Oracle accusée de collecte massive de données

Pieterjan Van Leemputten

Oracle doit faire face à un procès de groupe intenté à l’encontre de sa technologie publicitaire. Cette dernière collecterait de manière indésirable des données de quasiment tout un chacun actif en ligne.

Les plaignants signalent qu’Oracle enfreint la confidentialité de pas moins de cinq milliards de personnes par le biais de sa propre technologie publicitaire ou de celle de ses filiales satellites. Mais l’affaire est complexe sur le plan juridique. Yahoo Finance indique qu’Oracle n’enfreint en soi aucune loi générale sur le respect de la vie privée aux Etats-Unis, mais que pour leur procès, les plaignants font référence à une série de lois au niveau fédéral et constitutionnel, ainsi qu’à d’autres lois en matière concurrentielle et d’infraction à la confidentialité.

Cinq milliards de personnes

Le fondement de l’affaire réside dans le fait qu’Oracle collecte de grandes quantités de données à l’insu ou sans l’autorisation des internautes, qui sont ensuite utilisées par créer des profils au niveau individuel. Ces profils sont ensuite encore enrichis via la plate-forme commerciale de données d’Oracle.

L’affirmation, selon laquelle les outils d’Oracle tracent cinq milliards de personnes, n’émane en fait pas des plaignants eux-mêmes. Le fondateur et CTO d’Oracle, Larry Ellison, avait en effet lui-même qualifié l’Oracle Data Cloud en 2016 de plus grand identificateur de consommateurs au monde avec cinq milliards de personnes.

Lors de cette présentation, il évoqua entre autres le suivi en temps réel du comportement des gens sur les médias sociaux en combinaison avec leur emplacement, le tout amélioré par de l’apprentissage machine. Il revendiqua à l’époque la détention de davantage de données sur les consommateurs que Facebook. L’objectif ultime est de prévoir le mieux possible les décisions d’achat des consommateurs.

Larry Elisson en 2016
Larry Elisson en 2016© .

Le procès a été intenté par trois personnes: le Dr. Johnny Ryan, senior fellow de l’Irish Council for Civil Liberties (ICLL), Michael Katz-Lacabe, director of research chez The Center for Human Rights and Privacy, et le Dr Jennifer Golbeck, professeure de sciences informatiques à l’université du Maryland. A les entendre, ils l’ont fait au nom des internautes du monde entier. La plainte complète se trouve ici.

Les données consistent en des noms, adresses civiles, adresses e-mail, achats en ligne et physiques, revenus, centres d’intérêt, préférences politiques et un historique détaillé des activités en ligne des personnes suivies, selon ICLL par voie d’un communiqué de presse. ‘Oracle enfreint la confidentialité de milliards d’utilisateurs de par le monde. Il s’agit d’une entreprises faisant partie du Fortune 500, dont la dangereuse mission est de suivre chaque personne dans le monde et de visionner ses faits et gestes. Nous intentons ce procès pour stopper cette machine à surveiller mise en place par Oracle’, explique Ryan.

Pas évident

Mais l’affaire n’est pas évidente. Yahoo fait référence à des procès similaires en Europe qui n’allèrent pas de soi, alors que ce continent possède pourtant en général des lois plus strictes en matière de respect de la vie privée. Un tribunal néerlandais aurait ainsi réfuté une affaire identique l’année dernière, parce que les plaignants n’avaient pu démontrer qu’ils agissaient au nom d’utilisateurs impliqués, alors qu’en Grande-Bretagne, un procès similaire échoua également.

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