GSM ne pouvait être utilisé. Schouppe savait à l’époque déjà combien ces appareils étaient dangereux, et il y avait fait installer un appareil de brouillage.

En 2003, le ministre des entreprises publiques de l’époque Rik Daems (Open VLD) n’avait rien trouvé de mieux que d’envoyer un collaborateur de son cabinet sous le couvert d’un journaliste indépendant à la conférence de presse du CD&V. Les Chrétiens-Démocrates devaient en effet y aborder la stratégie de la Sabena. Le pseudo journaliste avait laissé son GSM ouvert, de sorte que le cabinet Daems pouvait suivre les débats en direct. Le coquin!

A l’époque, il y a dix ans, les GSM étaient encore appelés les ‘sans fil’ en langage populaire. Ils ne servaient alors qu’à téléphoner et, parfois, à envoyer un SMS. Aujourd’hui, la fonction téléphone est souvent l’une des applis les moins utilisées d’un smartphone. Il y a davantage de technologies dans un smartphone que dans une voiture. C’est un véritable centre de données avec micro, appareil photo, e-mail, médias sociaux, navigation GPS, indicateurs de santé et bien d’autres possibilités électroniques encore.

Pendant longtemps, c’est Blackberry qui domina le marché. C’était le smartphone le mieux sécurisé car pour l’e-mail, il utilisait un système de serveurs fermé. Mais l’arrivée de l’iPhone et d’autres acteurs surtout de Corée du Sud et de Chine ouvrit l’internet aux smartphones. Voilà comment l’ancienne devise d’AT&T devint enfin réalité: ‘Anything, Anytime, Anywhere’. Mais aussi ‘Always connected’.

L’époque où l’on éteignait quelque temps son GSM, est depuis des années déjà révolue. Le smartphone est toujours branché. On le recharge, lorsque sa batterie est quasiment vide. Il se trouve même à coté du lit. Qui plus est, on lit les tout derniers mails ou messages Facebook tout juste avant de se glisser sous la couette, et même avant de chausser ses lunettes, l’on est déjà en train de faire les yeux doux au gadget.

Le smartphone est la porte d’accès aux données privées et professionnelles. Et si celui de Angela Merkel a été mis sur écoute et espionné des années durant, sans que personne ne le remarque, c’est que chaque smartphone peut être piraté, où qu’il soit dans le monde.

Prohiber le smartphone lors de négociations ‘secrètes’, comme Elio Di Rupo le propose, peut certes paraître sensé, mais en partie seulement. Ronald Prins, le fondateur de Fox-IT, a entièrement raison lorsqu’il affirme dans le journal De Tijd que l’information doit aussi rester secrète après les négociations. Au moment où elle doit être diffusée, elle est de nouveau ‘piratable’.

Interdire les smartphones n’est pas la solution, mais les fournisseurs de smartphones et de réseaux mobiles, ainsi que les opérateurs télécoms eux-mêmes feraient bien de considérer de nouveau la sécurité comme leur priorité numéro un. Car ici aussi, la confiance représente la norme principale.

Une seule porte ouverte suffit pour qu’il y ait une fuite. Il faut donc veiller à verrouiller à double tour toute la maison.

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