Microsoft ou ODF?

Depuis que l’ISO a ratifié le format de documents ODF au titre de norme, quoi de plus normal que cette norme soit reprise par des pouvoirs publics, des entreprises et des particuliers. Le gouvernement belge par exemple a décidé le 23 juin dernier d’imposer le format ODF à partir de septembre 2008 dans les administrations fédérales. Cette décision a soulevé beaucoup de critiques de la part de Microsoft.

A l’heure actuelle, outre la Belgique, l’ODF a également été adopté par la France, le Danemark et l’Espagne comme format standard pour les documents officiels. Microsoft fait beaucoup de lobbying auprès de l’UE pour éviter que le phénomène ne s’étende à toute l’Europe. Naturellement, l’UE ne peut agir qu’au niveau des institutions européennes et uniquement sous forme d’une recommandation adressée aux Etats membres mais une telle mesure a beaucoup de poids et la plupart des Etats membres reprennent fort logiquement les standards que l’UE recommande. En fait, l’UE aurait dû depuis longtemps accepter l’ODF comme format standard mais après l’annonce de Microsoft concernant OpenXML, la Commission a subitement adopté une attitude attentiste. Pourtant, OpenXML fait déjà l’objet de nombreuses critiques car ce format exigerait divers composants logiciels qui ne sont disponibles que dans les environnements Windows.Avec ODF, il existe déjà une norme ISO envers laquelle même Microsoft n’a émis aucune critique technique. Il nous semble donc logique qu’elle soit aussi appliquée. Sinon, à quoi serviraient les normes ISO? Si chacun peut les ignorer comme bon lui semble, elles n’ont finalement aucune utilité! Les autorités néerlandaises ne sont pas non plus pressées de se décider et veulent attendre de voir si l’ODF s’impose auprès des particuliers et des entreprises. Si tel est le cas, le gouvernement néerlandais adoptera aussi l’ODF comme standard. On retrouve là la même réaction qu’au niveau de l’Europe. Malheureusement, c’est un peu l’histoire de l’oeuf et de la poule. En général, les entreprises et les particuliers n’adoptent un certain format que si leurs pouvoirs publics en ont fait autant et qu’il devient dès lors nécessaire de suivre l’exemple pour pouvoir échanger sans peine des données avec l’administration.On a parfois tendance à ne présenter tout le débat sur l’ODF que comme une question de choix entre les logiciels de Microsoft et le format ODF. Pourtant, il ne s’agit pas du tout de cela. Adopter l’ODF n’exclut en rien l’usage des produits Microsoft! Trois éditeurs différents ont créé des modules d’extension open source pour Microsoft Office afin que ce logiciel puisse lire et enregistrer des documents ODF. En outre, Microsoft a lui-même investi dans un quatrième projet open source pour développer un module d’extension ODF spécifiquement pour Word 2007 (l’objectif étant de prendre totalement en charge Office 2007). Toutefois, ce dernier ‘plug-in’ impose encore diverses limitations que les trois autres n’ont pas. Il n’est donc pas du tout nécessaire de migrer vers OpenOffice ou Sun StarOffice, contrairement à ce qu’on écrit généralement. Si vous voulez continuer à travailler avec Microsoft Office, vous pouvez quand même accepter l’ODF. Il est dès lors grand temps que non seulement l’Europe mais aussi le reste du monde fasse ce qu’il faut faire avec une norme ISO: la suivre!

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