Une information brève, mais étonnante est récemment parue dans un journal populaire flamand: ‘Computerhater Tobback aan de iPad’, qu’on pourrait traduire par ‘L’anti-ordinateur Tobback se met à l’iPad’ (Het Laatste Nieuws , 4 février 2011).

Une information brève, mais étonnante est récemment parue dans un journal populaire flamand: ‘Computerhater Tobback aan de iPad’, qu’on pourrait traduire par ‘L’anti-ordinateur Tobback se met à l’iPad’ (Het Laatste Nieuws , 4 février 2011).

Le bourgmestre de Louvain a aujourd’hui plus de 70 ans et appartient donc à la génération qui a précédé le PC. Pendant toutes ces années, il a donc ignoré l’évolution de l’informatique. On lui doit d’ailleurs la boutade suivante: ‘si toutes les voitures fonctionnaient comme un ordinateur, il y en aurait davantage en panne le long de la route’. Mais en achetant un iPad, le voici quand même entré dans l’ère numérique. Pour économiser du papier. Mais aussi pour le confort d’utilisation: ‘quand l’iPad fonctionne bien, c’est une vraie bénédiction’, voilà comment il a qualifié son expérience toute fraîche. Et il n’est pas le seul.

C’est Steve Jobs, le patron apparemment ressuscité d’Apple, qui a présenté l’iPad2le 2 mars. Un appareil plus mince, plus léger, se déclinant en 2 versions colorées (noir et blanc) et avec une caméra en plus que le produit à succès de 2010. L’iPad fait incontestablement partie des produits les plus fructueux d’Apple. Depuis son lancement en janvier de l’année dernière, 15 millions d’exemplaires en ont déjà été vendus, ce qui en fait le produit IT aux ventes les plus rapides en termes de chiffre d’affaires. Et cela est dû en grande partie au fait que l’iPad a réussi à créer une catégorie de produits totalement nouvelle.

L’an dernier déjà, il était manifeste qu’Apple avait avec l’iPad opté pour une évolution et pas pour une révolution dans le paysage numérique. L’entreprise a sciemment voulu lancer un pont entre le monde papier familier et le monde numérique. En témoigne le design utilisé. L’agenda ressemble à un agenda papier qu’on feuillette comme on le fait d’un livre ou d’un journal traditionnel par le coin inférieur. Au diable donc l’ennuyeux défilement. C’est ce qui rend l’iPad quelque peu ambigu aux yeux de certains férus de technologie: une technologie révolutionnaire dans un habit traditionnel. Il a même effaré et désappointé un certain nombre de fanatiques purs et durs d’Apple, car ce n’était pour eux guère plus qu’une version quelque peu plus grande de l’iPhone. Où était donc la révolution là dedans?

Aujourd’hui, aucun adepte d’Apple ne pourrait se permettre de ne pas avoir son iPad. La force d’une marque tribale a une fois encore été démontrée. Mais cela confirme petit à petit aussi qu’Apple n’a pas tellement voulu avec l’iPad récompenser les ‘early adopters’ fidèles, mais qu’elle a plutôt voulu se tourner vers un tout nouveau segment de marché, à savoir la vaste génération aisée des baby boomers, dans la catégorie d’âge comprise entre 50 et 75 ans. Une génération, où la fracture numérique existe encore et où le potentiel de marché est donc particulièrement grand. Une génération qui a à nulle autre pareille fait de ‘forever young’ son leitmotiv. Mais qui attend aussi des marques qu’elles s’adaptent à leur environnement et pas l’inverse. Et surtout à qui le marketing ne doit jamais au grand jamais parler de son âge.

Voilà qui explique pourquoi l’appareil se vend sans problème à un prix ‘premium’ avec des marges exceptionnellement élevées pour Apple (et ses actionnaires). Et qui explique aussi une interface prodigieusement conviviale pour l’utilisateur. Quelque chose dont, dans le passé, seule la Wii de Nintendo permettait: convient pour tous de 7 à 77 ans. C’est à cette conclusion qu’est entre-temps arrivé le Centre national de la recherche scientifique (CRNS) qui fait autorité en France, après une expérimentation approfondie réalisée auprès d’une trentaine de seniors âgés entre 63 et 90 ans utilisant une tablette.

Il apparaît que ce que les jeunes considèrent comme des limites technologiques de l’appareil, les anciens les qualifient précisément d’atouts. Les jeunes décrivent l’appareil comme trop simple et offrant trop peu de connexions possibles, alors que les anciens apprécient l’ouverture instantanée des applications d’une seule touche digitale pratique et l’absence de fils. En outre, ils trouvent positif le fait de pouvoir utiliser la tablette de manière naturelle, sans que leur vue soit agressée et sans qu’ils doivent toujours relever la tête. L’iPad parvient à vaincre les propriétés négatives et les obstacles typiques à l’utilisation du PC. La courbe d’apprentissage de l’iPad est également plus courte que celle du PC. Les testeurs ne peuvent aujourd’hui plus se passer de leur appareil et l’utilisent pour lire le journal ou des livres, regarder des photos de famille, jouer à toutes sortes de jeux (de mémoire) ou visionner des podcasts.

L’avenir de l’iPad – et par extension de toute la technologie numérique -, c’est la génération du baby boom. Steve Jobs, lui-même un baby boomer, a encore réécrit l’histoire. L’avenir commence à l’instant.

Fons Van Dyck est managing director chez Think BBDO Contact: fons.van.dyck@bbdo.be

Cette opinion est parue précédemment dans le journal De Standaard.

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