Les Pays-Bas vont freiner l’exportation de technologies pour puces électroniques

Les Pays-Bas vont freiner l’exportation de technologies pour la fabrication de puces électroniques pour des raisons de “sécurité”, a annoncé mercredi le gouvernement néerlandais, après des pressions des Etats-Unis .

“Le gouvernement a abouti à la conclusion qu’il était nécessaire pour la sécurité internationale et nationale d’étendre le contrôle actuel des exportations de matériels pour la production de semi-conducteurs spécifiques”, a affirmé la ministre néerlandaise des Affaires étrangères Liesje Schreinemacher dans une lettre au Parlement.

Les Pays-Bas sont le leader européen des machines pour la fabrication de puces, ces composants électroniques indispensables au fonctionnement des smartphones, des voitures connectées mais aussi d’équipements militaires. Les Etats-Unis faisaient pression pour la mise en place de restrictions à l’exportation après avoir eux-mêmes l’an dernier pris une telle décision.

L’annonce du gouvernement néerlandais intervient moins de deux mois après la rencontre à Washington du Premier ministre Mark Rutte et du président Joe Biden durant laquelle la question avait été abordée.
Les limitations d’exportations devraient affecter le groupe néerlandais ASML, plus grand fabricant européen de machines qui permettent de produire des semi-conducteurs.

Le gouvernement néerlandais n’a pas mentionné directement l’entreprise mais indiqué que les mesures concerneraient des machines appelées DUV (Deep Ultraviolet), spécialités du groupe ASML.
Le but de l’extension de ces contrôles est de prévenir tout usage militaire et de protéger “la position unique et de leader” des Pays-Bas dans de telles technologies, selon le gouvernement.

ASML fabrique également les machines EUV (Extreme Ultraviolet) qui permettent de fabriquer des puces électroniques encore plus sophistiquées. Ces machines sont déjà répertoriées dans un accord multilatéral signé par une quarantaine de pays, dont les Etats-Unis et les Pays-Bas, régissant le contrôle des exportations de technologies à double usage civilo-militaire.

A l’occasion de la publication de ses résultats annuels en janvier, le groupe avait exhorté les gouvernements à être “prudents” dans la guerre des puces entre la Chine et les Etats-Unis.
“Nous devons être prudents sur le fait que des mesures bien intentionnées ne provoquent pas de conséquences regrettables”, avait déclaré le directeur général Peter Wennink.

ASML avait fait état d’une légère baisse de son bénéfice net en 2022 à 5,6 milliards d’euros et d’un bond de son chiffre d’affaires à 21,2 milliards d’euros. Au nom de la sécurité nationale, Washington a multiplié ces derniers mois les sanctions à l’encontre des fabricants de puces chinois, désormais entravés pour s’approvisionner en technologies américaines. La Chine a accusé mardi les Etats-Unis d’attiser les tensions entre les deux puissances et mis en garde contre le risque de “conflit” et de “confrontation”.

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